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Expert littératures nordiques

Cet insigne distingue ceux qui se passionnent pour les pays nordiques et en apprécient les différents écrivains, du prix Nobel de littérature norvégien Knut Hamsun aux auteurs de polars islandais.
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Miss Islande

Une parution que je n’avais pas vu passé (2022 pour la traduction française) …

Une erreur réparée aujourd’hui !

Une plongée dans la région de Dalir, ce couloir valloné de champs de lave et de rivières qui sépare la péninsule de Snaefellsnes et les fjords de l’Ouest.

C’est là que vit notre héroïne Hekla, celle qui n’a pas peur d’effectuer un petit boulot pendant les vacances d’été aux abattoirs : « la première tâche, tourner le sang avant qu’il ne soit stocké dans les bidons … puis affecté aux pesages des cœurs, reins et foies … », avant de s’atteler à sa passion, l’écriture.

Nous rencontrons ses amis,

Celle dont nous suivrons la correspondance tout au long du roman, Isey, la femme qui acceptera de vivre la vie qu’elle a,

Et David Jón John Johnson, celui qui devra faire en sorte de s’accepter lui même avant de pouvoir se faire accepter tel qu’il est par les autres.

Avec le départ pour Reykjavik, Starkadur, le jeune poète prendra une place particulière dans la vie d’Helka.

Pour nous installer dans la vraie vie nous découvrirons la naissance de l’île de Surtsey (1) et l’anecdote amusante citée de l’intervention de la presse à ce moment là (2).

Nous partirons ensuite pour Copenhague, la ville où « la pluie n’est pas horizontale, elle tombe à la verticale comme autant de colliers de perles », pour se construire, prendre des forces et conquérir « le pouvoir d’allumer une étoile sur le noir de la voûte céleste. Et celui de l’éteindre » et accepter ces paroles venues de l’au delà : « … porter en soi un chaos … pour pouvoir mettre au monde une étoile qui danse … ».

Une écriture céleste qui nous bouscule, nous fait frissonner, nous émeut au plus profond de nous même pour refuser hier, aujourd’hui et demain ce mensonge qu’on voudrait nous faire croire … « Le monde n’est pas comme tu le voudrais » … « Tu es une femme, il faut bien que tu l’acceptes » !



(1!

Surtsey est une île volcanique située au large de la côte méridionale de l'Islande, à l'extrémité sud des îles Vestmann. Elle s'est formée à la suite d'une éruption volcanique qui a commencé à 130 mètres sous le niveau de la mer aux alentours du 10 novembre 1963, a atteint la surface le 14 novembre 1963 et s'est terminée le 5 juin 1967. C'est à cette date que l'île a atteint sa superficie maximale avec 2,65 km2 et sa hauteur maximale avec 173 mètres d'altitude. Depuis, sous l'action érosive du vent et des vagues, l'île a diminué de superficie pour ne mesurer plus que 1,41 km2 en 2008. Elle a perdu aussi en altitude à cause de l'érosion essentiellement maritime, du compactage des couches sédimentaires sous-jacentes et à un moindre degré du réajustement isostatique de la lithosphère



(2)

Parmi les journaux français, Paris-Match s’intéressa particulièrement à l’« île nouvelle », et pour cause : l’un de ses journalistes, Gérard Géry, fut le premier à poser le pied sur l’île, alors encore en éruption, précisément le 6 décembre. Prenant tout le monde de vitesse, le journaliste photographe et deux acolytes aventuriers, Philippe Laffon et Pierre Mazeaud, plantèrent un drapeau à l’effigie du magazine. Titrant « Un exploit Paris-Match. Les premiers sur l’île nouvelle ! » [Paris-Match, 1963], Gérard Géry raconte comment il a « risqué sa vie pour un vieux rêve » ; et de narrer le récit d’une extraordinaire aventure, digne d’un film hollywoodien, où les Français faillirent laisser quelques plumes au moment de quitter l’île : « Tout à coup notre moteur tousse. Il s’étouffe… Il s’arrête. Nous ne bougeons plus. Nous ne disons plus un mot. Philippe, la voix coupée de sanglots, s’accuse : “C’est pas vrai. Ce n’est pas possible. J’ai oublié de repousser le starter… Le moteur est noyé… J’ai laissé passer la chance.” » Après le récit de cette déveine, l’article se poursuit par le happy end attendu par le lecteur : « Nous allions mourir dans les scories. Alors notre moteur consent à repartir […] Philippe n’avait eu qu’à repousser le starter ».

Les journaux islandais relatèrent l’événement après avoir été pris de court : « Alors que les Islandais se préparaient à aller planter le drapeau islandais, ils eurent vent de l’intention des Français d’aller planter un drapeau sur l’île ; ce fut alors le début d’une course effrénée ». Les Islandais ne tardèrent pas à réagir, après avoir aidé les « casse-cou » français à quitter l’île qui présentait d’inquiétants signes d’éruption. « Aux Vestmann, il y avait une équipe de Français, mais personne n’y faisait attention ! Ils ont embarqué dans un Zodiac et sont partis en direction de l’île… ils ont débarqué sur Surtsey et ont planté le drapeau français… les Islandais étaient fous de rage… c’étaient des journalistes de Paris-Match ! Malgré tout, les Islandais se sont dépêchés d’organiser une expédition pour aller les chercher sur l’île… les vagues étaient tellement impressionnantes et les bateaux ont tourné un bon moment autour de Surtsey, ils étaient encerclés par les projections de lave… les Islandais ont risqué leur vie pour les sauver.
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La Belle dormit cent ans



C'est l'été à Bergen. Il fait trente degrés. Les femmes sont belles et peu vêtues. Les gens mangent des fruits de mer en terrasse en regardant la mer. Varg Veum admire le spectacle de la rue. Mais s'il flâne dans la ville, c'est d'abord parce que, à la demande de ses parents, il est à la recherche de Peter, un jeune drogué, qui travaille sporadiquement dans une petite entreprise, qui couche avec la femme de son patron et qui a disparu depuis quelques jours. Veum découvre que Peter est devenu un prostitué qui a ses habitudes dans un petit hôtel minable. Il découvre également que Peter a déclaré qu'il "tient son patron". Ce qui explique sans doute son manque d'assiduité au travail. Est-ce que sa disparition est juste une envie de changer d'air pour un temps ou est-ce plus grave que ça?

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Le style de Staalesen me plait. Les phrases coulent. L'humour affleure. Les personnes qu'on rencontre sont toujours décrites de façon très détaillée et avec une pointe de concupiscence lorsqu'il s'agit de femmes. C'est vrai qu'il est divorcé notre ami, le privé. D'ailleurs quand il reçoit durant un week end son fils, ce dernier lui dit : " ça te ferait du bien de trouver une fille." Donc Veum cherche Peter. Il a d'abord retrouvé Lisa, une relation de Peter, qui a fugué. Il enquête aussi sur le patron de Peter pour essayer de découvrir ce que Peter avait trouvé qui lui permettait - sans doute - d'avoir barre sur son patron.

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Certains protagonistes vont se confier à Veum. Ce sont des personnes qui ne veulent pas forcément que la police soit au courant des informations qu'ils détiennent. Ainsi la soeur de Peter parle à Veum, Lisa veut aussi lui parler. La femme du patron de Peter lui parlera, plus tard. C'est ainsi que Veum va avancer dans ses différentes enquêtes, souvent plus vite que la police, car il inspire confiance et gardera pour lui les secrets qui lui sont confiés. Il va pénétrer profondément dans les histoires d'amour et de désamour, dans ces infidélités entre les protagonistes. Mais ce jeu de l'amour se finira en drame.

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Au passage, l'auteur aborde les problèmes que peuvent rencontrer les jeunes de nos jours, d'abord à cause de la dureté du monde dans lequel on vit, mais aussi de l'accès facile à la drogue et enfin de l'affaiblissement de l'autorité parentale. Lisa s'est enfuie du domicile de ses parents et s'est retrouvée prostituée dans un bordel de Copenhague, pour pouvoir payer sa drogue. Peter a lui aussi quitté le domicile familial et cumule un salaire d'ouvrier et de prostitué, là aussi pour payer son hôtel et sa drogue. Les parents de ces jeunes peuvent-ils les sauver? Ce n'est pas toujours possible. C'est Veum qui conclut, dans les dernières pages : "Ce n'est pas facile d'être parent. Et ce n'est pas facile d'être enfant."
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Froid comme l'enfer

Aurora est une enquêtrice financière qui vit en Angleterre. Quand sa sœur Isafold, vivant en Islande, disparaît des radars, sa mère fait pression sur elle pour qu’elle parte à sa recherche, alors qu’elles entretiennent une relation compliquée. Isafold est victime de violences conjugales, sa disparition est donc d’autant plus préoccupante. Bien que nous lecteurs réalisons assez rapidement que le pire s’est probablement produit, sa mère et sa sœur espèrent la retrouver saine et sauve.



J’ai tout d’abord beaucoup apprécié la double enquête menée par Aurora: la recherche de sa sœur, et l’affaire de criminalité financière sur laquelle elle va tomber un peu par “hasard”. Les choses sont souvent bien faites.



Aurora a une double nationalité: elle est islandaise par son père aujourd’hui décédé, et anglaise par sa mère. C’était intéressant de la voir redécouvrir ce pays dans lequel elle ne s’est jamais sentie vraiment comme chez elle.



Froid comme l’enfer est un roman habité par des personnages aux caractéristiques variées, parfaitement exploités, sauf Aurora, que j’ai l’impression de ne pas connaître si bien que ça, finalement. Mais c'était chouette de rencontrer l’oncle pas vraiment oncle Daniel, un voisin / voisine haut en couleurs et une vieille dame avec son “fils” adoptif réfugié clandestin.



Ce n’était pas forcément un énorme coup de cœur, mais Lilja Sigurðardóttir m’a permis de passer un bon moment de lecture comme j’aime. Rien à redire, une histoire prenante. Hâte de découvrir maintenant Rouge comme la mer, le second tome de cette nouvelle saga, qui m’attend sagement dans ma kindle. J’espère un peu de croustillant !
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N'essuie jamais de larmes sans gants

J'ai vu passé de très bons avis sur ce récit, ce titre m'a interpellé celui-ci est d'ailleurs très rapidement expliqué dans ce récit et le sujet m'intéressait, en effet étant né dans les années 80, l'apparition du sida a forcément fortement impacté notre génération.



J'ai quelques souvenirs effectivement de ce que les médias appelé à l'époque le cancer gay, cependant ce récit m'a apporté tellement plus de précision sur comment cela a été géré et plus particulièrement ici en Suède, j'ai du mal à me dire qu'il y a 40 ans, donc pas si longtemps que ça, on ai pu gérer cela de cette manière.



Les premières pages situent le récit dans une chambre d'hôpital ou l'on comprend rapidement que notre personnage n'a plus longtemps à vivre, j'ai à ce moment eu peur que ce récit soit trop larmoyant et ne me fasse fermer le livre.



Mais au fil du récit nous allons remonter dans la vie de Rasmus et celle de Benjamin, nous narrant leur rencontre, leur vie, la maladie, leur homosexualité durant une période si compliquée à vivre, il est également beaucoup question de religion car Benjamin fait partie des Témoins de Jehovah.



J'ai dévoré ce beau pavé en deux jours tant je voulais connaitre ce qu'il s'était passé pour nos 2 protagonistes.



Le découpage du récit se divise en 3 parties : l'amour, la maladie et la mort, mais même dans la dernière partie cela est fait tout en pudeur à mes yeux, cela n'en fait pas un récit larmoyant.



Une lecture marquante qui sort du lot de ce que j'ai pu lire et je suis très heureuse d'avoir été curieuse et d'avoir lu ce livre suite aux nombreuses recommandations pour lire celui-ci.







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Au nom du père

Chronique de Flingueuse : Les lectures de Miss Aline pour Collectif Polar

Au nom du père, Ulf Kvenster

L’après lecture :

Isak Jeune homme à l’enfance traumatique partage sa vie avec Madde.

Son grand-père le pilier de sa vie, son ancre, sa référence. Celui qui l’a ramené de très loin, du presque sans retour.

Puis la réapparition du père prodigue, Fredrik Barzal, artiste peintre de renommée mondiale. Une mea culpa sous couvert d’un cancer incurable.

Et la lumière se fait et tout bascule…. à nouveau.

L’atmosphère est opaque, pesante. On voudrait partir, respirer mais trop tard, l’auteur nous tient. Impossible de décrocher

Existe-t-il UNE vérité ou des vérités ? Quel peut-être le poids et les conséquences des traumatismes de l’enfance. Sommes nous l’héritage de nos ascendants dans leur propre trauma ?

Isak va-t-il s’en sortir ? Va-t-il voir au-delà des manipulations, des provocations, des chantages ?

Thriller psychologique puissant qui tient en alerte. Avide de connaître le sort que l’auteur réserve à Isak. Les pages se tournent encore et encore. Toujours un rebondissement quand tu penses avoir touché le fond. Tels des poupées gigognes les épreuves d’Isak n’en finissent pas. Jusqu’au dénouement. Et la claque finale.

Auteur à suivre assurément.

Merci à Ulf Kvenster pour le moment partagé sur Quai du Polar.
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Les cafards

Un ambassadeur norvégien est retrouvé mort, un couteau planté dans le dos à Bangkok. Qui ? Pourquoi ?

Direction la Thaïlande avec Harry Hole !



Alors j'ai mis quelque temps avant de me lancer dans la seconde enquête de Harry Hole, car je n'avais pas particulièrement aimé le premier mais je ne voulais pas rester sur une mauvaise première impression.

J'ai bien fait !

J'ai aimé ce voyage en Asie, j'ai aimé cet inspecteur que pourtant je n'avais pas particulièrement apprécié, ici je me suis vraiment attaché à lui.

Point de vue enquête, ce n'est pas la plus passionnante, ni la plus rythmée mais ça reste sympathique.

Donc un bon roman, qui ne va pas forcément me rester en mémoire mais hâte de découvrir le troisième tome rien que pour l'inspecteur !
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ADN

Huldar enquête sur le meurtre d'Elisa, meurtre dont a été témoin sa fille. Il auditionne l'enfant par l'intermédiaire de Freya, son ex.

C'était plutôt pas mal.

Ça se lit facilement.

C'est le premier tome d'une saga. L'entrée en matière est classique mais efficace. Huldar doute de ses compétences en tant que responsable et doit aussi gérer sa vie sentimentale.

L'enquête démarre rapidement, pas de longues mises en situation. J'ai aimé même s'il y a quelques longueurs dans la narration.

A la fin, une certaine alchimie apparait entre les deux personnages principaux. Plutôt sympa.

J'ai aimé le dénouement, il y a très peu d'indices qui permettent de le découvrir. Le suspens dure jusque dans les dernières pages.

Très bonne lecture.
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La maison au bout du monde



Depuis deux ans, Winter vit en Espagne avec sa femme Angela et ses filles et se remet de l'accident qu'il a eu dans sa piscine. Le roman commence par une discussion entre Winter et son épouse sur la dangerosité du métier de policier. Winter a "plusieurs fois frôlé la mort ces quinze dernières années". "C'est plus dangereux que dans ta jeunesse" lui fait remarquer Angela. Malgré cela, Winter reprend du service et revient à Göteborg. Dès son premier jour de travail, Winter, accompagné de son collègue, Ringmar, se rend dans une maison, recouverte de neige, située au bord de la mer et au pied des rochers. Elle est entourée d'arbres et baigne dans un profond silence. C'est "une maison au bout du monde". À l'intérieur, deux enfants et une femme tués par des coups de couteau, et un bébé qui a survécu.

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On retrouve immédiatement le style si particulier d'Åke Edwardson. D'abord il y a le petit jeu auquel se livrent Winter, Halders (un de ses collaborateurs) et Ringmar qui consiste à lancer des idées sur ce qui a pu se passer suite à un évènement grave, en l'occurence ici pour commencer cette tuerie dans la maison, puis à faire le tri entre toutes les idées émises pour retenir les plus plausibles. Ce petit jeu est répété plusieurs fois dans le récit. Et puis ensuite, il y a ces très nombreux interrogatoires de témoins souvent assez longs et aux réponses lapidaires. Au bout de quelques centaines de pages - et aussi d'un certain nombre de romans de l'auteur lus - ces deux procédés littéraires deviennent lassants.

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Les investigations démarrent par la recherche du chiot dont la femme assassinée avait dû se séparer peu de temps avant sa mort. Mais l'enquête s'avère longue et difficile. Pas d'indice. Un livreur de journaux a vu une silhouette sortir de la maison. Winter suspecte tout le monde : l'acheteur du chiot, le livreur de journaux, le mari de la morte et même le voisin le plus proche… Mais son équipe n'obtient ni preuves, ni aveux. Winter, tout seul à Göteborg, puisque sa femme et ses deux filles sont restées sur la Costa del Sol, ne va pas bien. Il fait des cauchemars toutes les nuits et souffre d'acouphènes. La mère de Winter tombe malade. Winter retourne en Espagne. C'est une enquête qui se traîne, ce qui fait qu'on décroche progressivement. Heureusement les 40 dernières pages réveillent un peu l'intérêt de lecture.



PS : L'auteur ne doit pas avoir de chien, tellement il semble ne pas connaître les capacités mémorielles de cet animal surdoué. Dans un autre ordre d'idée, il ne doit pas souffrir d'acouphènes, car sinon, il saurait que le whisky affaiblit temporairement les acouphènes et non pas les renforce comme il l'écrit.
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N'essuie jamais de larmes sans gants

Un roman poignant, un immense coup de coeur, qui m'a bouleversée du début à la fin, qui m'a fait souvent venir les larmes aux yeux, dont les personnages m'ont énormément touchée, eux que j'ai été triste de quitter, pas seulement parce que j'ai terminé le livre, mais parce que beaucoup n'étaient déjà plus là. Mais est-ce vraiment un roman ? Pas seulement, un témoignage aussi.

« Ce récit parle d'une époque et d'un lieu.

Ce qui est raconté dans cette histoire s'est réellement passé.

Ça s'est passé ici, dans cette ville, dans ces quartiers, chez les gens qui ont leur vie ici. Dans les parcs de cette ville, à ses terrasses de café, dans ses bars, ses saunas, ses cinémas porno, ses hôpitaux, ses églises, ses cimetières. C'est dans les rues et dans les immeubles de cette ville, chez ces gens, que ça s'est passé.

Ce qui est raconté dans cette histoire s'est passé simultanément dans beaucoup d'autres lieux, à la même époque, mais c'est à d'autres d'en faire le récit.

Ce qui est raconté dans cette histoire continue de se passer aujourd'hui, ça se passe tout le temps, mais ça non plus n'appartient pas à ce récit, même s'il se perpétue jusqu'à nos jours.

Raconter est une sorte de devoir. Une manière d'honorer, de pleurer, de se souvenir. Une manière de mener la lutte de la mémoire contre l'oubli »



Ce récit est l'histoire d'un groupe d'amis. Quoi de plus ordinaire. Ils viennent de toute la Suède, parfois même de plus loin et se retrouvent à Stockholm. Et comme le dit l'un d'entre eux, leur objectif dans la vie parait simple :

« Je veux dans ma vie pouvoir aimer quelqu'un qui m'aime. »



Mais ils sont homosexuels, et plus encore, on est dans les années 80 et une maladie inconnue fait son apparition :

« Et tout comme l'homosexualité a été l'amour qui n'a pas osé dire son nom, le sida a été la maladie qui a été niée, dont le nom n'a pas été prononcé à haute voix mais chuchoté dans la honte et en cachette. »



L'auteur va nous raconter la vie de ce groupe d'amis, avec un peu plus de focus sur deux d'entre eux, Benjamin et Rasmus, qui vont devenir l'un pour l'autre, celui qui aime et est aimé, mêlant les scènes de différentes époques, passant de leur enfance à plusieurs moments du présent. Il évoque le sort de tous, racontant pour chacun des éléments marquants de leur vie, avant et après. Avant, quand ils vivaient une enfance différente, parce qu'ils étaient différents, Après, quand ils arrivent à Stockholm et osent enfin vivre leur statut d'homosexuel, même si cela reste compliqué. Et bien après aussi, la maladie et la mort pour nombre d'entre eux. Les scènes s'enchainent, se mêlent, on ne situe pas toujours exactement le moment, mais cela reste très fluide. Ces hommes souvent rejetés par la leur, voire considérés comme morts par leurs proches, vont ensemble former une nouvelle famille, bâtir leurs traditions, être là les uns pour les autres, jusqu'à la mort qui va durement frapper leur petit groupe.



L'auteur mêle à ces récits une réflexion sur l'homosexualité, qui a été longtemps considéré comme une déviance, voire un crime. Dans beaucoup de pays, la dépénalisation de l'homosexualité n'est pas si ancienne que cela. Et il exprime très clairement le paradoxe de cette situation : se cacher pour ne pas trop souffrir, ne pas être mis à l'écart, ou oser se montrer pour revendiquer, pour que leurs droits soient enfin reconnus. Et au moment où la situation commençait à s'améliorer, le Sida est arrivé, rejetant encore dans l'opprobre cette population, suspectée de propager la maladie, eux qui l'ont bien méritée, ainsi que de nombreux journaux et personnalités de l'époque l'écrivaient.

Il nous parle aussi du deuil, il nous parle aussi d'amour.

J'ai beaucoup aimé la manière dont réflexions et récits s'entrelacent, très naturellement, les unes apportant de la profondeur aux autres, les uns apportant de l'humanité aux autres.



Humanité, c'est le mot qui pour moi symbolise le mieux ce roman. Humanité de l'auteur envers ceux dont il raconte la vie. Humanité de ceux que beaucoup ne considéraient pas comme des hommes à part entière. Humanité de quelques-uns de ces soignants : ainsi cette jeune infirmière qui essuie une larme sur la joue d'un mourant et se fait vertement reprendre, par une plus âgée :

« N'essuie jamais de larmes sans gants »

Et même si les plus nombreux étaient ceux qui rejetaient, même si la bêtise de beaucoup m'a fait bondir, même si l'ignorance conduisait aux pires absurdités, je choisis de me souvenir de ceux qui ont osé manifester cette humanité et d'abord de tous les membres de ce petit groupe. Je les ai aimés. J'ai souffert à la lecture de leurs souffrances, j'ai pleuré à leur départ.



Un mot pour finir, si tout ce qui précède ne suffit pas à vous convaincre de lire ce livre, sachez qu'il est écrit d'une plume de toute beauté dont j'ai apprécié chacun des mots, que l'humour y est aussi présent. Que ce livre se savoure, même si ce qu'il raconte est difficile à lire, voire insoutenable par moments.

Un livre qui va partir sur mon Ile déserte. C'est sur une ile que je l'ai trouvé : merci Dori. Merci Nico qui m'a rappelé qu'il m'attendait. Merci Roxanne dont l'émotion m'a définitivement convaincue de l'ouvrir très vite.

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Trente jours d'obscurité

« N'importe quel imbécile peut écrire un polar en un mois ! »

Celle qui déclare ça est une auteure de la « vraie littérature », celle de l’élite, petit public d’avertis capables d’assimiler un langage choisi et des discours théoriques fournis d’idées très très ….

Elle déclare ça avec beaucoup de mépris face à un auteur de polars à succès, représentant de la « littérature bas de gamme ».

Un séjour en Islande doit être le moyen de répondre à ce défi.

Va suivre une série d’événements plutôt rocambolesques et plutôt difficilement crédibles mais le style décalé, ne se prenant pas au sérieux permet de tourner les pages sans déplaisir.

Par contre le polar dans le polar, dont on peut suivre le développement en italique, est vraiment en dessous de tout !

Une lecture sans prise de tête qui sera vite oubliée !

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Éden

Lu très rapidement, c'est marrant, cette fille qui découvre qu'elle a une empreinte Carbone abominable et qui décide de vivre autrement. Elle est marrante avec son rapport au langage, à la langue. J'avoue que c'est ce que j'ai le plus aimé dans le roman.

Elle est marrante dans son entêtement.

Eden c'est un livre combattant mais pas dans le gros barouf, non c'est un livre qui te dit que tout est possible, tout est jeu (le langage), mais ce langage est aussi un pouvoir. Et qui te dit qu'individuellement, tout est possible.

Que du plaisir et de l'espoir.







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Benoni

Benoni, publié en 1908, est le premier volet d'un diptyque avec Rosa. Ce roman constitue une bonne introduction à l'œuvre de Knut Hamsun pour qui aurait l'excellente idée de découvrir le romancier norvégien aussi génial que problématique. Car on trouve dans ce roman à peu près tous les grands thèmes qui traversent son œuvre, en particulier l'opposition entre vie à la campagne et vie citadine, la première encore perçue comme empreinte d'une culture et de valeurs traditionnelles, l'autre symbole du dévoiement à cause de l'arrivée du capitalisme, de l'argent et de la technologie. Forcément, lu au XXIè siècle, cet antagonisme parait simpliste et prête à sourire. Pourtant, alors que l'inégalité de la répartition des richesses reste une préoccupation majeure de notre époque, ce que dénonce Knut Hamsun reste parfaitement actuel. Et l'argent vient s'immiscer partout, jusque dans les relations amoureuses qu'il fausse. Benoni s'enrichit, sa position sociale s'affermit, mais il ne parvient pas à conquérir celle pour qu'il aime. Et lui a préféré un jeune avocat ambitieux, mais leur couple sera mis à mal par l'argent et l'alcool, car Rosa a préféré s'assurer ce qu'elle pensait être un bonheur matériel. Une description très pudique de relations humaines biaisées les rapports de pouvoir, sociaux, amoureux ou financiers.
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Histoire de Froeude

Histoire de Frœude est un roman allégorique qui met en scène des personnages aux allures de héros de la tragédie classique, l’intention de l’auteur apparaissant au travers des noms des personnes, Frœude,, Serge Oedippe, August Augustus Vu!garis …!



Sans qu’il y ait de lien avec l’histoire classique de ces célébrités( à moins que les analogies m’aient échappées), il s’agit d’un histoire familiale somme toute assez romanesque, le père est souvent absent, c’est donc le fils ainé Frœude qui se charge de l’éducation de ses frères et soeur, car la mère a quitté le foyer pour entrer dans les ordres. Jusqu’au jour où le père présente à ses enfants l’objet d’une passion toute récente, une femme tonitruante et violente, qui ne rit jamais. Un challenge pour Frœude !



Il est certain que dès le départ le récit se démarque par l’originalité de sa forme, alors qu’au contraire le fond de l’histoire pourrait être banalement traité comme une histoire de famille atypique mais malgré tout plausible.



Les personnages, outre leur prénoms remarquables, incarnent des figures un peu caricaturales par la constance de leurs comportements. Pas de nuances ou d’hésitation dans leur ligne de conduite.



On prend du plaisir parcourir cette farce, et les éclats de colère de la belle-mère se matérialisent par une débauche d’insultes dignes du capitaine Haddock !



Merci à Netgalley et aux éditions Noir sur blanc





176 pages Noir sur blanc 4 avril 2024

#HistoiredeFroeude #NetGalleyFrance
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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La cité des jarres



Exceptionnellement, pour la critique de ce roman d'Arnaldur Indridason, je laisse la plume à son héros : Erlendur Sveisson.

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"D'abord, je ne suis pas content du tout du portrait qu'Arnaldur fait de moi. Divorcé et incapable de parler à mon ex épouse, je me suis désintéressé de l'éducation de mes deux enfants. Résultat : ma fille se drogue et me tape sans arrêt de l'argent et, dès les premières pages, très énervé, je la gifle deux fois. Plus tard, elle me fait perdre le contrôle de mes nerfs et je casse tout dans ma cuisine. Vivant seul dans un petit appartement mal meublé, je n'ai pas de vie sociale en dehors de mon travail, je suis souvent débraillé, j'ai la flemme de cuisiner et donc, je ne mange que des plats de fast food. Mon seul centre d'intérêt est la lecture des histoires des gens qui se perdent et trouvent la mort dans la lande. Bref, j'apparais comme un original, asocial, soupe-au-lait et fatigué, ayant totalement raté ma vie familiale.

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A-t-il fait de moi au moins un bon policier? Je suis quand même inspecteur! Mais à cinquante ans, c'est moyen comme carrière. De plus je suis décrit comme bordélique et peu au fait des méthodes modernes de criminologie. Mais Sigurdur Oli, mon collaborateur les connaît. Arnaldur me met sur une enquête difficile : un célibataire âgé, Holberg, connu comme violeur, a été assassiné chez lui. Rien n'a été volé. Pas de témoins. Je me lance donc dans une enquête de routine, qui va sans doute lasser le lecteur au début, mais devient vite passionnante. Si j'arrive à résoudre cette affaire, je me dis qu'Arnaldur sera bien obligé de me passer commissaire dans le prochain opus (*)

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Heureusement, Arnaldur écrit bien, d'une plume alerte, dans une construction chronologique facile à suivre et avec juste ce qu'il faut de mystère pour maintenir l'intérêt du lecteur : un message sibyllin laissé par le tueur d'Holberg ou une vieille photo d'une tombe trouvée dans son appartement. Il a le chic aussi pour créer des attentes : ainsi cette "cité des jarres" qu'on attend désespérément de visiter un jour! Il sait aussi ménager d'improbables rebondissements et créer à la fin l'émotion qui submerge le lecteur. Et puis il reconnaît que je suis "l'un des membres les plus chevronnés de la police criminelle". C'est bon pour moi ça! Beaucoup de lecteurs vont donc lire mes enquêtes, me connaître et peut-être, tout compte fait, m'apprécier malgré mes défauts. Mais pour la suite, Arnaldur pourrait me rendre un peu plus sympathique (**)! Je deviendrais alors célèbre (***)."



(*) Ce qui arrivera dans La femme en vert, l'ouvrage suivant de la série des Erlendur.

(**) Ce que l'auteur s'attachera à faire.

(***) 14 livres au total. La cité des jarres est le 3ème volume par ordre de publication.
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Sarek

Anna, Henrik et Milena sont trois amis de longue date, chaque année ils partent tous les trois pour randonner, mais cette fois ils seront quatre, au dernier moment Milena demande a ce que son tout récent petit ami soit de la partie.

Mais qui est il ? Pourquoi change t'il au dernier moment l'endroit ou ils devaient tous aller ? Pourquoi sembe t'il si mysterieux ?



Pour un premier roman c'est réussi ! La nature sauvage du Sarek donne une immersion encore plus intense, plus impressionnante.

Des questionnements au fur et à mesure, de l'inquiétude, qui dit vrai ? Qui dit faux ? Que ce passe t'il réellement ?

On avance pas a pas, on en découvre plus petit à petit sur les personnages.

L'ambiguïté toujours présente...

Vraiment j'ai aimé plongé dans ce roman palpitant comme j'aime tant !
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Comment obtenir cet insigne?
    Les insignes experts sont attribués aux spécialistes ou amoureux d'une thématique littéraire, en fonction de la qualité et de la diversité de leurs critiques sur cette thématique

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