Voici donc une plongée dans la bande dessinée d'autrefois, au goût de l'enfance. Une époque où les histoires ne n'assombrissaient pas systématiquement par une kyrielle de messages idéologiques transformant, de nos jours, la moindre oeuvre à destination de la jeunesse en manifeste politico-social.
Les aventures de Quentin Foloiseau sont nées, à la fin des années 1970, dans le Journal Spirou, ayant recueilli en son sein Les Schtroumpfs, Gaston Lagaffe, Boule et Bill, Yoko Tsuno, etc., excusez du peu ! le Journal Spirou qui, à l'époque, s'affrontait sur le ring avec le Journal Tintin, l'autre poids lourd des magazines de bande dessinée.
Si L'Île du bout du monde – précédente aventure de Quentin Foloiseau, un photographe animalier, ce qui est raccord avec son nom !– était un plus petit récit, en deux temps, convenant rétrospectivement mieux à un format magazine mais un peu moins à celui d'un album, le Mystère du lac sans nom, en revanche, est un récit digne du cinéma qui, dans un joyeux capharnaüm, précipite des aventuriers improbables dans une histoire où se rencontreraient à la fois les univers d'Indiana Jones et James Bond. Explosions, catastrophes, villages d'indiens perdus dans la forêt, monstres antédiluviens et espions plus ou moins bien intentionnés, tout y est.
La ligne claire est ici parfaitement maîtrisée par
Jean-Luc Hiettre, lui-même servi par un scénario rigoureux de
Jean-Yves Brouard. La longueur et la densité de l'histoire nous offrent ainsi un voyage amazonien exceptionnel, à la recherche d'un anaconda géant.
Remarquablement divertissante, cette aventure de Quentin Foloiseau et de l'exquise Askelle, rencontrée dans une précédente aventure plus froide – L'Île du bout du monde, citée plus haut et qui se déroule en Antarctique – remplit ainsi parfaitement son office…