LE VAISSEAAU D'OR
Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif:
Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues;
La Cyprine d'amour , cheveux épars , chairs nues,
S'étalait à sa proue, au soleil excessif.
Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans l'Océan trompeur où chantaient les Sirènes,
Et le naufrage horrible inclina sa carène
Aux profondeurs du Gouffre, immeuble cercueil.
Ce fut un Vaisseau d'Or , dont les flancs diaphanes
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés
Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?
Qu'est devenu mon coeur, navire déserté ?
Hélas! il a sombré dans l'abîme du Rêve !
Qu’est devenu mon cœur, navire déserté ?
Hélas ! Il a sombré dans l’abîme du Rêve !
Émile Nelligan – Prière du soir