Sous le palmier sacré, les mots prenaient des souplesses et des chatoiements de paradisiers. Les quincailliers se demandaient tout ce que cela voulait dire, mais les crémiers, les parfumeurs et les disquaires ressentaient une certaine fierté à ne rien comprendre et il arrivait à d’autres notables de pétiller sous cette éloquence et d’échanger en se penchant des clins d’yeux, tels qu’au goûter d’un nouveau vin.
Ma maison est l’univers, il me faut au moins cela, et n’aurais-je pas le droit de chanter ? Ne vous rappelez-vous ces croyants qui montaient au bûcher en lançant leur plus bel air ? C’est même à cette ivresse que l’on reconnaissait les bienheureux. Alors, ils m’applaudirent et me prirent par la main. Le silence fut si grand tout à coup, qu’il m’apparut que je m’étais quitté depuis des siècles.
Il n’est plus question de faire le fier ni l’oublieux, mais de souligner d’un trait noir la joie que je viens de goûter, qui n’est plus qu’une salle aussitôt fermée qu’ajoutée à celles de mon musée, ou mieux qui n’est que l’unique galerie dont un reflet nouveau s’ajoute aux milliers d’autres qui s’enchantent et s’engendrent entre ses murs de glaces, puisque tous mes bonheurs se ressemblent.
Il en ressortait, sans notion du temps, par le même cataclysme et retrouvait les débits de vins toujours coincés entre deux arbres. Il était beaucoup plus ivre que du temps qu’il avait de quoi boire et il était le seul à ne plus savoir que
la mort existe, dont la porte ne cesse de battre, folle et miséricordieuse.
La guerre ressemble à ces femmes qui font tourner la tête, dont on craint les maladies, les coups de nerf, les tromperies, qui vous ensorcellent, vous rendent fous,maigres, pourris et cocus, mais pleins à jamais de souvenirs, incendies que les autres prennent toujours pour des feux de paille !