Un indispensable pour en finir avec l'idée que l'état et les institutions de "notre république" représentent le pouvoir, et comprendre la pièce de théâtre jouée depuis 150 ans par nos chers élus, et possiblement admettre que tout état est gouverné de fait par une oligarchie, hélas absente des plateaux de télés...
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Pour rêver, rien de tel que des images, accompagnées de sons qui, tout seuls, peinent à alimenter ces rêves dont le besoin et la nature varient avec l’âge. Aux enfants et adolescents, les dessins animés puis les « soaps » consacrés à la rencontre des belles, sinon riches, héritières. Plus tard les aventures sentimentales heureuses et malheureuses où chacun peut s’identifier ou laisser se débonder ses haines et ses afflictions. À l’âge mûr, tous sexes confondus, les images de la richesse, que certains ont pu accaparer valent bien d’accompagner la vie.
Se nourrir suffit aux petites ailes qui sont même incapables d’accumuler leur pitance pour les mauvais jours, aussitôt que leur faim est calmée. En s’agglutinant, les petits poissons ne cherchent qu'à échapper aux dents des plus gros. La prédation de l'oligarchie n'a aucune autre limite que les réactions hostiles suscitées par sa volonté d’accumulation illimitée.
L’opacité n'est toutefois qu’un début d’impunité, en particulier à l’égard des pouvoirs publics. La nature même de tous les nouveaux actifs mettait la banque à l’abri de la contestation du public. Comment en vouloir à ceux qui dispensaient facilement les crédits nécessaires à l'acquisition du logement et à ceux qui les assuraient ? Ils méritaient au contraire la reconnaissance de tous ceux, nombreux, qui accédaient enfin à un logement auquel ils n'osaient prétendre avant les largesses de ces « nouvelles » banques.
Pour vivre, ces super riches doivent donc trouver ce qui peut leur faire éprouver ce plaisir. Pas facile lorsque son pouvoir d’achat est illimité, et que les biens de ce monde peuvent être acquis aisément. Le plaisir se trouve sûrement dans un des instincts qui font naître la meute. Pas celui qui éloigne ou exorcise le danger, mais celui où l’on se rassemble avec ses semblables, où la fortune côtoie et s’agrège, un soir, une semaine, un mois, plus longtemps avec une autre, plusieurs autres fortunes.
Quiconque souhaite la richesse n'aura de cesse d’accumuler certains objets, de même que l’alcoolique préfère certains vins. Il est cependant fort rare que les collectionneurs de « boîtes d’allumettes » soient plébiscités par l’oligarchie. Il l’est beaucoup plus que les grandes fortunes le soient, d’autant que bien établies.
Alain Cotta, « L'hypercapitalisme mondial », Éditions Odile Jacob.