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EAN : 9782375680605
270 pages
Editions du chat noir (25/12/2017)
3.21/5   12 notes
Résumé :
Helvétie, XVe siècle. Sur les rives du lac Morat, la douce orpheline Élodie, recueillie par son oncle Herstall, habite un vieux monastère. Tout comme les villageois de la vallée d'Underlach, Élodie est à la fois effrayée et fascinée par le Solitaire, un homme mystérieux qui hante les montagnes surplombant la vallée. Qui est-il ? Pourquoi se cache-t-il ? Quels affreux crimes cherche-t-il à expier en secourant les nécessiteux, furtif comme une ombre, toujours drapé da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on va discuter du 50 Shades des années 1830 avec le Solitaire, du vicomte d'Arlincourt.

-Le 50 Shades, vraiment ?

-Mais oui ! le Solitaire possède plein de points communs avec notre nuancier de noir clair, regarde : des critiques tièdes, des ventes colossales, un amoureux ténébreux au lourd passé, une héroïne pure, vierge et gentille…

-Ah d'accord. Donc, tu vas faire la critique d'un roman-ramassis de clichés, en fait.

-Oui ! Euh non ! … Si.

Or donc Elodie, orpheline blonde, pure et vertueuse, coule des jours tranquilles et heureux en compagnie de son oncle, qui l'élève dans un monastère suisse désaffecté. Cependant, sur ces helvètes montagnes plane l'ombre d'un mystérieux personnage prodiguant ses bienfaits aux affligés. Nul ne connaît son identité, nul n'a trouvé son repaire sur le Pic Terrible ; la jeune fille devient fascinée par celui qu'on appelle (pause dramatique) le Solitaire.

-Qu'est-ce que c'est long. Mais loooong ! Ca prend des dizaines et des dizaines de pages pour que l'action avance, les expositions pèsent quatre mille tonnes, et il ne se passe RIEN dans la vie d'Elodie en-dehors des péripéties du roman ! Sérieux, la meuf passe son temps à prier, contempler que la montagne est belle…

-Méchante Déidamie, tu exagères un peu…

-D'accord ! Tu as raison, elle joue du luth à un moment.

-Ah, tu vois !

-Mais elle doit avoir un instru mutant, parce que le luth en question devient une lyre quelques pages plus tard. J'ai pas compris d'où ça sortait ! Alors, peut-être que le luth a été mordu par un termite magique qui a modifié son ADN, on a déjà vu des cas semblables, moi, chuis juste étonnée parce que c'est pas le contexte, c'est tout. Ca doit être marrant n'empêche, de lâcher une bestiole comme ça dans un orchestre, tu cherches ta contrebasse, tu trouves un banjo…

-Nan, mais Méchante Déidamie, je pense que « lyre » est utilisé comme métaphore pour dire « instrument à la suprême délicatesse de sonorité »…

-Ben elle est ratée, la métaphore. Ca ne marche pas.

-Si tu veux… et puisqu'on parle de métaphore, continuons sur le style…

-Relou au possible…

-Poétique ! J'allais dire poétique, Méchante Déidamie !

-Bah moi je dis relou.

-(soupir) le style d'Arlincourt est littéralement saturé de poétiques tournures : inversions, métaphores, périphrases à tous les coins…

-Jusqu'à la lourditude ! Ce texte atteint des sommets de ridicule et de mièvrerie, j'vous raconte pas l'état des dialogues ! Et ces périphrases dans tous les coins ! « le fils de Thétis » pour dire Achille… pfff…

-Moi, j'aime bien, ça fait réviser la mythologie, je trouve ça stimulant. Cependant, je reconnais que tu as raison : la surabondance de figures de rhétorique crée un effet de lourdeur, de préciosité ridicule…

-Ha-HA !

-Et j'adore.

-Ah bon ?

-Oui. Je trouve que cette lourdeur même donne son charme au texte, je lui trouve une forme de… naïveté touchante. C'était comme si… comme si je sentais d'Arlincourt véritablement convaincu par son histoire et son style. C'est difficile à expliquer… j'avais l'impression qu'il écrivait avec une sincérité si complète que je ne pouvais que le suivre dans ses lyriques débordements.

-T'as dû être bien énervée par l'édition alors.

-Ah bon ?

-Ben, sortir un livre de l'oubli, d'accord, c'est louable pour la culture ! Mais t'as vu l'édition numérique ? Elle est bourrée de coquilles ! Il y a des fautes ! des lettres manquent et des mots aussi, ils sont passés où ? Ils peuvent pas participer à la sortie parce que les parents ont pas signé l'autorisation ?

-C'est vraiment dommage, parce que M. Tassy propose un travail intéressant avec cette préface et ces annotations.

-Cependant, il ne répond pas à LA question.

-Laquelle ?

-Comment un roman qui a eu autant de succès soit tombé dans un oubli aussi profond ?

-Peut-être à cause de sa lourdeur mentionnée plus haut…

-Ah, parce que le style de Barbey d'Aurevilly est plus aérien, peut-être ?

-Non… mais… peut-être que le roman est mort très vite, comme le péplum au cinéma, tu vois ? M. Tassy l'évoque dans sa préface: le texte est trop lourd, trop dépourvu de finesse pour fonctionner longtemps. Quant à moi, j'émets une autre hypothèse: les fans étaient des femmes. Je peux donc supposer qu'on ne va pas faire de pub ni chercher ce qui plaît dans ce que lisent ces machines stupides et compliquées. Si ça plaît aux dames, c'est forcément ridicule et mauvais.

Je trouve que l'information « succès auprès du public féminin » revêt une importance capitale. de quoi parle le Solitaire ? de cette jeune fille à la fois humble, proie et reine. Humble, parce qu'elle vit dans la simplicité. Proie, parce qu'elle fait l'objet de convoitises, de machinations. Reine parce qu'elle possède un sujet prêt à exécuter ses décrets sans murmurer.

Le Solitaire reprend ce bon vieux motif des romans de chevalerie : la dame représente l'autorité qu'il faut respecter. Un froncement de ses sourcils te broie le coeur et te plonge dans un abyssal désespoir. Dans un contexte où tu n'as pas le droit de grand-chose, une lecture comme celle du Solitaire t'apporte probablement des rêves consolateurs, où le rapport de force peut s'inverser et où tu peux trouver le respect que tu n'obtiens pas forcément dans la vie réelle.

-Mouais bon… ‘faut pas oublier l'effet que produit ce genre de lecture sur Emma Bovary…

-Mais attends, Méchante Déidamie, si toutes les lectrices du Solitaire en 1821 avaient fini comme Madame Bovary, on en aurait entendu parler, non ? Bref !

Est-ce que je vous recommande le Solitaire ? Oui et non. Oui, si vous cherchez une curiosité du XIXe siècle. Oui, si vous aimez la littérature romantique et ses paysages expressifs en fonction de l'humeur des persos ou du tour que prendra l'histoire. Et non, surtout pas, si vous aimez la simplicité, l'épure, le réalisme.

Malgré la qualité décevante du texte, entaché d'erreurs, je reste enchantée d'avoir eu l'occasion de rencontrer ce roman méconnu. J'ai adoré lire le Solitaire, et je remercie bien ManonReal qui me l'a fait connaître ! »
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J'avais hâte de découvrir cette nouvelle collection des éditions du Chat Noir, qui réédite des classiques oubliés de la littérature gothique et romantique des XVIIIème et XIXème siècles, ouvrages à succès à leur époque dont on n'entendait plus du tout parler…jusqu'à aujourd'hui. Bien qu'ayant fait des études littéraires, je n'avais jamais entendu le nom du Vicomte d'Arlincourt et encore moins parcouru un de ses textes – assez nombreux si on en croit la préface de Vincent Tassy. Dans celle-ci, le directeur de collection nous explique le parcours de l'auteur, la réception de cet ouvrage par le public de l'époque ainsi que les raisons qui l'ont poussé au choix de cette réédition. Une introduction que j'ai trouvée très documentée et fort intéressante !

L'histoire qui nous est contée est celle d'Élodie, orpheline recueillie par son oncle Herstall. Elle vit seule avec celui-ci dans un monastère en Helvétie. Son unique autre confident est le prêtre Anselme, homme d'église qui veille sur son innocence comme un père. le quotidien d'Elodie est bouleversé lorsqu'elle rencontre le mystérieux Solitaire, figure énigmatique dont tout le monde parle, mais dont personne ne sait rien. Un étrange lien va les unir l'un à l'autre et nous n'aurons plus qu'une hâte, découvrir enfin l'identité du Solitaire et voir ce que le destin réserve à ce duo improbable.

Voici une charmante petite histoire qui entre dans l'Histoire des Grands. J'ai particulièrement aimé ce mélange entre récit poétique, descriptions de paysages enchanteurs et contexte historique d'époque. C'est un récit qu'on pourrait qualifier d' « élevé » : les émotions et les ressentis des personnages sont extrêmes et décrits dans un noble langage, la nature est omniprésente, dans sa beauté, mais aussi dans sa puissance destructrice. Les éléments se déchainent, tout comme les passions des protagonistes. Tout semble lié en un tout immuable, le destin a déjà choisi le sort qu'il réserve au Solitaire et à Élodie. Une aura presque mystique entoure ce texte.

C'est un livre qui, je pense, ne plaira pas à tout le monde à cause/grâce à son haut niveau de langue, qui peut paraître grandiloquente à l'exagération pour les non-initiés. Les actions qui s'y déroulent sont simples, mais décrites avec tellement d'emphase que cela pourrait paraître artificiel et surfait à qui n'a pas étudié les codes du roman du XIXème siècle. C'est pourtant ces éléments qui ont fait que j'ai adoré cette lecture, car elle sort totalement de ce dont on a l'habitude de lire actuellement et ça, ça fait du bien !

Élodie est un personnage tout en douceur et en innocence. Jeune vierge, sa pureté de caractère et de corps nous est souvent rappelée. Elle est l'âme charitable de la région, la bonté et la beauté incarnées. Si on la croisait, on aurait presque peur de lui adresser la parole et de tâcher cette âme si blanche, presque divine, de briser cette porcelaine magnifique. Elle nous semble un peu naïve et surtout très fragile quant à ses sentiments, premiers émois amoureux qui la touchent en plein coeur. Comme c'est souvent le cas dans les romans romantiques de l'époque, les femmes ne contrôlent pas leurs émotions, elles crient (d'effroi, de surprise, de joie, ça dépend un peu :p ) et s'évanouissent à tout bout de champ. Bien qu'ancrée dans ce cliché, Élodie va tout de même tenter de résister aux obligations que sa noblesse lui impose pour vivre sa douce mais violente passion.

Le Solitaire est tout son opposé : ombre mystérieuse, il vit en ermite dans la montagne et se cache sous un ample vêtement. Personne ne peut voir son visage et qui tente de l'approcher prend le risque de subir sa malédiction. Il n'hésite cependant pas à venir en aide aux personnes dans le besoin, soit en les secourant physiquement, soit en leur offrant une aide financière plus que bienvenue. C'est cette âme charitable qui intrigue Élodie et qui la pousse à croire qu'il faut regarder au-delà des apparences, que celles-ci sont trompeuses. Leurs rencontres sont hasardeuses, et toujours trop courtes à mon goût! Ils semblent s'attirer tout en sachant qu'ils ne peuvent être ensemble : une étincelle d'amour touchante.

Les autres personnages sont tout en force et exubérance également. Entre le vieux Herstall qui ne souhaite que le bonheur de sa nièce, le père Anselme qui tente tant bien que mal de la protéger, la comtesse malveillante et les hommes qui tentent de voler la vertu d'Élodie, on ne s'ennuie pas dans le vieux monastère !

La révélation de l'identité du Solitaire est LE moment fort qu'on attend dans le livre. Je dois dire que j'ai été très surprise et que je ne m'attendais pas du tout à ça, mais je n'en dirais pas plus pour ne pas risquer de vous gâcher la surprise. :D

Une réédition d'un roman romantique gothique du XIXème siècle qui nous propose une histoire mêlant amour, danger et destinée et prenant place dans des magnifiques paysages. Les hauts sentiments habitent les protagonistes qui se laissent guider par leur passion, portés par un langage grandiloquent et poétique à l'extrême. Une très belle découverte et une lecture qui sort de l'ordinaire !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Le solitaire est un roman gothique qui aurait pu avoir son lot de succès...avant de vite être mis au ban du courant romantique. Heureusement, les éditions du chat noir l'ont réédité, merci à eux ;)

Aux milieux de beaux paysages de la Helvétie, Elodie, jeune orpheline vivant au XVème siècle, fait la rencontre du "solitaire", homme sombre et mystérieux vivant par-delà les montagnes.
Le roman est une histoire digne du romantisme noir avec un langage porté sur une profonde exaltation des sentiments et des émotions, mais aussi une tonalité assez spectaculaire. On peut comprendre d'emblée que le roman ait connu un certain succès auprès de la gente féminine du XIXème siècle !
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La collection "Gothicat" (Editions du Chat Noir) s'est donnée pour mission de sortir de l'oubli des oeuvres littéraires gothiques et romantiques du XVIIIème et XIXème siècle.
En directeur de collection consciencieux, Vincent Tassy a préfacé cette édition en nous livrant des informations fort intéressantes et bien documentées sur l'auteur et son livre.
On apprend entre autre que "Le Solitaire" est le premier roman de Charles-Victor Prévost d'Arlincourt. Lors de sa parution en 1821, ce roman rencontre un tel succès que le vicomte d'Arlincourt fut consacré "Prince des Romantiques".
L'histoire se déroule selon un contexte historique mêlé de gothisme et teinté de frénétisme. Malgré quelques tournures maladroites, l'écriture mélancolique de l'auteur a su me charmer. Très poétique, lyrique même, la plume d'Arlincourt dresse une atmosphère éthérée et fait souvent référence à la mythologie et au folklore. Ce dernier point m'a un peu déconcertée car beaucoup de ces références sont inconnues pour moi. J'ai été un peu déçue par les personnages pas assez fouillés à mon goût, très caricaturés, et par la niaiserie des dialogues quelque peu surfaits.
Cependant ce fut une découverte littéraire intéressante et replacée dans son contexte de parution je comprends aisément le succès rencontré par "Le Solitaire" du vicomte d'Arlincourt.
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Les éditions du Chat Noir on décidé de réédité des livres du genre gothique, des romans qui ont marqués ou donnés les bases du genre. Partant de cette ambition, le directeur de collection, Vincent Tassy, nous explique le contexte de l'auteur et l'accueil du public, ce qui est extrêmement intéressant. Suffisamment pour que je saute sur l'occasion dès sa sortie.
Et puis je me suis un peu emballée sur cette chronique.
Lien : http://astarothkenobireader...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Quelques rayons précurseurs du jour avaient chassé les ombres de la plaine éthérée. Humides de la rosée du matin, les arbres de la forêt, agités par les zéphyrs, secouaient leurs couronnes rembrunies. Le dernier mois de Cérès avait fui: déjà quelques feuilles désséchées s'échappaient du rameau paternel. Belle comme le rayon doré de l'astre des cieux à son couchant, la nature, de milles couleurs paraît les bois et les coteaux. Enchanteur est le retour de la saison des fleurs, mais plus touchant encore est l'adieu des beaux jours.
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Fille d’Underlach, dit enfin l’inconnu, pardonnez à l’homme de l’adversité qui, peu maître des mouvements de son coeur, crut qu’un ruban qu’avait porté l’innocence pouvait, en talisman céleste, purifier sa sombre demeure, et rendre le repos à son âme.
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Hélas ! tel est le cœur humain : souvent il ne sent la valeur de ce qu'il possède que lorsqu'il est au moment de le perdre. Plutôt destiné aux regrets qu'à la jouissance, il apprécie ce qu'il avait, lorsqu'il ne l'a plus et qu'il souffre. Les yeux de l'homme ne s'ouvrent-ils donc que lorsqu'ils pleurent !...
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" Quel ordre ai-je à vous donner ! répète Elodie de l'accent le plus doux. Ai-je donc le droit de vous donner des ordres !
- Parlez ! répond l'homme du mont Sauvage. Que vous ayez le droit ou non de me commander, je suis prêt à vous obéir. Vous m'avez fait trahir tous mes serments : pour vous j'ai repris ces armes guerrières que j'avais juré de ne plus revêtir ; pour vous j'ai retiré du fourreau ce glaive que j'avais rejeté pour jamais avec horreur ; et pour vous encore, je sens battre ce cœur que je m'étais promis de rendre insensible et glacé. "
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L’inconnu de ces vallons ne hait point ses semblables, puisque, compatissant à leurs souffrances, il s’est montré souvent leur sauveur : il ne les fuit point, puisqu’il apparaît partout où se font entendre les accents de la douleur et du désespoir. Pourquoi donc soupçonner le crime où tout annonce la vertu?
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