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Critiques de Éric Faye (427)
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Éclipses japonaises

Je découvre avec ce roman la jolie plume d'Éric Faye, qui nous raconte le destin de femmes japonaises enlevées par la Corée du Nord afin qu'elles enseignent la langue et la culture nippone à des agents secrets nord coréens, ainsi que l'histoire de ceux ou celles qui ont pu croiser leurs chemins. Inspiré de faits réels, l'auteur imagine quelles auraient pu être leurs vies, avec beaucoup de sensibilité et de justesse. L'auteur joue habilement avec les non dits et les ellipses pour illustrer encore mieux ces "éclipses" de vies, volées, brisées, manipulées par un régime totalitaire qui suit des règles bien différentes de celles du reste du monde. Mais des vies malgré tout...
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Éclipses japonaises

Naoko, Setsuko, Shigeru et Jim. Des prénoms derrière lesquels existent des personnes, aimées par leur famille, appréciées par leurs amis, avec des projets d'avenir, des passions, des agacements, des dégoûts, des rires et des larmes. Et puis un jour comme les autres, un jour qu'absolument rien ne distingue des autres jours, Naoko, Setsuko, Shigeru et Jim s'effacent totalement. Disparus sans laisser de trace. Gommés de leur existence pour réapparaître dans une autre qui leur est imposée en Corée du Nord. Pendant des décennies ils demeurent transplantés dans une vie qui n'est pas celle que leur naissance laissait présager. Leurs souvenirs sont à la fois toxiques et réconfortants dans cette trajectoire forcée. Otages d'une déraison d'état, ils doivent ramasser tout ce qui constitue leur culture d'origine pour la déverser dans l'esprit de futurs espions infiltrés. Une double torture en quelque sorte.

J'ai lu le roman d'Eric Faye comme on lit un thriller, sans reprendre souffle. La très habile et audacieuse construction a suscité un effroi glacé, une désespérance d'autant plus saisissante que les faits sont inspirés d'une réalité probablement encore plus monstrueuse que celle qui nous est racontée ici. Des repères brouillés du début jusqu'au déchirement de l'espoir toujours déçu, en passant par les enquêtes en impasses, l'écriture nous porte au coeur des situations et nous amène à en ressentir toute l'absurdité et toute la cruauté. En refusant tout procédé mélodramatique, elle donne au récit la dimension d'un document sans en avoir la froideur ou l'impassibilité. "Eclipses japonaises" possède à la fois l'intégrité d'un témoignage et une force romanesque remarquable.

Ces "Eclipses japonaises" n'ont pas fini de me hanter !

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Éclipses japonaises

Eric Faye, né en 1963 à Limoges, est un écrivain français. Il publie nouvelles et romans depuis 1991. Nagasaki, roman paru en 2010, a obtenu le Grand prix de l’Académie française. Eclipses japonaises, son dernier roman, date de 2016.

Des années 1960 à 1980, la Corée du Nord enlevait des étrangers pour les obliger à former de futurs espions. Les kidnappés devant transmettre leur culture autant que leur langue à des Coréens afin de faciliter leur immersion en pays ennemi. De ces faits avérés et cités en postface avec leurs sources, Eric Faye a tiré une fiction, ce très beau roman.

Pour servir son projet l’écrivain orchestre magistralement une série d’enlèvements ou de faits divers mêlant plusieurs personnages, la trame du roman s’ingéniant à les relier adroitement les uns avec les autres pour créer une émotion démultipliée tout en restant sobre dans la forme. Nous suivrons donc, entre autre, les destinées de Naoko une fillette japonaise enlevée près de chez elle au Japon ou bien, autre cas de figure, le sort réservé à Jim, un soldat américain en poste en Corée du Sud, déserteur de l’armée US en passant au Nord pour s’éviter une mutation au Vietnam alors en pleine guerre…

Construction habile alliée à une remarquable écriture. Dès les premières pages le lecteur est pris par le rythme paisible, l’empathie de l’auteur pour ses acteurs, sa douce bienveillance, ce style qu’on associe volontiers aux écrivains japonais classiques. Eric Faye aurait pu s’étendre plus longuement sur certains passages, s’attarder sur des scènes, engluer ses lecteurs dans un pathos lourd, non, il préfère nous laisser imaginer ce qui tombe sous le sens. J’appelle ça de la délicatesse car le fond du roman est effroyable : ces gens kidnappés durant plusieurs dizaines d’années, rebaptisés d’un nom coréen pour leur faire oublier leur propre personnalité, leur culture.

Au début des années 2000, la Corée du Nord a reconnu après des années de dénégation, l’enlèvement de treize citoyens japonais, un chiffre sans doute largement sous-estimé et qui n’a cessé d’être contesté depuis. Pour ceux qui seront libérés, le plus dur peut-être ( ?) reste à venir, quand on a vécu toute sa vie (mariage, enfants) dans un pays en tant que captif, est-il possible de revenir auprès des siens dans son pays natal ? Et les vôtres, peuvent-ils vous accueillir comme si de rien n’était ?

Un roman étourdissant et poignant à voir ces vies confisquées, falsifiées, pour les victimes des rapts ; vies en suspension éternelle à ne pas savoir ce qui est arrivé, pour leurs proches. Un roman en apesanteur dont on redoute à chaque instant qu’elle ne cesse, ce qui serait synonyme de chute brutale.

P.S. : On notera que l’écrivain semble connaitre parfaitement la culture japonaise et sa langue, et par ailleurs qu’il avait déjà utilisé des sources réelles pour écrire Nagasaki.

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Nagasaki

Shimura-san vit seul à Nagasaki dans une maison silencieuse et impeccable. Chaque matin, il rejoint son bureau de météorologue pour la journée. Sa vie est lisse et inaltérable. Et puis d’étonnement en soupçons, l’incroyable se concrétise devant une caméra de surveillance installée dans sa cuisine : quelqu’un se sert dans son frigo et ses placards, un femme est là, qui vit avec lui à son insu.



Commençant comme une histoire fantastique, bien que tiré d’un fait-divers réel, le récit peu à peu s’imprègne de mélancolie, pour se faire métaphore de la solitude et parabole sur le sens de la vie. Un texte empreint de douceur, de poésie et de retenue. Envoûtant. – BF



J’aimais ma chambre, balcon sur le monde, sur la renaissance d’un monde où étaient morts plusieurs de mes aïeux, un 9 août lointain. Huit de mes années se sont écoulées là. Comme j’aimais ces pièces, ces murs… Je me dis qu’il faudrait inscrire dans toutes les constitutions du monde le droit imprescriptible de chacun à revenir quand bon lui semble sur les lieux de son passé. Lui confier un trousseau de clés donnant accès à tous les appartements, pavillons et jardinets où s’est jouée son enfance, et lui permettre de rester des heures entières dans ces palais d’hiver de la mémoire.
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Éclipses japonaises

Au cours des années 1970, plusieurs japonais(es) se volatilisent sans laisser de traces. L’explosion du vol 858 de la Korean airlines en 1987 par des terroristes à la solde de la Corée du Nord rouvre des pistes qui pourraient expliquer les disparitions mystérieuses dans un pays où des milliers de personnes « s’éclipsent » chaque année.

Dans ce roman choral, chaque protagoniste donne à entendre sa vision et son vécu d’une histoire où s’entremêlent la manipulation physique et mentale individus, le conditionnement d’une population aux aspirations d’une liberté individuelle. Accepter une situation inique pour assurer sa survie, tenter de s’en affranchir et renouer avec son passé sont autant de voies possibles envisagées par les personnages.

Basé sur des faits réels, ce roman est d’autant plus effrayant qu’il est raconté sur un ton contenu parfois poétique. Nulle révolte, aucun cri ou éclats vengeurs mais la détermination d’une mère et le désespoir d’une jeune fille mezzo vocce. Terrible et poignant.

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Éclipses japonaises



Voilà un titre laconique qui recouvre pourtant un roman haletant, à la limite de l'essai, du thriller aussi.La plupart des événements racontés partent de faits divers authentiques, et le roman explique ce qui les relient.

Dans les années 60-70, disparaissent, d'abord un militaire dans la zone démilitarisée entre les deux Corées, puis , au Japon des jeunes femmes en particulier .

Un accident d'avion de la Coréan Air en 1987 , plutôt un attentat, va mettre au jour une ahurissante découverte et expliquer ces multiples disparitions:La Corée du Nord est coupable de ces exactions;elle voulait initier et ce dans les moindres détails, ses propres ressortissants aux modes de vie des « évaporés » afin d'en faire d ' indétectables espions.

E; Faye raconte donc ces nouvelles identités, ces pertes de repères , et l'énorme chape de plomb qu'est la Corée du Nord.

Il ne faut pas se disperser pour lire ce livre certes passionnant, , mais les noms japonais inhabituels pour nous, transformés en coréen, demandent une réelle attention.

Sinon aucun moment d'ennui, le suspense est à toutes les pages.
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Éclipses japonaises

Éric Faye est un auteur que j’avais déjà découvert il y a quelques années avec son livre intitulé Nagasaki. Ce dernier m’a laissée une forte impression et il m’arrive encore fréquemment d’y repenser, même si je ne me rappelle plus de tous les détails. Quand ma grand-mère m’a dit avoir acheté son nouveau livre – oui, ma grand-mère et moi adorons parler de livres ❤ -, je n’ai pas pu m’empêcher de le lui emprunter !



Avec Éclipses japonaises, Éric Faye donne une voix aux « cachés par les dieux », ces personnes ayant été enlevées dans les années 1970-1980 par des Nord-Coréens afin de former de futurs espions du Régime. On suit principalement tout au long du récit deux Japonaises, Naoko Tabane, kidnappée à 13 ans, et Setsuko Okada. Mais nous découvrons également le récit du GI américain Jim Selkirk, de l’archéologue Shigaru Hayashi et de l’espionne nord-coréenne Chai Sae-Jin. A travers plusieurs points de vue, on parcourt ainsi plus de 30 ans de la vie de ces personnes qui n’ont pu décider eux-mêmes de leur destinée.



Face à leurs histoires, on assiste non seulement à un arrachement géographique mais également identitaire. Les kidnappés sont en effet forcés d’apprendre le coréen, de réciter par cœur la doctrine du dictateur Kim Il-sung, de donner des cours de langue et de savoir-vivre pour que les futurs espions nord-coréens puissent se faire passer pour de vrais Japonais/Américains. Ils sont également obligés de se marier avec des inconnus, d’apparaître sans consentement dans des films, de se faire porter disparus ou même de se laisser tuer par le Parti. Dans cette espèce de huis-clos, il est impossible de s’enfuir ou d’affirmer sa personnalité. Nos deux amies japonaises n’oseront jamais évoquer l’incident qui les a fait venir en Corée du Nord. Quand elles se rencontreront dans la rue, elles ne s’échangeront que des conversations formelles, de peur d’être sous écoute. Quand elles auront des enfants, ceux-ci ignoreront tout de la vie de leur mère, croyant être des Nord-Coréens de souche. Si tout cela parait bien gris, choquant et malheureux, des petits moments de bonheur se glisseront tout de même ici et là, offrant à la Corée du Nord une place importante dans leur cœur.



Bien qu’un fil rouge relie toutes les histoires, le récit apparaît plutôt de manière déconstruite. Le récit commence par exemple avec la capture de l’espionne Chai Sae-Jin qui, lors de son interrogation, évoquera sa professeur de japonais, Naoko. On fera donc un retour dans le temps pour découvrir l’histoire de cette collégienne enlevée alors qu’elle rentrait de son club de badminton. Lorsque celle-ci évoquera son ami Setsuko, le chapitre suivant abordera le point de vue de cette dernière. Nous passerons ainsi de suite à chaque protagoniste jusqu’à remonter à la piste découverte par un journaliste japonais qui révélera au monde ces fantômes oubliés de la société. Plus qu’une chronologie temporelle, on assiste dans Éclipses japonaises à une sorte de chronologie relationnelle, passant d’un personnage évoqué à un autre. Si cela peut paraître quelque peu perturbant au premier abord, j’ai finalement beaucoup aimé cette manière de faire si peu répandue.



Outre cette caractéristique narrative, l’autre aspect primordial de ce roman est évidemment le fait qu’il soit basé sur des faits réels. Éric Faye a décidé dans son livre de partager au grand public l’histoire si peu connue de ces gens. Pour ce faire, il s’est documenté à l’aide de plusieurs livres, documentaires, films, tous listés en fin d’ouvrage. Il a également rencontré le GI américain qui a servi de base au personnage de Jim Selkirk. Malgré cela, Éclipses japonaises demeure un livre de fiction puisque l’auteur a par exemple imaginé le déroulement des scènes d’enlèvement ou encore les émotions des divers protagonistes. Cette caractéristique majeure du roman en fait un livre particulièrement poignant. J’ai grandement été bouleversée par ce que j’ai appris entre ces lignes, puisque j’ignorais tout de ces événements. Grande passionnée d’Histoire, j’ai pu découvrir grâce à ce roman une nouvelle facette de l’histoire du Japon – pays qui me passionne – et de la Corée – à laquelle je commence à m’intéresser de plus en plus.



A cela s’ajoute encore le style de l’auteur d’une grande sobriété. Ni excès ni effusion de sentiments ne sont de mise dans ce roman intimiste. Tout au long du récit, on ressent une grande réserve venant de la part des différents personnages. S’ils nous confient leur histoire, cela se fait toujours avec une certaine timidité, comme s’ils avaient encore peur que quelqu’un les écoute. On se prend rapidement d’affection pour eux, on se sent triste de la situation dans laquelle ils se trouvent et on aimerait tellement être en mesure de les aider. Avec son style simple, l’auteur ne nous impose aucune émotion forcée et nous laisse ressentir ce que notre cœur nous dicte.



J’ai été séduite par Éclipses japonaises du début à la fin, ressentant avec une grande intensité les divers événements qui se sont déroulés au fil des pages. L’intime témoignage de ces personnes me laissera une trace immuable, tels le roman Certaines n’avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka. Je ne pourrais plus jamais oublier que de tels faits ont eu lieu et sont encore peut-être d’actualité de nos jours. Si Nagasaki m’avait particulièrement marquée pour son ambiance, je retiendrais ici le style et la narration si humaine et intime d’Éric Faye. Ce roman fut une magnifique découverte de ce début d’année 2017 !
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Éclipses japonaises

Prix du Jury Cultura dont j'ai eu le privilège de faire partie, qui a obtenu l'unanimité, à un vote .

Pas mon premier choix, cependant un pan d'une réalité inconnue, en cette guerre froide de la Corée du Nord et du Japon.

Un livre très documenté, fort bien écrit, mais se rapprochant du récit journalistique, malgré les recherches de l'auteur, excellentes, et qui emportent pour les émotions des victimes....Imaginaires ou réellles....La petite fille qui n'embrasse pas sa mère, suite à une querelle....Je ne sais pas....

Ceci dit, si on n'avait pas minimiser ces faits....que serait-il arriver et là..le livre vous permet de réfléchir, ou de chercher plus loin que l'auteur vous a mis la puce à l'oreille.

Et là j'aime, ces livres qui vous donnent une démarche de recherche....

Bravo !
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Éclipses japonaises

Quelle histoire incroyable que l’on apprend grâce à Eric Faye ! Première partie : pose des fondations. Des scénettes de disparitions au Japon. Deuxième partie : Nous retrouvons les disparus en Corée du Nord et le pourquoi dans leurs vies quotidiennes (intéressant). Troisième partie : J’ai décroché avec des paragraphes où je me suis demandé si c’était bien le même livre, ce qui m’a fait perdre le fil à replacer les personnages. J’aurai aimé qu’il y en ait moins mais qu’ils soient plus fouillés.
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Éclipses japonaises

C'est un roman fascinant basé sur des faits réels mais que je pensais moins nombreux. On est emporté par ce récit à l'écriture brillante rendu très vivant par l'utilisation du présent. Il fait un peu penser au roman " les évaporés" de Thomas Reverdy sinon que les Japonais qui s'évaporent ne le font pas dans "Éclipses japonaises", de leur plein gré. C'est par hasard, sans s'y attendre, qu'ils sont arrachés à leur quotidien et envoyé dans un univers inconnu, celui de la Corée du nord. Ce roman nous offre le suspense d'un policier et nous plonge dans la psychologie des personnages, leurs émotions, leur monde intérieur bouleversé. Mais il faut continuer de vivre en tentant d'oublier le passé, le pays natal, pour s'adapter à une autre vie, à une tâche qu'au début, ils ne comprennent pas. Un Américain est également déplacé dans ce pays redouté, toutefois, lui, a choisi de s'y rendre afin d'éviter de participer à la guerre du Vietnam. Il épouse une jeune Japonaise : ils ont deux enfants qui ignorent tout de leurs origines et du passé de leurs parents . Dans ce roman apparaît également une jeune Coréenne du nord, élève modèle, sérieuse et douée qui renonce à son avenir de femme pour servir l'état et devenir espionne. Ces destins s'entrecroisent, tous sont scindés en deux identités dont une n'est ni d'origine, ni choisie. Et pourtant, ils parviennent à vivre.
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Éclipses japonaises

Des années 60 au début des années 80, des dizaines et dizaines de personnes de tous milieux et niveaux sociaux, disparaissent au large des côtes japonaises et coréennes. Tels les fameux « évaporés », ces êtres qui, du jour au lendemain s’effacent de la circulation, des jeunes hommes et femmes se volatilisent, se dissolvent dans les brumes d’un empire du soleil levant perdu aux confins d’une junte nord-coréenne.





Ainsi dès 1966, un GI en mission dans la zone démilitarisée entre La Corée du Nord et du Sud, s’évapore lors d’une patrouille. A la fin des années 70, une collégienne qui revenait de son cours de badminton, une jeune femme et sa mère qui voulaient manger une glace, un archéologue qui terminait tout juste sa thèse et s’apprêtait à la poster, sont kidnappés par des hommes et jetés au fond d’une cale d’un bateau en partance vers le large, vers la Corée du Nord.

Ils ne reverront, que pour certains, leurs terres natales que vingt ou trente ans plus tard lorsqu’un, journaliste mettra à jour une relation entre l’explosion en plein vol d’un avion de la Korean Air et un prénom qui revient en boucle, un prénom finissant par « ko ». Qui est cette femme qui revient sans cesse dans la bouche de cette terroriste arrêtée ? Quelle est son action ? D’où vient-elle ? Quel est son pouvoir ? Et pourquoi n’arrive-ton pas à retrouver sa trace ?



La suite : http://lecarrejaune.canalblog.com/archives/2016/09/20/34344747.html


Lien : http://lecarrejaune.canalblo..
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Nagasaki

Nagasaki comme son nom ne l’indique pas est un excellent roman français, il se déroule au Japon et dont la brièveté et l’efficacité de la prose nous font croire qu’il est traduit du japonais. Le sujet principal est l’isolement, la solitude des individus dans notre société urbaine actuelle.

Le personnage principal est un homme vivant seul, une fois à son domicile il va faire l’inventaire minutieux de son réfrigérateur car il a constaté que des aliments disparaissaient. On le prend pour un original, qui entrerait dans son domicile sans laisser de traces d’effraction pour manger une pomme? Il va installer une webcam pour percer à jour ce mystère. Que va-t-il découvrir?

L’écriture est épurée, le livre se lit d’une traite et ne laisse pas indifférent.

Plusieurs voix se mêlent dans un sujet commun, la résidence, la sphère privée et ce qu’elles représentent, le besoin de sécurité lié à la propriété.

Les personnages sont réalistes et nous font rentrer dans leur intimité, dans leurs moi profond. Ce livre m’a touché au coeur en me permettant de vivre cette histoire non pas comme un roman mais comme étant ma réalité, troublant.
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Devenir immortel, et puis mourir

Ce court recueil paru en 2012 rassemble quatre très belles nouvelles sur la fuite du temps et le rapport de l’écrivain ou de l’homme au quotidien, au réel.



Je ne veux vous parler ici que de la dernière, «Le mur de Planck», nouvelle réaliste mais à l’ambiance fantastique et qui exerce une attraction singulière. Un homme, physicien comme Max Planck, âgé de cinquante ans, arrive au Japon pour assister à un congrès sur l’infiniment petit. Flottement du voyageur fraîchement débarqué après un long vol, confronté à l’étrangeté de la réalité japonaise, il tente d’apercevoir le cône souverain du mont Fuji, qui sans cesse se dérobe. Une magnifique nouvelle très émouvante sur le temps qui passe et la fragilité de l’homme qui cherche à percer les secrets du réel.



«On est en juillet sous une pluie battante après avoir passé les tours de Shinjuku, à moins que ce ne soit Kawasaki ou déjà Yokohama. Encore détendu, le voyageur de l’hikari achète un bento en guise de déjeuner et examine le contenu des cases. Plaisir des yeux avant d’etre celui du palais. Pendant ce temps, le train coulisse à travers des banlieues qui sont constamment le début ou la fin de villes dont l’homme, arrivé par un vol de nuit, méconnaissait les noms, et ces noms égrenés au long de la ligne forment à ses yeux la première page d’un pays dont tout l’étonne. Est-ce la candeur de l’enfance qu’il retrouve avec bonheur ?»

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Nagasaki

J'ai bien aimé ce roman.



Très court, il se lit très vite et très facilement.



L'histoire est vraiment prenante alors qu'elle n'a rien d'exceptionnelle si on y regarde de plus près. Mais l'histoire de cette vieille dame qui s'installe clandestinement chez un homme célibataire, car cette maison est celle de son enfance est intéressante. La façon dont l'homme la piège est aussi originale et va surement donner des idées à beaucoup de personnes ^^.



Enfin bef, ce roman m'a beaucoup plu!
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Nagasaki

Il est difficile de parler de ce court roman, "étrange et pénétrant", sans en dévoiler une partie du mystère.



M. Shimura vit une existence ordinaire, avec un boulot ordinaire, et habite dans une maison ordinaire. Pourtant tous les jours, il note scrupuleusement tout se qui se trouve dans son frigo et dans ses placards en prenant bien soin de calculer les quantités qu’il lui reste et le niveau de chaque bouteille entamée.Aurait-il perdu la raison ? C’est que quelque chose s’est produit… En effet, de temps en temps, un yaourt disparaît, ou une bouteille d’eau n’est pas exactement à sa place. Refusant de céder à la paranoïa, il prend une grave décision : il court acheter une webcam et l’installe dans sa cuisine, puis, le lendemain matin, programme le logiciel à son bureau pour suivre ce qui se passe dans sa cuisine lorsqu’il n’est pas chez lui. Et bien lui en a pris, car au bout de quelques jours, il aperçoit très nettement une femme de dos, en train de se faire bouillir de l’eau pour boire un thé chez lui ! Quelle est cette intruse qui ose ainsi cambrioler son logement ? Furieux de cette violation de domicile, il appelle tout de suite la police. Mais celle-ci croit à une mauvaise blague lorsqu’elle se rend sur place, car la serrure n’a pas été forcée et la maison est hermétiquement close….



Nagasaki est un roman à la trame extrêmement simple mais qui a le mérite de captiver le lecteur de bout en bout.



Eric Faye nous offre avec ce joli texte une plongée dans le Japon moderne. Un fait divers étonnant et un bon point de départ pour une réflexion sur la solitude et la remise en question de la notion de chez-soi. C'est aussi un roman sur les racines. Tout cela est servi par une écriture minutieuse, précise et soignée.



Inattendu, un roman touchant qui se lit en quelques heures, d’une traite, et qui vaut le détour .



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Nagasaki

Le roman Nagasaki se déroule au Japon. Il s'inspire d'un fait divers : un homme japonais au quotidien redondant, apprend qu'une femme vit cachée chez lui depuis un an.

Le style est épuré, clin d'œil à l'art japonais.

Ce roman aborde les problèmes liés à la recherche identitaire, l'appartenance, l'intimité. C'est aussi une critique sociale qui met en scène le problème du chômage. Mais aussi des grandes villes où l'homme n'est qu'une fourmis parmi tant d'autre.

Eric Faye montre la déshumanisation des hommes qui ne vivent plus que pour leur travail et pour qui chaque jour est identique. Il confronte ces hommes déshumanisés à l'humanité d'une femme seule et sans abris mais qui aime la vie et passe des journées à contempler le soleil. Cette opposition entre les deux protagonistes du roman a pour but de faire réfléchir le lecteur sur le futur d'un monde qui se déshumanise peu à peu.



Un livre à lire, tant pour se distraire que pour avoir une réflexion sur l'humain et son devenir dans notre société actuelle.

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Il suffit de traverser la rue

Tout d’abord, je tiens à remercier les éditions du Seuil pour ce livre envoyé dans le cadre d’une masse critique.



J’ai bien aimé ce roman dans lequel le narrateur, Aurélien Babel, nous conte ses péripéties dans un groupe de presse en pleine restructuration.



La première partie, consacrée à la période précédent le licenciement collectif, est la plus réussie. J’ai beaucoup ri l’orque le narrateur nous dresse le portait de ses collègues ainsi que ses déboires avec le service informatique délocalisé en Inde. Le plan des départs volontaires quant à lui est presque un vaudeville.



Dans la seconde partie, on suit notre narrateur dans sa reconversion professionnelle. Aurélien et sa formation avec Bonze précieux est un moment désopilant.



En tous cas, je ne sais pas si c’est le but de l’auteur mais moi ça m’a fait rire. Néanmoins, je m’y suis

retrouvé ayant vécu certaines de ces situations.



J’ai également trouvé que le personnage avait des accents houellebecquiens.



Une bonne lecture donc et qui m’encourage à découvrir l’œuvre d’Éric Faye.
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Nagasaki

Sympathique petit roman d'ambiance, qui raconte une histoire toute simple et en même temps incroyable : un homme se rend compte que des objets sont déplacés chez lui en son absence, au point qu'il se met à soupçonner que quelqu'un vit chez lui à son insu...

J'ai beaucoup aimé l'écriture, l'ambiance, même si ce roman n'est pas inoubliable (car très court), il est très positif et divertissant.
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L'homme sans empreintes

Costaguana, Amérique centrale. Quel est le véritable secret d'Osborn prétendument né en 1895 à San Francisco alias Stig Warren, agent littéraire traducteur, alias Walden directeur en Allemagne d'une revue anarchiste pacifiste alias Waldeck Robinson recherché par deux femmes Aurélia Valadero et Rebecca Hamilton. La première se présente comme sa veuve, et la seconde comme une universitaire venant faire un reportage sur lui mais qui n'est autre que sa maîtresse qui vient tenter de trouver des réponses.

Walden-Osborn "restera dans l'histoire de la littérature comme le premier à avoir posé réellement le question de l'effacement de l'écrivain derrière son oeuvre".



Difficile parfois tout au long des 250 pages de savoir qui parle et qui parle de qui. Voici le bémol de ce roman, de cette intrigue, au demeurant magnifiquement écrite.



Osborn, en devenant la mauvaise "conscience des nécessiteux de la gloriole" pose la question plus largement centrale chez un artiste, qu'il soit écrivain, peintre, sculpteur;

Quel équilibre l'artiste a t-il besoin de garder, d'entretenir, entre sa "renommée" et sa création afin d'être reconnu pour ce qu'il est vraiment? Une oeuvre peut-elle exister, dominer si son créateur prend le pas sur elle via sa personne, sa vie, son existence?



Ici l'auteur choisit le parti de l'effacement total au prétexte que l'artiste a développé une peur incurable de se faire découvrir, retrouver. Il pousse même Osborn a cultiver une forme de "dédain de l'ego".



A chacun de se faire son idée, de trouver sa réponse, car une chose est certaine : on ne voit pas une oeuvre, on ne lit pas un texte de la même façon, selon que la vie de ce dernier nous est connue.



(NB 1 : le personnage de l'écrivain Osborn n'est pas sans évoquer B Traven, ce que l'auteur reconnait bien volontier)

(NB 2 : pour celles et ceux ne connaissant pas E Faye, je continue de recommander le Télégraphiste de Chopin en première lecture!)

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Éclipses japonaises

« Les histoires comme celles-ci sont pareilles au Nil, elles n’ont pas un commencement. Elles en ont une myriade. Et toutes ces sources engendrent des rus qui se jettent, l’un après l’autre, dans le cours principal du récit -le grand fleuve ».







C’est ainsi qu’Eric Faye nous emmène dans les années soixante en Asie, au plus fort des tensions entre les deux Corées et le Japon. La grande histoire, celle des relations internationales exacerbées que connaissait cette zone du monde pendant la guerre froide, est aussi faite du tissage des destins de tant d’anonymes qui se sont vus dérober leur vie : dépossédés de leur libre arbitre, privés à tout jamais de leur famille. Ces « Eclipses japonaises », ce sont ces Japonais disparus, « évaporés », car enlevés sans qu’aucune trace ne permette jamais à leurs proches de comprendre ce qu’il s’est passé, ni de faire le deuil.



C’est le cas de Naoko, une jeune japonaise enlevée à l’âge de treize ans, propulsée dans l’univers glacial du totalitarisme nord-coréen et qui devra apprendre le coréen avant de se voir assigner la tâche d’enseigner un japonais parfait, verbal et non-verbal, jusqu’aux comptines enfantines, à des futurs espions de Corée du Nord.



Naoko croisera une autre japonaise, Setsuko, de quelques années plus âgée, enlevée en même temps que sa mère dont elle est sans nouvelles, à qui elle devra également enseigner le coréen. Et puis, il y a ce soldat américain, le caporal Selkirk, qui surveille la ligne d’armistice depuis un poste d’observation Sud-coréen, et dont l’angoisse grandit face aux rumeurs concernant l’envoi probable de sa compagnie au Vietnam.



Enfin, parce que les victimes sont aussi à l’intérieur, Sae-Jin, « Perle de l’univers », jeune nord-coréenne, étudiante brillante parlant un excellent japonais, est enrôlée pour servir son pays, en devenant agent secret et, au gré des missions qui lui seront imposées, rien moins que terroriste.



Les faits sont romancés mais historiques. Derrière une couverture et un titre énigmatique, Eric Faye nous propose une enquête sur les traces de ces oubliés de l’histoire dont on commence à parler depuis quelques années. Mais il s’agit bien d’un roman, qui allie à une belle écriture toute en retenue, l’expression d’une empathie envers ses personnages. L’auteur ne se contente pas de révéler les faits, il explore les sentiments qu’éprouvent ces « eclipsés » tout au long de leur vie, les difficultés qu’ils ont eu à s’habituer à la vie qui leur a été imposée, mais aussi celles qu’ils éprouveront, pour certains, à retrouver ou découvrir un jour leurs origines.



Une lecture passionnante qui donne envie d’en savoir plus sur cette période de l’histoire et cette partie du monde, mais aussi un roman émouvant, à ne pas manquer !




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