AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Émile Bravo (424)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buff..

En ce jour de rentrée de classe, à 6 ans, Jean, nouvel élève dans cette école, ne connaît personne et se retrouve ainsi tout seul dès que la maîtresse demande à ses élèves de se mettre deux par deux. Très vite, Alain s'approche de lui et lui prend la main. Une fois tout le monde assis, Mme Moinot demande à chacun d'eux leur nom et la profession de leurs parents. Jean, paniqué et la gorge nouée, répond très vite quand vient son tour. Quand sonne la fin de la classe, le petit garçon est content de retrouver sa gouvernante, Yvette, et son petit frère, Paul, qui a un an de moins. Après un bon goûter, quelques chamailleries et réconciliations, il est temps de passer à table. C'est alors qu'arrive le papa qui rentre bien tard du travail. C'est au cours du repas que Jean se demande inlassablement où est sa maman. Il a même du mal à se souvenir d'elle : il y a tellement longtemps qu'elle est partie en voyage...



Jean Regnaud aborde avec finesse et délicatesse la mort d'un parent pour un petit enfant. Dans cet album, l'on fait la connaissance de Jean et Paul, deux frères unis, à qui la maman manque beaucoup. D'ailleurs, ils ont bien du mal à se rappeler la dernière fois où ils ont pu la voir. Où peut-elle bien être ? L'on sent, dès les premières pages, que les adultes autour de Jean lui cachent quelque chose, notamment la jeune voisine Michèle, ses grands-parents ou encore les amies "pleureuses" de sa mamie. Sans être larmoyant, cet album traite de la mort, certes, mais aussi du quotidien d'un petit garçon de 6 ans qui découvre le monde des adultes. Un album réellement touchant, à la fois mélancolique et drôle. Un dessin simple mais efficace. Une mise en page vivante et originale : un interlude entre chaque chapitre dont le titre est le nom d'une personne). Des couleurs rétro ancrées dans ces années 70's.

Un album poétique et émouvant...
Commenter  J’apprécie          641
On nous a coupé les ailes

Août 1899. René, avec ses frères, Eugène et Paul, et son cousin Firmin, rient comme des tordus à voir cette grenouille à qui ils ont fait fumer une cigarette. Des boyaux et de la boue sur le visage, ils se précipitent, dès que quatre heures sonnent au clocher, vers la maison. Maman les sermonne un peu. Mais qu'importe, c'est l'âge de l'insouciance, des bêtises, d'autant que le cousin Firmin fourmille d'idées plus ou moins débiles. René, fasciné par les oiseaux, les papillons, les libellules ou les lucanes, rêve, lui aussi de voler...

Octobre 1914. La guerre fait rage. La boue, les cadavres, les villages rasés, les explosions. L'on parle de milliers de morts. René ne peut pas le croire... Il se rassure comme il peut... Heureusement que les avions passent au-dessus de sa tête, le jeune homme s'enivre de ces vrombissements et vibrations...



Fred Bernard nous plonge en pleine guerre en compagnie de René Nicolas, matricule 1264 dans le 43è régiment d'artillerie. Il évoque, à travers les lettres que le jeune homme envoie à sa maman, la guerre et ses horreurs, le sort de ses compagnons et les avions qui, tout du long, lui auront donné espoir. L'auteur alterne habilement deux périodes, celle de l'enfance et celle de la guerre. Des souvenirs lumineux, poétiques et tendres qui s'opposent aux horreurs de la guerres et aux drames. Un album d'autant plus touchant que l'auteur s'est inspiré de l'histoire de l'arrière grand-père de sa compagne. Graphiquement, Émile Bravo sert à merveille ce texte émouvant et saisissant : une palette de couleurs allant du tendre au plus sombre.

Petits témoins de cette guerre : les aéroplanes fabriqués dans les tranchées.
Commenter  J’apprécie          644
Le Spirou de..., tome 19 : L'espoir malgré to..

Je viens tout juste de le lire après l'avoir acquis, en fin d'après-midi au Repaire des Héros.

Voilà, c'est fini, comme la guerre pour Ces Spirou et Fantasio d'Émile Bravo!

Sans jamais se départir de son humour et de sa gravité légère, l'auteur peut laisser ses héros partir en vacances à... Champignac! Ce sera une autre histoire déjà racontée avec art et bonheur.

L'espoir malgré tout restera une immense bande dessinée, destinée à tous et à toutes. Une œuvre rare et pleine de chagrin et de foi... Cette foi qu'il a fallu aux survivants de l'indicible revenu des camps de la mort.

La dernière image de ce récit d'anthologie, est un hommage à Félix Nussbaum, le peintre déporté avec sa femme Felka Platek et morts à Auschwitz-Birkenau. Son dernier tableau " le triomphe de la mort".

Felix et Felka font partis des personnages de L'espoir malgré tout.

Mais, si cette guerre est finie, la bête n'est pas morte et Spirou n'en a que trop conscience.

Commenter  J’apprécie          590
Le Spirou de..., tome 18 : L'espoir malgré to..

Le beau travail d'Emile Bravo continue, avec cette troisième partie de L'espoir malgré tout.

Le groom créé par Rob-Vel en 1938, ne cesse de prendre une épaisseur, une profondeur toute en légèreté. Subtil. Délicat en humour, qui vient en contrepoint de l'horreur plus souvent suggérée que montrée.

C'est la guerre et l'occupation nazi qui rétament la Belgique!

C'est la guerre, avec son lot de traîtres, de héros, de braves gens. Celle que vivent les Spirou et Fantasio de Bravo.

Parceque, le Spirou d' Emile Bravo est celui de la mémoire et de l'oubli impossible. Un Spirou pour tous.

Certaines séquences rappellent L'armée des ombres, de Kessel.

Alors voilà, j'attends le quatrième tome avec impatience. Que tout cela cesse.

En tout cas, bravo! du grand Bravo.
Commenter  J’apprécie          483
Le Spirou de..., tome 4 : Le journal d'un i..

En 1938, Jean-Baptiste, qui deviendra Spirou, est pensionnaire dans un orphelinat tenu par des prêtres. Il est avec son ami René lorsque ce dernier pisse dans une bouteille de vin de messe, et que le grand crucifix se décroche et tue un des prêtres. Spirou est renvoyé de l’institution. On lui trouve une chambre en ville et un travail : il sera groom à l’hôtel Moustic. Il va rencontrer le journaliste Fantasio et aussi être témoin de négociations secrètes entre Polonais et Allemands nazis. ● On voit donc dans cet album l’enfance de Spirou et on reçoit une explication sur son costume de groom ; bref, c’est, comme on dit aujourd’hui un « prequel » des aventures du personnage par Rob-Vel, Jijé et Franquin. ● J’ai lu cet album car dans l’Arabe du futur Riad Sattouf tresse des éloges appuyés à Emile Bravo. Même si les dessins étaient intéressants, représentant bien les personnages et le mouvement, les couleurs m’ont paru bien ternes, et surtout le scénario simpliste m’a paru plus destiné à des enfants. Bref, je n’ai pas été emballé et ne lirai pas la suite.
Commenter  J’apprécie          462
Le Spirou de..., tome 13 : L'espoir malgré to..

Je ne suis pas une spécialiste des bandes dessinées et je découvre que ce Spirou n'est pas celui qui a été créé par Rob-Vel et qu'il a été mis en scène par divers auteurs. Ici c'est donc Émile Bravo qui prend Spirou sous son aile. Notre Spirou a des airs de Tintin, ce qui d'ailleurs est clairement dit lorsque Spirou s'engage dans les scouts. Je ne connais pas bien Spirou, je ne suis donc pas capable de le comparer avec l'original mais celui-ci me plaît bien. Son ami Fantasio, quant à lui m'a fait sourire à plusieurs reprises mais moins à d'autres moments. Si on y voit un côté fanfaron sympathique, on repére aussi de l'inconstance, de l'ambiguïté et aussi à la fin de cet album son orientation très douteuse puisqu'il se fait embaucher dans le journal "Le Soir volé ", journal belge réputé pour son côté collabo. La dernière planche ne fait plus aucun doute sur son engagement. Est-ce une référence à Hergé ?

Il y a donc un mélange de légèreté, de générosité, de naïveté avec Spirou et d'aspects bien plus sombres avec Fantasio qui m'intrigue.

Cet album premier d'une série de 4 est tout à fait agréable à lire et à regarder.

La deuxième guerre mondiale est ici abordée avec pédagogie, de façon didactique mais ce n'est pas pour autant fastidieux . C'est un album à mettre dans les mains des plus jeunes car avec humour, une pointe de sarcasme, beaucoup de choses sont dites. le graphisme me plaît beaucoup et vient ajouter du plaisir à la lecture de ce Spirou. J'ai hâte de lire la suite avec l'espoir de voir Fantasio revenir sur ses choix plus que douteux.
Commenter  J’apprécie          410
Boucle d'Or et les sept ours nains

Après une journée harassante dans les mines de sel, les sept ours ne sont pas mécontents de pouvoir enfin rentrer chez eux. Enfin, ils vont pouvoir manger et se reposer... Mais, quelle n'est pas leur surprise de découvrir que leur porte a été forcée et que l'on a vidé leurs placards et mangé dans leurs bols! Dès qu'ils entrent dans leur chambre, ils aperçoivent qu'une géante est allongée sur leurs lits ! Bien décidés à s'en débarrasser, ils décident de faire appel au prince tueur de géants, autrement dit Boucle d'Or, qui habite à quelques lieues de là...



Voilà une bonne idée de revisiter les contes en les mélangeant ! Les 3 ours ne sont plus 3 mais 7, Boucle d'Or n'est pas une femme mais un homme et la pomme est empoisonnée à la mort-aux-rats. L'on va de surprise en surprise et Emile Bravo nous offre un cocktail étonnant qui ravira les plus jeunes. le ton est léger, drôle et inattendu. Les couleurs éclatent et le trait tout à fait mignon.



Boucle d'or et les sept ours nains et les petits poucets et les cochons...
Commenter  J’apprécie          412
Le Spirou de..., tome 4 : Le journal d'un i..

Cet album nous montre comment est née l'amitié entre Spirou et Fantasio, pourquoi spirou porte toujours son costume de groom et on apprend également que Spip, son fidèle écureuil est loin d'être un simple animal de compagnie. Il va, on apprend à la fin, jouer un rôle non négligeable dans la vie de spirou et de bien d'autres.

Les clins d'œil à Tintin me plaisent beaucoup.

Cet album mêle légèreté et gravité dans un contexte lourd. Il annonce la série "l'espoir malgré tout" que j'ai commencée et que j'adore aussi. Il me manquait le journal d'un ingénu pour bien saisir la genèse de ce spirou, voilà qui est fait et bien fait. J'adore.



Commenter  J’apprécie          390
Les grandes Grandes Vacances, tome 1 : Une ..



Ce petit livre illustré est aussi bien que le dessin animé.

Deux enfants vont en vacances chez leurs grands-parents en Normandie, mais ils ne savent pas qu'ils resteront pendant toute la Seconde Guerre mondiale.

Le premier tome aborde le début de la guerre et le point de vue des enfants sur les événements. On découvre le village, la campagne, l'école de l'époque et les petites histoires des uns et des autres, sur fond de guerre. Tout est très bien écrit. Parfait pour les enfants du CM1 au début du collège.
Commenter  J’apprécie          390
Le Spirou de..., tome 14 : L'espoir malgré to..

La deuxième partie de Spirou "l'espoir malgré tout" est vraiment top.

J'ai eu un réel plaisir à retrouver Spirou et peut-être encore plus Fantasio qui, je pensais, avait perdu complètement la tête. Mais non !!!, j'ai donc retrouvé avec joie les deux compères qui vont se lancer dans un théâtre de marionnettes "le théâtre du farfadet" pour subvenir à leurs besoins et dénoncer par la même occasion la politique mise en place. Ce théâtre fait le plaisir des petits et des grands et il sera aussi bien utile pour la Résistance.

Une pointe d'humour, beaucoup d'émotions

des personnages touchants, des traîtres bien sûr et des planches superbes.

C'est une vraie réussite.

Il y a beaucoup d'humanité dans cet album qui retrace une partie de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale de façon réaliste.

La persécution des Juifs, l'horreur qui s'installe sous l'Occupation, tout cela est dit et montré avec beaucoup de cœur. BRAVO
Commenter  J’apprécie          380
Une épatante aventure de Jules, tome 5 : La q..

C'est lors d'une petite escapade à Bruxelles, que j'ai trouvé cette BD et que je l'ai emportée avec moi pour avoir un petit souvenir de cette ville, capitale de la BD.

J'ai découvert qu'il s'agissait d'une série et qu'il était préférable de les lire dans l'ordre mais chaque tome me parait indépendant et j'ai pu m' installer sans problème dans la vie de Jules et Joris. J'ai été surprise par les thèmes abordés malgré le titre du livre, effectivement comme c'est écrit noir sur blanc il s'agit bien de la question du père, de la généalogie, de l'ADN, de ses origines mais aussi de la question de la religion qui n'est pas épargnée et qui m'a bien fait sourire.

Des personnages haut en couleur, des dessins très expressifs, bref une petite bd agréable à lire.

Commenter  J’apprécie          380
Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buff..

Ma gorge se noue, lorsque je me remémore la lecture de ce livre.

Émile Bravo l'a illustré comme personne, au service inspiré d'une histoire poignante.

Une mère qui n'est plus là, depuis si longtemps que les enfants l'on quasiment oubliée... Quel état de chose peut être plus triste, plus désolant?

Et cette vérité qui tarde à venir, et que le lecteur redoute de connaître quand, malheureux adulte, il la savait, la subodorait depuis le début.

Un livre à lire en famille.
Commenter  J’apprécie          360
Le Spirou de..., tome 18 : L'espoir malgré to..

Ce quatrième tome commence dans le train où l'on retrouve Spirou accompagné de Petit Louis et Suzanne qui ont été arrêtés ensemble et sont destinés à rejoindre Auschwitz. Toutefois ils vont s'évader du train et vont rejoindre la ferme d'Anselme et Ernestine dans laquelle on va retrouver Mieke qui a grandi et est engagée dans la résistance.

Dans cet album Émile bravo retrace l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique,les drames, les horreurs et les tortures sont présents mais Émile Bravo nous épargne en faisant le choix de les suggérer, de les évoquer sans assaillir le lecteur par des dessins sombres et durs.

Les actes de résistance sont là encore bien présents et si Spirou ne veut pas prendre les armes pour s opposer , il va , à sa manière, avec ses valeurs humanistes, s'engager dans la résistance et devenir un héros sans véritablement savoir que ses actes sont des actes résistants.

Fantasio quant à lui , bien que fidèle à lui-même, prend de l'épaisseur.

Les personnages secondaires sont, eux aussi , très bien décrits et apportent beaucoup au plaisir de cette lecture.

Je pensais que c'était le dernier tome et je constate avec plaisir que ce n'est pas le cas :-)

Commenter  J’apprécie          350
Le Spirou de..., tome 19 : L'espoir malgré to..

Quitter Spirou vu par Émile bravo engende un petit pincement au cœur. On se sentait bien avec lui même si toutes ces années passées en sa compagnie n'étaient pas toujours des plus joyeuses.

Toutefois le contexte de guerre avec Spirou et Fantasio reste toujours bon enfant et même si certaines heures sont graves, le sourire n'est jamais bien loin. D'autant plus avec ce dernier volume puisque l'on assiste à la libération de la Belgique, ce qui n'empêche pas néanmoins de parler des camps , des pillages, des disparus.

Émile bravo a su durant ces quatre volumes retenir l'attention mais aussi raconter l'Histoire avec ses atrocités mais aussi les belles rencontres les actes de résistance.

J'apprends grâce à ce dernier volume que Félix a réellement existé et que ses toiles sont exposées en Allemagne. C'est un plus qui vient renforcer l'émotion que l'on a pu avoir avec cette série.

Je reste toujours aussi attendrie par les dessins.
Commenter  J’apprécie          340
Le Spirou de..., tome 4 : Le journal d'un i..

Emile Bravo prend le risque de ramener le personnage de Spirou à ses débuts, de revenir sur la première rencontre avec Fantasio. Je dois avouer que vu comme ça au premier abord, cela peut paraître présomptueux de s'accaparer le passé de tels personnages et je suis très critique vis à vis des séries Kid Lucky, le Petit Spirou et de toute reprise revenant sur le passé de personnages emblématiques de la bande dessinée. Et bien cette fois-ci, j'ai été bluffé. Tout d'abord, au niveau du graphisme, le trait à un air rétro, Emile Bravo fait plus référence à Rob Vel ou Jijé qu'à l'incontournable Franquin. C'est un prise de risque certaine mais totalement réussie. le grain, la colorisation, le trait au pinceau, tout y est pour accentuer ce côté années 30-40.

Mais c'est surtout au niveau de la situation socio-politique qu'Emile Bravo va se lancer un véritable défi. On est en 1938 à Bruxelles, les tensions en Europe sont au paroxysme, et dans l'Hôtel où travaille Spirou, des tractations secrètes entre la Pologne et l'Allemagne semble être en jeu. Ramener Spirou à ses débuts est surtout un prétexte pour bâtir une véritable intrigue politique, contre la guerre. Il arrive à nous faire trembler, rire, on est ému par les tergiversation amoureuses, angoissé par la guerre qui se prépare et on rit des facéties de Spip, de Fantasio (un grand moment quand Fantasio arrive annoncer son scoop à la rédaction de son journal !), et le personnage de Spirou, toujours espiègle et malin se dévoile touchant sous un personnage naïf quand il s'agit de politique ou d'amour. L'histoire, sous un vernis burlesque et humoristique est en réalité grave et tragique.

J'ai parfois l'impression que lorsque les auteurs s'attaquent à la corde sensible des lecteurs déclenchant chez eux une petite larme avec les héros de leur jeunesse, cela déclenche une volée de bois vert, comme s'ils leur reprochaient de les avoir touché à leur insu et accusent les auteurs de blasphème, de dénaturer leurs idoles. C'est comme s'il avaient honte d'avoir une boule au fond de la gorge à la fin de leur lecture. Personnellement, je trouve qu'au contraire, c'est une audace qu'il faut applaudir. Emile Bravo nous rend Spirou encore plus sympathique et ne le dénature absolument pas, il ouvre une voie très intéressante sur l'exploitation de ces héros pour aller bien au delà du simple divertissement. Cette histoire est bien écrite, avec des personnages complexes et très intéressants, une intrigue qui ne peut laisser indifférent, une thématique forte, une manière intelligente de parler de la guerre, une vision de la Belgique en 1938 édifiante, et tout ça de façon passionnante, haletante et souvent drôle. Pour moi, c'est un beau coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          340
C'était la guerre mondiale

L’album C’était la guerre mondiale d’Émile Bravo est une analogie, comme son nom l’indique, de la seconde Guerre mondiale. Ce grand conflit est ramené à la mesure des enfants d’âge primaire, c’est-à-dire une salle de classe et une cour d’école. Quand Germain s’allie avec Italo et décide d’en découdre avec Paulo, le grand Bertrand et François lui lancent un avertissement. Il n’en a cure et se lance à leur poursuite, malmenant au passage Berni et Yoland. Le grand Bertrand n’a d’autre choix que de se réfugier dans un arbre, inaccessible mais isolé. Plus personne n’ose défier Germain dans la cour, même que Romain et Henri rejoignent son parti. Il prend trop confiance en lui et décide d’en découdre également avec le gros Ursule, qui s’était tenu à l’écart des combats jusque-là. Tous lui obéissent désormais et, quand il exige qu’on déchire les devoirs et qu’on brûle les BD, sa volonté est exécutée.



Mais, si le conflit se transporte au terrain vague, le vent tourne. Depuis le début du conflit, le grand Bertrand demande à son cousin Emeric de l’aider mais celui-ci hésite. Quand Jason, un ami de Germain, casse le carreau d’une fenêtre de sa maison et détruit sa cabane dans un arbre, Emeric est vraiment en colère. Au même moment, le gros Ursule se réveille et prend conscience de sa force. Tous ensemble, ils donnent une vraie raclée à Germain. Mais Jason continue le combat alors Emeric se sert de son arme secrète : un chien fou attaché à une laisse. Le lendemain, le gros Ursule se procure un chien identique… Cet album explique de façon claire et simple le déroulement de la seconde Guerre mondiale. L’écriture plaira aux enfants, de même que les illustrations. J’aime bien le fait que les noms des enfants rappellent ceux des pays, et leurs costumes bien souvent les couleurs des drapeaux nationaux. Les adultes aussi sauront apprécier plusieurs clins d’œil, avec des allusions que plusieurs jeunes ne saisiront peut-être pas (les BD brûlées faisant allusion aux autodafés et même aux camps de concentration, le chien fou à la bombe atomique). Bel ouvrage que cet album. Merci Émile Bravo.
Commenter  J’apprécie          340
Le Spirou de..., tome 4 : Le journal d'un i..

Satané Emile BRAVO ! Cela commence en 2008 par une couverture cartonnée aux allures de drapeau belge... Spirou le groom à l'uniforme écarlate discrètement galonné de noir apparaît sur fond jaune doré, cerné par le Rouge et le Noir... Non, non, pas ceux de l'ami STENDHAL mais le Rouge pétard de milliers de Faucillettes et Martelets (& autres objets communistes staliniens contondants et tranchants) et le Noir désespérant des Svastikettes nazillonnes... Dans notre cas, on ne remarque tout cela qu'après bien du temps, d'ailleurs ! Spirou ou le destin de la Belgique, de l'Europe, du monde entier. L'années 1939 : celle où tout bascule.



Le prologue de 1938 à l'Orphelinat de Saint-Pancrace est magnifique de drôlerie cruelle sur seulement 5 pages fondatrices : les curetons y sont épinglés avec finesse (on planque sa "cave" à vin de messe dans le tabernacle... et l'on pense que l'abbé alcoolo aurait "des faiblesses" pour les p'tits enfants...). La Belgique catho trinque, donc ; sauf qu'elle s'occupe d'orphelins, quand même ! Donc, respect bien sûr... C'est dit en cinq pages décisives : le rouquin Jean-Baptiste (dit "Jean-Bapt") deviendra "Spirou" (Spip-Roux) en adoptant l'écureuil Spip de son copain René qui pissa allègrement dans la bouteille de vin du Père Albert (au rhinophyma puissamment pathognomonique) avant de se faire virer... Il est vrai que le Père a été tué (accidentellement) par la chute de la Croix du Christ en fonte... mais les apparences sont contre René ! Voilà comment tout commence...



Mais ne racontons pas trop...



1939 sera l'année fatale de la rencontre de l'ado Spirou et de cette grande asperge de journaleux (toujours bien sapé) de Fantasio travaillant au Quotidien "Le Moustique" (qui pique beaucoup, évidemment...), vantard magnifiquement perché et toujours en mal de "scoops"... C'est ça Bruxelles. Faut rigoler pour oublier la grisaillerie du temps et des temps, d'évidence un peu chargés en drames....



Où l'on apprend au fil des pages que les fantaisies de Fanta auront (en fait) un rien précipité le déclenchement de la Seconde Guerre dans les couloirs du (Cinq Etoiles) "Moustic Hôtel"... tout ça à cause d'un c...n de nobliau de nazillon à monocle répondant au patronyme de "Herr von Glaubitz" que Fanta nomme évidemment von Zorglub (car Fantasio est un peu oublieux) et qui n'acceptera évidemment pas les uppercut généreusement administrés... Une caricature d'Erich von Stroheim, bien sûr... mais sans l'humour ! Ces crétins de nazis aboyant ignoraient jusqu'à l'existence de l'humour. Emile Bravo connaît ça.



La technique de l'uppercut est une rude et belle leçon de "l'école de la rue" : celle que fréquenta le boxeur-star Alphonse Choukroune (tempéré par la couturière parisienne Mme Delastre, avec laquelle les ébats seront particulièrement bruyants derrière les cloisons du ***** Moustic Hôtel).



Dans ce Tome Zéro, cette grosse baderne d'Entresol (le chefaillon de Spirou) a les bajoues, les bacchantes et rouflaquettes du défunt Empereur Franz-Joseph... dont l'Empire austro-hongrois s'évanouit dans les brumes de l'année 1918... Entresol finira, lui aussi, TRES mal au cours du Tome I...



En début de la planche 33 (page 45), on reconnaitra même la silhouette du vendeur de la grande brocante permanente des trottoirs de Bruxelles sous les platanes ensoleillés : le même qui vendra la maquette du trois-mâts de "la Licorne" que Tintin offrira au capitaine Haddock...



Où l'ado Spirou s'amourache de la très jeune femme de chambre Kassandra Stahl (dont il ignorera longtemps le prénom, le nom et l'histoire) ; il lui fera connaître les joies de la promenade en barque (tels Franz Kafka et Gerti Wasner sur les eaux bleus de Riva del Garda au cours de l'été 1913) sur le petit lac aux amoureux du Bois de la Cambre...



Le dessin est beau, sobre, nerveux, le trait décidé... Il s'affinera et se nuancera davantage dans les trois Tomes qui suivront...



N'ayez donc pas peur : tout cela est TRES beau et puissamment original. L'histoire, les personnages, l'authenticité semblent s'inviter et s'inventer ici à chaque case, au fil des pages.



Osons même ici un solide clicheton : "Les dialogues sont étincelants" (Par contre, on laissera leur "Jubilatoire !!!" aux andouilles de journaleux parigots-moutonnants... [vaste pléonasme !])



Humour tendre, discret et merveilleusement insidieux à toutes les cases, verbe concis et précis, chatoiement des ocres de la coloriste Delphine Chedru.



Quatre-vingt pages magnifiques... Grand format. Vous savez, les fameuses éditions Dupuis de Marcinelle à Charleroi... Quelle grandeur de vivre ainsi les débuts d'une nouvelle Ere... Oubliés aussitôt, les Fournier, Tome et Janry, créateurs de "nouvelles aventures" et autres "P'tit Spirou" burlesques de surface...



Parlons ici d'une totale Renaissance "spiroutesque"... d'un Grand Oeuvre d'une profondeur inouïe, rafraichissante...



Mais précipitez-vous donc sur les critiques laudatives de nos petits & petites Kamarads babéliotes ! Ils vous raconteront des choses infiniment plus intelligentes et documentées que mes présentes fantasionneries...



La morale ? Vive Emile BRAVO, ce génie qui nous ressuscite ici l'éclosion miraculeuse du presque-cousin rouquin de Tintin reporter... comme au soi-disant "bon vieux temps" du petit père HERGE : mais Spirou l'orphelin est, à l'évidence un esprit "ingénu" qui se libérera peu à peu de ses chaînes mentales : l'antihéros-boy-scout, au fond...
Commenter  J’apprécie          336
Le Spirou de..., tome 13 : L'espoir malgré to..

Bravo réussit un exploit: garder Spirou léger et joyeux tout en insufflant une gravité et une profondeur seyantes à cette période du début de la seconde guerre mondiale.

Le groom, né du crayon de Rob-Vel, repris par Jijé et magnifié par André Franquin; s'enrichit des rencontres que lui fait vivre Émile Bravo.



Comme pour les Épatantes Aventures de Jules, Bravo parle à tous -enfants, ados, adultes. Bravo n'assène ni ne pontifie pas, il raconte simplement avec un humour discret, une simplicié et une efficacité pointue, sans ambiguïté lorsqu'il s'agit de dénoncer ce mal monté en graine: le nazisme... Ou de dire cette évidence d'une seule guerre de 1914 à 1945 avec une pause pendant vingt ans... Parole d' Anselme, rescapé des tueries de 14-18.



Je retrouve le Spirou de " Spirou sur le ring", ou Andre Franquin illustrait un match de boxe entre le groom, ami des enfants, et Poildur le voyou du quartier... Épisode scintillant de bonne humeur et significatif de cet "esprit Spirou" moins présent dans les aventures suivantes.

Bravo, immense artiste, restitue le Spirou des débuts, en le modernisant.

Nul autre que lui ne semble capable de restituer cette générosité, cette gentillesse du groom... Spirou, capable de cogner lorsque c'est nécessaire et inévitable...



Alors, comme le lecteur de l'hebdomadaire Spirou de jadis, j'attends la suite

des aventures du groom dans son état-Bravo.

Commenter  J’apprécie          334
La faim des sept ours nains

Encore un génie des contes détournés pour enfants : Emile Bravo.

Ses personnages récurrents : sept ours nains, dans la dèche, sans boulot et sans femme de ménage ni intruse indélicate - Blanche-Neige et Boucle d'Or, où êtes-vous ?

Des ours sans abri, aussi, dans un premier temps, avant de construire leur maison. Une cabane en bois, en l'occurrence, malgré les conseils d'un des trois cochons : la brique, les gars, rien de plus solide que la brique !

Leur seul bien, c'est une vache empruntée à Poucet. Mais du lait à tous les repas et rien d'autre, les ours en ont ras-le-bol. Pourquoi ne pas aller vendre la bête contre... Vous voyez venir la suite ? L'arnaque du haricot, etc.



Mais ce n'est pas fini, d'autres éléments des contes traditionnels apparaissent, l'histoire rebondit et surprend, sans pour autant être foutraque et tomber dans la surenchère et le n'importe quoi.



Tout est réjouissant dans ces albums (trois à ce jour, regroupés dans 'Les Contes palpitants des 7 ours nains') : scénario, humour et dessins. Je trouve particulièrement mimis les ours fauchés retroussant leurs 'poches' désespérément vides... ♥

(voir la 2e page, à cette adresse : https://livre.fnac.com/a1723241/Emile-Bravo-La-Faim-des-sept-ours-nains)



• lauréat du prix des Incos 2006/2007 - catégorie CE2/CM1 •
Commenter  J’apprécie          323
Le Spirou de..., tome 14 : L'espoir malgré to..

La claque !

Déjà très impressionné par le “Journal d'un ingénu”, et très enthousiaste après le premier volet de “L'espoir malgré tout”, je dois avouer que la lecture du troisième album du Spirou d'Émile Bravo est un véritable choc.

Émile Bravo continue de m'impressionner par la justesse de son ton, son graphisme rétro qui donne une dimension nostalgique à ses oeuvres, et cette façon d'aborder des sujets sérieux avec une fausse naïveté, de nous faire croire que ce n'est que de la comédie innocente alors qu'on affronte des thèmes extrêmement graves. Et peut-être le plus fort encore, c'est d'avoir réussi à garder les caractéristiques de ces personnages avec un respect et fidélité et de les avoir confronté directement à un sujet qui les dépasse. Il les sublime, leur donne une dimension jamais vue encore, et pourtant, c'est bien toujours les mêmes.

En se servant de ces personnages emblématiques, il nous raconte la guerre 39-45 du point de vue des belges occupés par les allemands, et aussi de l'innocence des enfants confrontée au monde violent de la Guerre et de l'horreur Nazie. Cette façon d'aborder un sujet aussi terrible est vraiment efficace et pleine de subtilité. On rit des maladresses de Fantasio, Spirou est encore un adolescent avec toujours une part d'ingénu en lui. Notre duo, pour subvenir à ses besoins, se lance dans le spectacle de marionnettes pour enfants. La guerre n'est pas traitée de plein front, le récit est plein de pudeur, pas de pathos grandiloquent, pas de manichéisme simpliste, il n'est au départ que question de survie, de manger à sa faim, et la gravité du sujet s'insinue sournoisement pour arriver à nous submerger totalement. Et au final, je finis ma lecture avec une boule au fond de la gorge, j'ai le sentiment que c'est là une des œuvres les plus poignantes qui me soit donné de lire.
Commenter  J’apprécie          304




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Émile Bravo (1745)Voir plus


{* *}