A l'occasion du Festival "Le livre sur la place" 2022 à Nancy, Antoine Rault vous présente son ouvrage "Monsieur Sénégal" aux éditions Plon. Rentrée littéraire automne 2022.
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Note de musique : © mollat
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Mais ce qui l'intéressait le plus dans l'histoire militaire, c'était les défaites car on apprend plus de ses erreurs que de ses succès.
On ne sait pas pourquoi on s’attache, pourquoi on aime. Ce qui nous rend l’autre proche et attirant, en fait, on ne le sait pas vraiment. On aime soudain et on ne sait pas pourquoi.
Il y avait un côté magique, démiurgique, dans son métier, qui le mettait en joie. La banque était le métier le plus… aérien… oui, c'est ça… le plus sublimement éthéré au monde. Bien plus qu'un peintre qui emploie de vraies couleurs ou qu'un écrivain qui utilise des mots pour raconter une histoire, le banquier, lui, n'a recours qu'à l'abstraction et au sentiment. Pour créer, il compte sur la confiance, sur la crédulité humaine. Un dieu, donc, un illusionniste, un grand manipulateur.
On croisait des enfants faméliques, des soldats épuisés, des estropiés, des culs-de-jatte, des gueules cassés, sans nez, sans yeux, sans bouche, grimaçant témoignage de l'enfer ; ça et là, des trous d'obus de la Grosse Bertha, des poubelles crevées, de vieux trams grinçants et tressautant, à bout de souffle, des chevaux malingres dont les sabots se tordaient entre les pavés descellés. On croisait aussi des dandys aux chaussures étincelantes, des enfants aux joues roses sentant bon la lavande, des femmes aux lèvres rouges sentant le patchouli, et il y avait des cafés aux boiseries fraîchement cirées, des toilettes de soie et de dentelle fine dans des vitrines, les pelouses bien tondues des Champs-Elysées et la grande roue devant la tour Eiffel, d'où s'envolaient les rires des enfants.
Il faut aller identifier les morts, le regrouper, les enterrer. Il a vécu cela tant de fois. Quand la fureur s'apaise, quand les feux décroissent, quand les fumées se dissipent, la scène apparait dans son épouvantable nudité. Sur la terre noire dévastée, presque tout est carbonisé. Les troncs d'arbres déchiquetés, filiformes, semblent des survivants hagards. Un vieil érable rouge miraculeusement épargné se tient au milieu d'un champs, nu et sanglant comme un blessé. On refait le chemin de la bataille à l'envers. Il ne reste rien qu'un sol lunaire plein de cratères, jonché de cadavres qui gonflent puis dégonflent en rotant, en sifflant comme des baudruches sous l'effet des gaz en eux.
On ne sait si on a un ami que le jour où il vous donne quelque chose sans rien vous demander en échange.
On se trahit autant par ses questions que par ses réponses.
Pas très loin un gros obus, un second, un troisième me font sauter en l'air comme un lapin. Je retombe et je reste à plat ventre, aveugle et sourd, en nage, je me dis : Ce coup-là, je vais mourir. Je pense à toi, maman. Je pense à toi, Marguerite !
Soudain, je suis mouillé par un liquide chaud. Un corps contre moi se vide. Je tâtonne, je touche, c'est mou. J'ai la main dans un ventre crevé. Sous les carreaux embués de mon masque, je distingue son casque. Qui c'est ? Je frotte mes carreaux. Non, mon Dieu, non ! Maurice ! Mon vieux Maurice ! Pas toi ! J'ôte ma gabardine, j'en couvre son corps. Salauds ! Ça court partout. Et moi, je reste là... (P45)
PHILLIPPE : Il faudrait faire attention quand même. si les pauvres se mettent à devenir riches, alors, que vont devenir les riches ?
JOHN LAW : je vous rassure : encore plus riches. Tout le monde s'enrichit.
L'ABBE : Moi qui suis un petit corrézien de famille pauvre, je suis bien placé pour savoir que les nobles sont incapables de voir d'autres valeurs dans un homme que celles de sa naissance ou de ses titres.
PHILIPPE : Pas moi
L'ABBE : Mais vous, monseigneur, je vous ai élevé.
PHILIPPE : TU veux dire que si je suis un peu intelligent, c'est grâce à toi ? Que voudrais-tu ?
L'ABBE : Un évêché.
PHILIPPE . Toi, évêque ! Mais tu ne saurais même pas dire la messe.
L'ABBE : C'est à la portée de n'importe quel imbécile. Beaucoup d'évêques en sont capables.