Comme je le disais pour le tome 2, ce cycle est à lire à plusieurs niveaux. Rappelons qu'il date de 1977 et que l'auteur a vécu ses 16 premières années en Inde où son père était un médecin missionnaire, notamment auprès des lépreux.
L'on comprend aisément pourquoi il s'attache si profondément à décrire toutes les souffrances de ce lépreux qu'est Thomas Covenant, qui oscille sans cesse entre refus puis acceptation de sa maladie, de sa condition, de son repli sur soi, de sa haine des autres, de sa fuite dans un monde imaginaire que l'on croit aisément possible dans l'esprit de n'importe quel lépreux, condamné. Il insiste fondamentalement sur le fait que la lèpre est incurable, que le lépreux ne peut que survivre, qu'il est voué à constater sa dégradation physique, à constater son inéluctabilité. Et Donaldson nous montre tout cela, et construit son récit uniquement autour de cela, car c'est ce combat intérieur qui ressort et qui reste gravé dans la mémoire du lecteur. Peu importe le côté imaginaire, fantasy, onirique, ce n'est qu'une façade pour raconter son histoire, et certainement son propre vécu. C'est également une allusion à la mentalité américaine, que de pousser son personnage, le lépreux à culpabiliser sur sa propre condition. S'il est malade, c'est sa faute et uniquement la sienne; s'il est rejeté, c'est uniquement parce qu'il est malade et le monde ne s'embarrasse pas de malades, de laisser pour compte.... D'ailleurs le Mal qui ronge le Fief est appelé le Mépris....!
Côté fantasy, nous assistons à un fantastique combat entre le Fief et les forces du Rogue, totalement épique, qui se renouvelle, qui évolue et qui trouve son dénouement dans l'affrontement final. D'aucun diront que la fin est décevante tant elle est courte, frustrante, peut être même bâclée mais c'est bien dans la globalité des événements et leur évolution jusqu'à ce moment ultime que réside l'intensité dramatique du cycle car comme le constate Thomas Covenant lui même : " Il était malade, victime de la maladie de Hansen. Mais il n'était pas que lépreux. La loi de sa maladie était gravée sur les nerfs de son corps en grosses lettres indélébiles; pourtant, il ne se réduisait pas à elle. Au moment le plus critique, il avait fait le nécessaire pour sauver le Fief. Il avait un coeur qui faisait encore circuler son sang dans ses veines, des os qui pouvaient encore supporter son poids. Et il avait.... lui même.
Thomas Covenant, Incrédule.
Un miracle.
Malgré la douleur de sa lèvre, il sourit. Parce qu'il était vivant.
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Avec le tome précédent, l'on pensait naïvement avoir tout enduré de la folie dévastatrice de la lèpre et du Mépris. Las ! Convenant, imbu d'une détermination nouvelle, nous entraîne ici aux sources de sa maladie. Un long et douloureux pèlerinage en forme de thérapie, émaillé de quelques longueurs mais qui recèle une morale intéressante. Et clos de la plus belle des façons une première trilogie sombre, mature, atypique et, malgré les apparences, résolument tournée vers la vie.
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Et voilà la trilogie qui s'achève et le voyage de Covenant qui prend fin dans ce 3ème volet de ce cycle.
Beaucoup d'actions dans ce dernier opus et beaucoup de marche aussi. Il a raison de les faire autant marcher ses personnages, le père Donaldson, il paraît que les voyages forment la jeunesse.
Cependant, à lire ils sont très répétitifs et très nombreux, pauvre lecteur !
Au final, un cycle peu convaincant qui ne provoque ni émotions, ni plaisir en refermant cette trilogie. Une déception. 2/5
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La joie est dans les oreilles qui entendent, tu t'en souviens ? C'est toi qui me l'a appris.Ecoutes-moi bien. Voici la joie que je te donne à entendre : j'ai battu le Rogue. Le fief est en sécurité... pour le moment. Je te le jure. Maintenant je voudrais...(Ses yeux s'embuèrent.) Je voudrais que tu ries.
La vengeance est le plus doux de tous les rêves ténébreux.