A l'armement traditionnel, le Comité [de Salut public] souhaita, dès août 1793, ajouter des engins secrets. Les expériences commencées à La Fère furent continuées dans l'ancien domaine royal de Meudon, qu'on interdit au public. Prieur en assura la haute direction avec les savants de la section des Armes.
D'abord il s'efforcera d’accroître efficacité des explosifs, fit étudier des boulets creux remplis de substance incendiaires, et reprit les essais de poudre au chlorate de potasse entrepris par Lavoisier. On doit au laboratoire de Meudon la découverte du « grain de lumière » des canons et les obus munis de ceinture métalliques qui en accroissaient la portée.
Là aussi se poursuivirent les expériences d'aérostation que les frères Montgolfier rendirent célèbres en 1793. Le Comité leur reconnaissait une valeur militaire, tant pour renseigner sur les positions ennemies que pour leur envoyer des projectiles. Le général Meusnier proposait même un ballon capable de porter 30 hommes au-dessus des mers.
Le gonflement à l'hydrogène étant résolu grâce à la ténacité de Guyton-Morveau, un commissaire, Coutelle, secrètement expédié à l'Armée du Nord, fut froidement accueilli par les généraux. Mais l'essai, retardé jusqu'en germinal, réussit; on créa une compagnie d'aérostiers de 30 hommes. Le nouveau ballon, l'Entreprenant, put ainsi survoler la bataille de Fleurus et troubler les coalisés.
3078 – [p. 189] Marc Bouloiseau, La France s'arme.