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Harrow County tome 8 sur 6
EAN : 9781506706634
112 pages
Dark Horse (16/10/2018)
4.25/5   2 notes
Résumé :
This final arc of the hit supernatural fantasy series pits two powerful witches against each other in an all out magic war!

An old enemy of Harrow County has returned with more power than ever and intent on consuming Emmy and her powers in this terrifying final chapter!
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Harrow County Volume 7: Dark Times A'Coming (épisodes 25 à 28) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 29 à 32, initialement parus en 2018, écrits par Cullen Bunn, dessinés, encrés et peints par Tyler Crook. Il s'agit du dernier tome de la série, et les 8 tomes forment une histoire complète. Il comprend également une postface d'une page et demie de Bunn, et une autre d'une demi-page de Crook.

Emmy court dans la forêt, avec les restes ensanglantés d'Emmett dans les bras. le sang a imbibé le devant de sa robe, ainsi que le bas de son visage. Elle ramène ses restes à l'endroit où elle l'a vu pour la première fois. Alors qu'elle pose les os à terre, les ronces reculent et se déplacent pour former une maison. Il en sort une femme qui appelle son fils pour passer à table. Emmy s'adresse au tas d'os en lui enjoignant de répondre à cet appel. Les os émettent une brume qui prend la forme d'un garçon tenant à la main un lapin de chiffon, et se dirigeant en courant vers sa mère. Emmy lui adresse un adieu et repart. Pendant ce temps-là, Hester se dirige vers la loge de réunion du conclave. Elle est décidée à revoir les membres de sa famille une dernière fois. Elle pénètre dans le couloir d'entrée et observe la collection de portraits accrochés aux murs. Elle remarque que tous ont été barbouillés avec un gros feutre noir. Elle finit par arriver dans la pièce principale, celle où les membres de la famille sont réunis.

Hester se tient devant Levi, Odessa, Corbin, Willa, Kaine et Mildred. Levi s'adresse à elle pour l'accueillir et l'assurer qu'ils sont là pour l'aider. Hester répond qu'elle n'est pas dupe qu'elle sait pertinemment qu'ils ne sont là que parce qu'ils ont répondu à son appel. Levi l'assure à nouveau de la bienveillance de leurs intentions, de leur volonté d'évoluer, de faire changer leurs règles et leur manière de faire. Hester réitère à nouveau son incrédulité et s'en prend physiquement à eux. le combat est bref et brutal ; Odessa profite de la confusion pour s'enfuir ayant bien compris qu'elle ne fait pas le poids. Elle court dans le couloir en s'appuyant avec la main sur les murs, déposant ce faisant une trace de sang sur les portraits raturés, le sang de ses frères et soeurs. Hester la rattrape sur le perron à l'extérieur. Pendant ce temps-là, Emmy s'est agenouillée devant un ruisseau : elle se rince le visage avec l'eau claire pour faire partir les terribles tâches de sang. Ce dernier part avec l'eau, mais le reflet de son visage dans le ruisseau porte encore la marque infâmante. Toujours dans sa robe blanche sans manche souillée et maculée, Hester marche pied nu dans la grand rue d'Harrow, avec son noeud coulant autour du cou. Elle s'interroge sur ce qu'elle a envie de faire ensuite, jusqu'à temps de remarquer la présence de son père l'Abandonné.

En ouvrant ce tome, le lecteur sait qu'il s'agit du dernier. Il apprécie que Tyler Crook ait dessiné l'ensemble des épisodes, sans intervention d'un artiste invité. Il savoure à l'avance les dessins d'ouverture en double page, avec le titre de la série formé de lettres constituées d'éléments du décor. Les ronces dessinent les lettres pour l'épisode 29, assez bien intégrées dans l'image globale. L'artiste reproduit cette démarche pour les 3 autres épisodes, mais sans retrouver l'équilibre entre lettrage et éléments intégrés au décor, comme s'il s'était contenté de solutions basiques et directes. le lecteur est également revenu chercher l'épatante complémentarité entre les traits encrés des dessins et la mise en couleurs directe. Il retrouve ce grand plaisir avec la séquence d'ouverture dans laquelle les aquarelles viennent donner de la consistance et de la profondeur aux ronces, rendant crédible leur mouvement, leur entrelacs pour former une construction. Il est moins convaincu par la deuxième séquence quand Hester pénètre dans la loge, car l'apparence organique de l'aquarelle ne se marie pas bien avec la construction en brique, ou avec les portraits sur les murs. Les dessins donnent également l'impression que Crook se sert de la peinture pour camoufler l'absence de décor en arrière-plan dans une partie des cases, sans vraiment reproduire l'impression générale que donne un mur derrière, mais sans non plus s'écarter d'une simple représentation pour aller vers l'impressionnisme.

Ainsi en fonction des séquences, le travail de couleur directe fonctionne plus ou moins bien. Parmi les grandes réussites, le lecteur ressent la pénombre paisible de la nuit quand Emmy se lave le visage, la pénombre plus sinistre quand Hester s'avance dans les rues d'Harrow, la lueur fantastique baignant le village détruit dans les bois dont les maisons abritaient la communauté afro-américaine, ou encore l'extraordinaire luminosité quand Emmy se sert de son pouvoir pour s'envoler et se tenir à plusieurs dizaines de mètres au-dessus des champs de la région. Dans le même temps, il note que Tyler Crook fait durer l'ambiance lumineuse d'une scène pendant plusieurs pages, sans variation, sans progression narrative. du coup, il finit par se désintéresser des camaïeux aqueux lors de la conversation entre Hester et l'Abandonné à Harrow, de ceux dans l'orée des bois alors qu'Hester fait leur affaire aux habitants d'Harrow, de ceux pour le long affrontement dans une autre partie des bois dans l'épisode 3, et encore de ceux lors d'un autre long affrontement à nouveau dans les bois pour l'épisode 4. Ce n'est pas tant que l'artiste se désintéresserait de ce qu'il montre ou de ce qu'il raconte, c'est plutôt que la mise en scène oppose deux factions de manière assez basique, avec un plan de prises de vue également trop basique.

Le lecteur éprouve aussi le plaisir de retrouver des personnages qu'il a côtoyé pendant de nombreux épisodes. Emmy a conservé son apparence de jeune fille sage, bien comme il faut. En fonction de sa situation, le lecteur peut voir son visage changer d'expression, des émotions intenses y apparaissant, lui insufflant une vie et une énergie touchante la rendant humaine et complexe. Par comparaison, la représentation d'Hester est plus d'un seul tenant : une femme folle sur le chemin de la vengeance. Son visage prend donc des expressions plus marquées, habitées par la folie. Les autres personnages à apparence humaine disposent de moins de cases pour exister. L'artiste se montre un bon directeur d'acteurs pour faire ressortir l'amitié qui lie Emmy et Bernice, et un bon metteur en scène pour la séquence avec de nombreux figurants lorsque les habitants d'Harrow se regroupent et subissent le courroux d'Hester. Crook n'a pas non plus perdu sa patte pour représenter les manifestations surnaturelles et les monstres. En ce qui concerne les spectres, il varie leur apparence, de normale pour Emmett et sa mère, à fantômatique pour les squelettes enflammés. Il reste toujours habile à représenter l'horreur que ce soit les serpents s'infiltrant dans des corps humains, des chairs lacérées et déchiquetées par des ongles, des os ressortant d'une plaie ouverte, etc. Il parvient également à rendre inquiétant l'Abandonné malgré sa morphologie très exagérée.

Tyler Crook assure donc un spectacle horrifique de qualité, malgré quelques baisses chroniques dans la qualité de certaines cases quand les camaïeux de couleurs ne suffisent plus à masquer une structure narrative simplette. Dès le premier épisode de ce tome, le lecteur a bien compris que le clou du spectacle réside dans le duel entre Hester et Emmy, une confrontation frontale à l'issue de laquelle il ne peut en rester au plus qu'une. D'un côté, il y a la méchante irrécupérable parce que folle : de l'autre côté, il y a la gentille demoiselle devant assumer le poids d'un héritage maléfique et dont les amis vont servir d'otages. le lecteur observe donc Hester s'en prendre aux habitants d'Harrow, avec une forme de prise de recul. En effet la nature de ces habitants fait qu'ils ne sont pas tout à fait humains, et qu'en plus ils constituent une foule d'anonymes, à l'exception de Berenice. Mais Cullen Bunn indique dès le début que tout le monde peut y passer, et que le temps n'est plus au développement des personnages, mais à leur massacre. S'il reste un doute en la matière au lecteur, le sort des membres de la famille (Levi, Odessa, Corbin, Willa, Kaine, Mildred) le dissipe. le scénariste a donc décidé de résoudre les antagonismes au cours de plusieurs affrontements successifs définitifs. Il s'agit d'une structure habituelle dans les comics de superhéros et qui peut faire sens, sous réserve que l'affrontement physique se double d'un affrontement idéologique ou moral, et qu'il fasse progresser le héros dans la compréhension, ou qu'il le fasse évoluer. Il apparaît rapidement que cette dimension n'est pas à l'ordre du jour et que les combats n'ont pour objectif que d'éradiquer le mal absolu, sans nuance. Bunn insère plusieurs rebondissements et stratégies inattendues faisant appel à des créatures sortant de l'ordinaire. Mais le lecteur s'attendait à plus, du fait des questionnements des tomes précédents qui faisaient reposer des responsabilités complexes sur les épaules d'Emmy.

Ce dernier tome vient conclure une série sortant de l'ordinaire dont la portée dépasse la simple histoire de sorcière ou de revenante. le lecteur avait pu éprouver une forte empathie pour la principale protagoniste, et apprécier l'utilisation originale de conventions du récit d'horreur. Il avait pu remarquer régulièrement que Tyler Crook n'était pas un simple metteur en images, mais à un auteur à part entière, apportant autant au récit que le scénariste et même plus. Cette conclusion reste largement au-dessus de la production mensuelle moyenne des comics. Elle apporte une fin en bonne et due forme, cohérente avec le reste de la série, mais avec une ambition revue à la baisse d'un ou deux crans.
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