Alors que l'on quittait Fanny avec un espoir de s'en sortir grâce à sa voix, on découvre dès les premières lignes de ce second tome, qu'elle est toujours dans la rue et que sa situation a empiré. Elle n'a pas voulu croire ce que Clément lui avait dit : Fanny a pensé que c'était un piège, et qu'on voulait encore abuser d'elle. Désormais seule dans la rue, elle se réfugie dans l'alcool et a une mauvaise hygiène de vie dû au manque d'alimentation, mais aussi parce qu'elle n'a plus la force d'aller se laver aux bain-douche. Lâchant peu à peu les derniers liens qui la relient à son monde d'avant, elle s'enfonce de plus en plus dans la précarité, et s'habitue à cette vie d'errance. C'est avec une grande émotion que l'on découvre sa dégringolade.
Résignée, elle a désormais un quotidien bien à elle. Elle continue d'aller à la halte de jour, où Emilie tente de la faire réagir. Elle peut s'y reposer, trouver du soutien et se divertir un peu. Emilie s'est attachée à elle et veut la voir s'en sortir. Très gentille, elle lui apporte des livres régulièrement, car c'est la seule chose qui permet à Fanny de s'évader sainement. Momo, le patron du bar, lui offre toujours son café et croissant du matin. Malgré tout, on sent que Fanny se relâche. Au fond du trou, la solitude devient sa seule amie, avec la tristesse et la culpabilité (de ne plus donner de nouvelle à sa famille). Ses espoirs se sont envolés, elle n'a plus goût à rien... Lorsqu'elle subit une nouvelle agression, une de plus, une de trop, Fanny tentera de mettre fin à ses jours. C'est Clément qui la sauvera. Bienveillant, il est persuadé que Fanny a un bel avenir dans la musique. Généreux, il fera tout pour la sortir de cet enfer en essayant encore de l'aider : saisira-t-elle enfin cette main tendue ?
Dans une atmosphère sombre, ce roman décrit les difficultés de réinsertions des personnes SDF, à travers le personnage de Fanny. Ces personnes n'ont plus de repères et sont déconnectés de la réalité; de plus, certain.e.s sont très affecté.e.s psychologiquement; sans compter celles ou ceux qui sont dépendants (alcool et/ou drogue). On comprend alors qu'il est extrêmement compliqué de retrouver un équilibre et surtout, qu'il n'y a pas de réelle stabilité : les rechutes sont fréquentes. Dans le cas de Fanny, qui n'est restée que peu de temps dans la rue, ses chances de s'en sortir sont meilleures que les cas les plus extrêmes, comme son amie Sandra.
Poignant, le récit est raconté par Fanny, ce qui nous rapproche d'elle. On ressent ses réticences et ses sentiments : peur, doutes, colère, joie, etc. J'ai aimé la voir renaître : elle se montre forte et courageuse, même si l'on perçoit une certaine fragilité qui n'est jamais loin. Plusieurs rebondissements viendront dynamiser l'histoire et ne faciliteront pas la tâche de la jeune femme. J'ai apprécié que ce soit pas un conte de fée (bien qu'il y ait un côté féerique dans la situation de Fanny) : tout n'est pas tout beau et tout rose.
Maude Perrier montre de façon réaliste que tout le monde n'a pas la chance de Fanny. Beaucoup ne s'en sortiront jamais.
J'apprécie la profondeur des textes de l'auteure. Bien étudiés, cela les rend pragmatiques. Sa plume soignée est toujours aussi agréable à lire.
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