Il est des lieux particuliers, privilégiés, qui cumulent un fort pouvoir d'attraction sur les êtres, doublé d'une étonnante capacité à les inspirer. C'est particulièrement le cas pour l'art en général, et la peinture en particulier.
Honfleur fut - et reste - de ces lieux et Anne-Marie Bergeret qui s'y connaît (elle est conservateur du Musée Boudin à Honfleur) a su dans ce livre tenter de comprendre les raisons qui rassemblèrent au XIXe siècle et au début du XXe, tant de peintres autour du vieux bassin et dans les fermes environnantes.
Les maîtres Boudin, Monet, Jongkind ou Courbet bien sûr. Mais aussi Cals, Dubourg, Friesz, puis plus tard Vallotton ou Driès et, bien après, l'exceptionnel
Nicolas de Staël. On revit leurs passages, on regarde leurs peintures (superbement reproduites) et on se prend à rêver d'avoir passé avec eux un riche week-end d'échanges et de production à la Ferme Saint-Siméon...
Alors s'il n'y a jamais eu d'Ecole d'Honfleur à proprement parler, il y a nécessairement autour de l'estuaire sud de la Seine, de ses lumières, de sa mer et de ses ciels, ce petit quelque chose fédérateur, qu'on sent imperceptiblement en flânant sur le port : la brise de l'inspiration.