Spirituel peintre des moeurs du Directoire et de l'Empire, Boilly fut très apprécié du grand public de son temps. Il s'était fait une spécialité de la vie quotidienne qu'il reproduisait avec une précision étonnante : «Il n'y manque pas un bouton de guêtre», disait Ernest Meissonnier, le presque contemporain de Boilly. Bien que célèbre, à son époque, pour ses trompe-l'oeil et ses scènes galantes, il reste connu, de nos jours, surtout pour les portraits qu'il a peints durant sa vie.
Il est loin de jouir, aujourd'hui, de la notoriété de Greuze ou Fragonard.
Commenter  J’apprécie         10
Boilly, qui admirait tant David, ne fut pas peintre d'histoire, en dépit du "Triomphe de Marat" de 1794 qui donna une ampleur nouvelle à sa peinture en l'orientant vers des sujets sociaux et politiques. Témoin de son temps mais peu enclin à s'engager, il traita les événements contemporains en grand peintre de genre, trouvant là prétexte à des scènes de foule emportées et magistrales.
La légèreté profonde du XVIIIe siècle, la grave et frivole comédie des hommes mise en scène par Marivaux et Beaumarchais, ont trouvé dans la scène de genre un autre théâtre, que l'on aime à redécouvrir aujourd'hui.
Si le trompe-l'oeil dérange la critique, qui lui préfère inévitablement des genres plus nobles comme la peinture d'histoire, il est indéniable que cet art implique de l'adresse et de la prestesse dans le maniement du pinceau, ce dont les tableaux de Boilly sont exemplaires.
Sa virtuosité tient en partie à une grande habileté dans les phases préparatoires, et à une manière d'appréhender la composition finale avec assurance.
Considéré comme un art mineur du temps de Boilly, le trompe-l'oeil, où l'humour et la dextérité sont indissociables, trouve en l'artiste un maître plein de verve, sûr de sa technique et prompt à jouer du spectateur.