Julie des loups

Si mon grand se tourne souvent vers les livres de fantastique ou humoristiques, il aime également beaucoup les romans avec des animaux, sauvages de préférence. C'est ainsi que nous avons été amenés à découvrir ensemble "Julie des loups" de Jean Craighead George, lors de nos séances de lecture à voix haute. Publié dans les années 1970, je ne le connaissais pourtant pas et c'est dans une boîte à livres que nous l'avons dégotté. Et c'est une jolie trouvaille ! Il nous a plu à tous les deux.

Julie s'appelle en réalité Miyax, c'est le prénom que ses parents esquimaux lui ont donné à sa naissance. Orpheline de mère depuis ses 4 ans, elle est élevée par son père jusqu'à ses 8 ans où elle lui a été arrachée pour aller vivre chez sa tante afin d'être scolarisée et apprendre l'anglais. À 13 ans, elle est mariée au fils "arriéré" d'un ami de son père, l'accord entre les deux pères ayant été passé plusieurs années auparavant. Son père y voyait là une échappatoire pour sa fille : la sortir des griffes de sa tante et des Blancs. Ce genre d'accord était assez courant, la plupart du temps le mari et la femme n'entretenaient que des rapports fraternels, en attendant qu'ils aient l'âge requis ou qu'ils décident au final de faire leur vie chacun de leur côté plus tard. Miyax n'a pas eu de chance, elle a été mariée à "l'idiot" du village qui n'a pas supporté et compris les moqueries des autres. Devenu quelque peu violent et son père étant mort peu après leur séparation, Miyax fait ses paquetages et s'enfuit loin de son mari... parce qu'elle se souvient des mots de son père : « Quand la peur s'empare de toi, change de route ».

L'histoire de Miyax se découpe en trois parties. La première relate les premiers jours dans la toundra où elle tente de se faire accepter par une meute de loups, consciente qu'elle ne vivra pas longtemps s'ils ne l'aident pas. D'abord beaucoup dans l'observation, puis dans le mimétisme, on assiste petit à petit à son intégration dans la meute. C'est l'occasion pour nous d'en apprendre beaucoup sur le mode de vie des loups, la hiérarchie et l'organisation au sein de la meute, l'éducation et la surveillance des plus jeunes, leur langage et leurs comportements.

Dans la seconde partie, Miyax revient en arrière, du temps où elle s'appelait Julie. Elle revient sur son enfance avec son père, sa scolarisation chez sa tante, son mariage et la vie chez sa belle-famille, jusqu'à l'événement qui l'a décidée à partir et rejoindre sa correspondante à San Francisco.

La troisième partie se concentre sur le voyage qu'elle a entrepris, sur le chemin parcouru depuis que Amaroq, le chef de la meute, l'a acceptée.

On est en fait embarqué dans un genre de nature-writing, la toundra étant un personnage à part entière. C'est au coeur de ce désert glacial que progresse Miyax, et il est si bien dépeint qu'on a nous-mêmes l'impression d'y être. Miyax ne pouvant plus se plier aux inventions des hommes "civilisés", elle doit composer avec la nature qui l'entoure, s'en adapter et se l'approprier, vivre au même rythme que les animaux et la nature sauvages. Les événements se déroulant au début de l'hiver et en grande partie pendant la nuit arctique, on assiste à des aurores boréales et aux premières chutes de neige presque en extase. On perçoit le froid, la faim, la solitude, autant que le bien-être que ressent tour à tour Miyax. On s'attache également et rapidement à la meute de loups, à Amaroq et Kapu notamment.

Ah si seulement l'homme blanc n'était pas venu tout gâcher, j'y serais bien restée là-bas...

Voyage initiatique, respect de la faune et la flore, vie sauvage, beauté et dangers du désert arctique, amitié avec les animaux, tels sont les thèmes de ce sympathique roman jeunesse, qui nous a emportés le fiston et moi dans des contrées qu'on a imaginées à couper le souffle.

Je n'ai qu'une petite chose à lui reprocher, non pas sur le fond (bien que je sois un poil déçue par la fin) mais sur la forme : il n'a pas de chapitres, juste trois parties d'une soixantaine de pages. Nous, à la maison, on n'aime pas trop s'arrêter n'importe où dans notre lecture...