Des sagas d'heroic-fantasy, il y en a pléthore... Mais des sagas d'heroic-fantasy qui créent toute une cosmogonie originale, et qui questionnent sur un sujet sensible de notre société d'aujourd'hui la question du genre ! c'est déjà moins courant. C'est ce que produisent pourtant le trio Emilie Alibert (dialoguiste), Denis Lapière (serial-scénariste) et le dessinateur espagnol Adrian avec leur saga du "Roi Louve". Dans ce royaume, d'obédience matriarcale, les enfants naissent dans des oeufs et le genre des sujets ne se définit qu'à leur majorité... Avant cela, c'est incertain. Ce contexte s'entremêlent d'intrigues de pouvoir, de putshs latents et de mille rebondissements. Nous avons profité du festival d'Angoulême de mars 2022 pour interviewer les trois auteurs d'un coup. Sans faire d'omelette.
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Maman, pourquoi les Italiens nous bombardent ?
- Parce que Mussolini est un fasciste comme Franco, ma chérie, et que les salauds s’entraident. (page 29)
Je sais que c’est banal et que ça arrive à plein de filles un peu gourdes, comme moi… Mais quand on s’est connus, Giordano et moi, j’avais seize ans et lui dix-neuf… C’était un dur, bien sûr, mais au fond, il n’était pas mauvais. C’était surtout un genre qu’il se donnait… Et il avait une moto.
(page 12)
Il n'est pas tout de conquérir ses libertés, encore faut-il être capable d'en faire quelque chose.
De voir et d'entendre rire les policiers, de les voir s'amuser à nous réduire à l'état d'animal, j'ai eu envie de vomir.
[...] qu'est-ce qu'on a en nous ? D'la fatigue, d'la maladie, des microbes, d'la transpiration, on fait des pipis et des cacas, hein ? [...]
Parfois, on a des désirs, mais c'est toujours des trucs qu'on peut pas réaliser... on veut toujours c'qu'on peut pas avoir... pas terrible tout ça, j'trouve ! Dans l'fond, la seule chose de bien à notre disposition, en nous-mêmes, c'est les rêves...
Comment faire comprendre au monde que les cauchemars, les mauvais rêves, peuvent être un jour terriblement réels ?...
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?
(Lamartine – Le lac)
- Maman, pourquoi les Italiens nous bombardent ?
- Parce que Mussolini est un fasciste comme Franco, ma chérie, et que les salauds s'entraident.
Tu sais comment j'ai survécu ? Parce qu'avec José et Andrès, des hommes de bien, nous sommes restés solidaires jusqu'au bout. Je ne les oublierai jamais... On partageait tout.
C’est tout de suite à la fin de la guerre que vous avez appris pour ton père ?
- Pardon… ?
- … sur sa déportation à Mauthausen… sur sa mort, là-bas…
- Il a fallu du temps. D’abord, personne ne pouvait nous dire où il était. Puis un courrier officiel nous a expliqué très succinctement ce qui s’était passé. Le convoi des Espagnols pour les camps de concentration nazis, ceux qui en étaient revenus et puis les autres… J’ai beaucoup pleuré… (page 56)