Verger, Rainer Maria Rilke //
Peut-être que si j’ai osé t’écrire, /
langue prêtée, c’était pour employer /
ce nom rustique dont l’unique empire /
me tourmentait depuis toujours : Verger. //
Pauvre poète qui doit élire /
pour dire tout ce que ce nom comprend, /
un à peu près trop vague qui chavire, /
ou pire : la clôture qui défend. //
Verger : ô privilège d’une lyre /
de pouvoir te nommer simplement ; /
nom sans pareil qui les abeilles attire, /
nom qui respire et attend… //
Nom clair qui cache le printemps antique, /
tout aussi plein que transparent, /
et qui dans ses syllabes symétriques /
redouble tout et devient abondant. /
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Sur un thème semblable, voir aussi les listes de Palmyre "Dans mon verger il y a" et d'Alzie "le jardin des délices".
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Illustration : Camille Pissarro, Femme dans un verger.
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Publié le 22/03/2018