Jeff est disquaire à Covent Garden. Lorsque son collège se fait assassiner au cours de ce qui ressemble à braquage qui aurait mal tourné, notre saxophoniste placide est assailli d’un doute : et s’il était à l’origine du meurtre ? Il faut dire que Jeff s𠆞st emberlificoté dans une sale histoire de chantage, et que le producteur que lui et ses acolytes tentent d𠆞xtorquer s𠆚vère être un peu plus retors que prévu.
John L. Williams plante son intrigue brinquebalante dans le Londres du début des années 80, et plus spécifiquement dans les rues mutantes de Camden Town, dont les fameux punks se transforment petit à petit en jeunes cadres dégoulinants d’égo. Portrait d’un quartier en pleine transfiguration, ce roman prend, à mesure que le récit s𠆞nglue dans des raccourcis faciles, la forme d’une cartographie hallucinée des pubs londoniens et de la vie nocturne qui fait vrombir la capitale britannique.
Gueule de bois est une mine d’or pour quiconque s’intéresse à la scène underground londonienne, et regorge de références musicales plus ou moins obscures. C𠆞st d𠆚illeurs dans la découverte de ce catalogue pointu et explosif que réside – à mon sens – le seul intérêt de ce texte.
En effet, Williams y enchaîne avec un certain manque de tact rythmique des péripéties abracadabrantesques plus que moins crédibles. Les pérégrinations noctambules de ses personnages sans grande consistance lui servent davantage de prétexte à l𠆞xploration des clubs obscurs qui pullulent à Londres, qu’à la construction d’un récit abouti. On croise entre une Guinness et deux rails de coke toute une myriade de junkies, punks sur le retour et autres farfelus en tous genres qui se retrouvent en marge d’un monde qui a changé trop vite à l’ère
Thatcher.
Malgré tous ses défauts,
Gueule de bois épargne à son lecteur la nausée et les migraines. Si ce roman sera rapidement oublié, il n𠆞n reste pas moins divertissant. C𠆞st peut-être là l𠆞ssentiel.