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EAN : 978B0110ZA3OG
(05/07/2015)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Auteur de plusieurs romans et des biographies de Bertrand Cantat et de Manu Chao, ce nouvel opus noir de Léonel Houssam est une chute vertigineuse dans la psyché d'un tueur... L'histoire: le narrateur, un tueur, raconte sans filet, de façon sonique, son épopée meurtrière, sa vengeance flamboyante. Roman noir, très noir, à déconseiller à toutes les âmes sensibles...
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« N'y voyez rien de méchant. Ma franchise n'est pas faite pour choquer. Je suis désormais dans vous, dans quelques lieux de votre cerveau, installé dans vos souvenirs. C'est vous, et vous seuls qui me permettez la vie éternelle... Vous, votre viande et ce plaisir pervers à vous reproduire... Vous me lisez parce que je suis cette âme errante qui coure à la vitesse du diable dans le réseau, boosté à l'énergie, c'est votre existence au-delà de mon au-delà qui me préserve et m'offre éternité. »

C'est l'histoire d'un homme en déroute qui devient un meurtrier. Parce que la cruauté parentale, les sévices, le manque d'amour et de reconnaissance vont faire de cet individu un être sans âme et sans pitié. Celui que ses proches décrivent comme inoffensif et très propre sur lui
est en fait un individu gorgé d'une haine qui le dévore corps et âme depuis sa plus tendre enfance. Larbin de la municipalité et travailleur de l'ombre à la petite semaine, ce paroissien renfermé dans sa coquille et sans antécédents judiciaires connus va déchaîner son acrimonie retenue depuis des lustres et marquer par sa violence extrême le village de "Val d'idiots". Véritable bombe à retardement, celui qui passe pour l'inoffensif raté du village va sortir l'artillerie lourde. Le crétin de service va montrer son vrai visage, celui d'un homme déterminé à aller jusqu'au au bout de sa mission vengeresse ! Poser des explosifs en vue de dégommer la vermine que sont un ministre en visite, le maire, ses élus ainsi que sa déplorable épouse ne font-ils pas partie d'un challenge à gagner pour ce désabusé de la vie ? Nourri dès le berceau au lait de la perversité, cet amateur de pornographie et de violence, ce monstre assoiffé de sang sorti des entrailles de l'enfer n'aura de cesse de mettre action son projet explosif et mortel...

"Chronique de la mort au bout" est l'un des livres les plus violents que j'ai pu lire avec le terrifiant et sanguinolent "American psycho" de Bret Easton Ellis, qui regorge de scènes de tortures et de crimes à vous glacer le sang. La comparaison s'arrête là, car le dévoyé personnage de ce carnage littéraire n'a rien à voir avec un Golden Boy des années 80 en manque de sensations extrêmes !
Narré à la première personne, ce récit nous immerge à l'intérieur d'un cerveau malade ou se mêle passé et présent, fantasme et réalité.
"Chronique de la mort au bout" est un OLNI sombre, ultra-violent et terrifiant à ne pas mettre entre toutes les mains... Vous voilà prévenus !
Lien : https://leslecturesdisabello..
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De l'eau avec un bouillon de poulet, une tranche de pain de mie séchée, des clips de Sonic Youth sur Youtube, des restes de chips au fond d'un paquet bruyant, une vague idée de l'avenir. Je fermais les volets pendant que je l'imaginais à la vaisselle, les mains gantées Mapa rose dans la mousse, son petit air fidèle et sa blouse fleurie qui saucissonnait ses formes de femme à l'orée du précipice. Je profitai du bruit rassurant des graviers sous mes grolles, mêlé à celui du vent vicieux venu de l'est avec son lot de nuages lourds et de mauvaises nouvelles. J'avais de la colère. Tu vas voir. Tu faisais ce que tu voulais à cette époque-là. Tout le monde possédait les mêmes meubles, les mêmes bagnoles, les mêmes vies de merde. J'étais à L.A. et j'étais à Paris, et j'étais à Tokyo. Quand j'enfilais la fraise et les semelles couvre-chaussures, j'avais l'intuition que c'était bien pire qu'une centrale nucléaire. Minutieusement, silencieusement, chacun s'appliquait à modeler les rafistoles testiculaires et les mamelles androïdes. Se taire, faire, ne faire la pause que 15 minutes par demi-journée. S'appliquer, modeler, construire, adapter… Trancher la vie dans le lard, jour après jour pendant que d'autres trifouillaient la bedaine, rehaussaient le viandard, maximisaient l'appareil génital à défaut de savoir s'en servir. Je n'avais pas su beaucoup plus qu'eux, mais j'avais fait usage en toute honnêteté, sans falsifier, j'avais échoué dans des femmes avec la franchise du raté. C'était là, dans ces vestiges industriels que je pourrais parachever mon idylle avec Corinne, ma salope, ma maman, ma maîtresse, ma mamie. Une heure après avoir été viré, j'étais parvenu à choper un double des clefs. Des mois de chômage, de pensées en rond, en carré, ne m'avaient pas fait oublier l'usine… C'était un hangar blanc estampillé des lettres PROTHESES SA. J'ouvris la porte de derrière, celle des « artistes » où nous enfilions nos tenues de travailleurs du faux-sexe. J'avais Corinne dans la paume de ma main gauche. Je serrais le noeud sur ses poignets sanglés. Elle pleurait encore, toujours, et parfois, elle ravalait sa morve. Baby décousue, baby démontée, baby tendresse mais je lui racontais encore les souvenirs de l'usine. Pour ma part, je parlais du bocal aseptisé dans lequel j'étais enfermé chaque jour à manipuler des testicules artificiels... Atomisé par... l'air conditionné, les filtres, un peu comme si nous étions hors-monde, qu'une guerre nucléaire était tombée sur la croûte terrestre, mais que nous continuions à fabriquer des prothèses... Réparer l'imperfection, la maladie, le déséquilibre entre les performances derrière l'écran et les contre-performances du spectateur face à l'écran... J'attendais, je présume, que la mort nous sépare du travail, de l'obligation de payer ses factures...
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Cadeau de confinement, merci l'artiste. du noir, du très noir. C'est annoncé dès le début, alors on joue le jeu. le prologue présente le personnage au cynisme jusque là indolore. C'est jouissif à lire, mordant, prenant, tout est vrai, réaliste à souhait, on ne doute de rien. Puis la déflagration arrive. le narrateur commence à exercer son plan. Il viole, tue, un vrai carnage. le contexte panique à l'attentat joue en sa faveur. Personne ne le soupçonne. Il a bien calculé son coup, alors il en profite et nous en fait profiter. C'est totalement décomplexé de tout. L'écriture monologique au JE prédominant colle bien au personnage, atteint de logorrhée cérébrale. Sa verve est accrocheuse. Les faits sont violents, immoraux, enferrés dans une gratuité crasse. Parfois il se raconte. le côté décousu du récit, composé d'ellipses et de retour à la vie réelle est très cinématographique, à la lecture en s'accrochant on y arrive. Qui oserait adapter ce roman en film ? Une gageure. Ce livre m'a fait penser à l'esthétique du viol de Clinquart, en bien moins pompeux, en beaucoup plus social, farouche, déglingué jusqu'à l'os. le format court est bien pensé. Moins cela aurait fait gratuit, plus long, complaisant. l'auteur maîtrise son outil comme un exécuteur. Bon je lirais pas ça tous les jours mais bon, de temps en temps, cela fait du bien de remuer sa petite conscience.
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Chronique de la mort au bout.
Léonel Houssam
150 pages
Paru le 05/07/2015
Auto-édition

Cent cinquante pages à lire, en une soirée, c'est fait ! Quelle erreur de ma part, j'ai mis trois soirées, car complètement déroutée par l'écriture, par les images non conventionnelles ! Lire et relire plusieurs fois la même phrase, le même paragraphe, pour savoir si j'avais tout bien saisi à la 1ère lecture. Pour une fois, je ne vous ferai pas un résumé traditionnel, je vous dirai seulement que vous allez rentrer de plein fouet dans les pensées, la tête d'un tueur, une chute vertigineuse dans l'antre d'un killer déjanté, sa vision de la vie, de ce qui l'entoure… le pourquoi et le comment de cette haine, cette envie et ce besoin de tuer, le plaisir qu'il prend à faire du mal. Des flashbacks qui nous mènent dans son enfance avec son père, cette enfance dure, blessante, dévalorisante !!!! Puis avec une femme prise en otage, les sévices qu'il lui fait subir !!!
Léonel, avec ta plume hors du commun, tu poses des mots et des phrases qui nous propulsent dans une autre dimension, nous interpellent, nous choquent…
Une descente dans la noirceur de l'esprit et de son destin de tueur.
Un roman glauque, noir, d'un noir profond comme une descente dans les abysses. Une écriture différente, déstabilisante, provocatrice et qui ne vous laissera pas indifférent par sa lecture. Un tour de force par une écrite déjantée réussi !!
J'ai adoré.
A lire.

Résumé :

opus noir de Léonel Houssam est une chute vertigineuse dans la psyché d'un tueur...

L'histoire: le narrateur, un tueur, raconte sans filet, de façon sonique, son épopée meurtrière, sa vengeance flamboyante. Roman noir, très noir, à déconseiller à toutes les âmes sensibles...

Dorénavant, vous pouvez retrouver mes chroniques, et celles d'autres personnes, sur le blog : http : //lepharelitteraire-blog.e-monsite.com
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Au revoir Andy Verol, bonjour Léonel Houssam ! J'ai beaucoup aimé ce livre qui pour moi dénote de mes précédentes lectures du même auteur : plus fouillé, plus mature aussi, je me suis surprise à m'identifier au narrateur, un type comme vous et moi, transparent pour ses semblables, un bon gars en somme ... Sauf que cet homme a quelques secrets et quelques indigestions (qui ne l'empêchent pas d'avoir de l'appétit ^^). Je n'en dirais pas plus, libre à vous de vivre cette descente en enfer ou au paradis, c'est selon.
''J'écris en français ... Mais je pense en chute libre'', voila, tout est dit !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Mon père sortit de la 4L et marcha tout droit. D’abord, je le suivis du regard. Dans la lumière presque aveuglante de la Lune, sa silhouette massive se dessinait, ses épaules avachies lui donnaient une apparence fourbue. Un buisson roula derrière lui, taillant la clairière en une seconde et disparaissant derrière un rocher. Ce vent tirait sa gabardine vers la gauche. Il avança encore puis se figea, les bras soulevés. Discrètement, je sortis. Je fus immédiatement bousculé par une bourrasque. En le rejoignant, je m’aperçus qu’il surplombait le vide. C’était magnifique. Son visage que je finis par voir de profil, était désaxé par un sourire dément. « Tu vois, là devant nous, c’est le monde de la nuit où Il trône. Il est là, planqué dans la forêt, et Il nous regarde avec beaucoup de clémence et de bienveillance ». Je ne bougeai plus. J’avais le vertige. Mon foie, mes intestins, ou quelque chose de ces viandes-là, me faisaient mal, m’obligeant à m’accroupir afin de réfréner une diarrhée foudroyante. Je me dis sérieusement que son Dieu était en train de me terrasser parce que je n’avais pas cru ce que me disait mon père.
« J’ai pas toujours été tendre avec toi. Avec ta mère non plus, avec personne. J’ai toujours voulu le meilleur, mais je n’ai fait que tout gâcher. Tu sais pas mais on n’apprend pas à être papa. Les médias disent qu’il faut faire ci, ça, qu’on est ingrat si on ne câline pas, si on met une raclée. Je sais pas si ils disent vrai, mais je sais aussi qu’ils sont que des voix dans la télé, des lettres dans le journal et que c’est pas eux qui savent remplir un frigo sans niveau d’instruction ».
Je tentai de me relever mais je sentis que j’allais faire sur moi et là, en quelques secondes, le monde-viande, mon monde fut secoué par le séisme.
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J’avais besoin d’observer, de loin, pas de près, mais de loin. La caravane du prince déboula dans la ville. Le ministre en gros carrosse Citroën fendait Val d’Idiots avec sa nuée d’autres grosses berlines aux vitres fumées… Mais avant même qu’il bifurque vers la rue Saint-Jean menant sur la place de la Mairie, une détonation extraordinaire à en chatouiller le bas-ventre, à en déchiqueter les tympans, déglingua la ville, la foule, les arbres et les murs… J’en eus les larmes aux yeux. C’était terrible… épouvantable… J’avais les larmes aux yeux, si lourdes, débordant sur l’iris… les lèvres tremblantes, les biceps fondus… Je me résolus à courir vers la voiture et à me planter contre le volant pendant que les sirènes hurlaient, que le cortège ministériel s’en allait en catastrophe. J’étais humilié, tapi dans la honte et la frustration. Je chialais tel un gosse dans les jupons de sa mère… Une honte, une humiliation, je pourrais le répéter en boucle, sans fin. Je rejouais en boucle la honte, l’humiliation, je récidivais, je refaisais toute l’Histoire, tiens, j’ai commencé comme ça à fulminer, monter, assis sur mon trône, les yeux effilochés par la fureur. Il m’était impossible de retourner chez moi, de reprendre ma brosse à dent, mon lit bordé, ma couette chaude, les œufs sur le plat devant un jeu télévisé. Impossible. J’arrivai péniblement à démarrer ma voiture. « Je vais où ? J’y retourne ? Je tourne le dos ? »
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Corinne gémissait quelque chose pendant que je parlais sans reprendre mon souffle. Mais je n’y prêtai qu’une attention relative. Il était plus important que je finisse : « Des rêves mauvais, j’en ai fait, mon esprit cloîtré dans ce qu’on voulait faire de moi. Elle avait les yeux fermés, et ne m’en veux pas, je l’ai prise comme ça, pendant qu’elle roupillait. J’ai déchiré tout ce que j’ai pu, toutes ses fringues. Je lui disais des choses qu’on n’a pas l’habitude d’entendre et ça l’a réveillée d’un coup. J’étais l’défibrillateur de son cœur, j’crois qu’elle est redevenue un moment une femme avant de replonger dans sa cascade junkie. J’ai jamais eu de fascination pour les décadents, les délinquants, les paumés, ceux-là qui passent leurs vies à se détruire, à détruire tout ce qui bouge autour d’eux. Je préfère les ouvrir avec une immense lame et mater dans le garde-manger de leur bide, hein ?! »
J’en disais trop, une truelle molle dans la bouche, je n’avais plus qu’à me taire. Ce que je ne fis pas. Elle fuyant encore, me laissa finir. Cette pauvre vieille me faisait penser à un mouchoir en tissu tassé au fond d’une poche.
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Sa peau aurait pu rissoler sous le soleil à cet instant-là. On peut mélanger des personnes dans sa mémoire, on peut les reconstituer comme le gâteau qui s’est écrasé par terre, que l’on remodèle avec les mains fébriles. Un drôle de sourire sur les lèvres, et on peut aussi mélanger des têtes de proches avec des factures, des garanties, on peut aussi faire des collages avec les membres des uns, des autres, des flash-back de soirées Loto de papy quand je faisais moi-même le tirage des numéros. Corinne ne disait rien. Je me disais - d’aucun dirait que je m’auto-persuadais – qu’elle devait tout savoir en détail, cette nuit qui m’avait poussé à basculer.
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Revenir des morts était l'expression qui résumait parfaitement ma vie. Puis la mécanique simple et puissante de frustration/récompense... Donner la mort pour recevoir les fumerolles enivrantes d'une âme qui s'évade vers d'autres univers...
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