En ce genre et dès ses débuts quelques contemporains de l'artiste lui ont reconnu un « mérite supérieur », voire, comme dit Cochin en 1766, une « perfection unique ». Mais très souvent aussi on l'accable sous le souvenir de ses prédécesseurs. Cela également dès le début. Lors de la réception de notre artiste à l'Académie, que nous rappelions tout à l'heure, les paroles mêmes de Largillierre sont à retenir : « Vous avez là, dit-il en regardant les oeuvres de Chardin, de très bons tableaux. Ils sont sûrement de quelque bon peintre flamand. C'est une excellente école pour la couleur que celle de Flandres. »
Les amateurs de Chardin, ceux qui aiment ses toiles, qui les achètent, qui le font vivre enfin, on les connaît, ce ne sont pas de pauvres hères, c'est la cour de Russie, la cour de Suède, le comte de Tessin, le comte du Luc, le comte de Saint-Florentin, le prince de Liechtenstein, le chevalier de La Roque, M. de La Live : financiers, grands seigneurs, les amateurs de tous les temps.