Je n'étais que partie pour relire les tomes 5 et 6 des "Contes du Korrigan" et m'en voilà au huitième, "Les Noces Féériques"...
Ces contes là sont comme un bon petit verre de chouchen: ils ont un un furieux gout de "reviens y" mais sont garantis sans migraine ni nausées. En revanche, on ne peut s'en arracher sans une mélancolie douce-amère, comme un air de violon ou la mélodie de "La Dame du Lac" d'
Alan Stivell... Lecteurs de contes et de légendes, nous ne valons pas mieux que les mortels qui pénètrent un jour au Pays des Fées. le temps y file comme une nuée d'hirondelles au début de l'automne et il est douloureux d'en sortir, de briser l'enchantement comme d'autres un miroir... Alors oui, forcément, le gout de "reviens y"...
Me voilà droguée aux histoires comme au chocolat. Aux contes comme au thé. Droguée, coincée, piégée et il ne me restera après "Les Noces Féériques" que deux volumes à dévorer.
C'est triste. C'est même tragique.
Mais venons en aux faits: de tous "Les Contes du Korrigan", "Les Noces Féériques" font partie de mes préférés tant pour ce que cet opus relate du fil rouge qui nous occupe depuis l'Irlande que pour les récits qui s'y déploient. L'un d'eux peut d'ailleurs s'enorgueillir de compter parmi mon trio de tête et de coeur!
L'album, toujours aussi joliment enluminé, s'ouvre sur le retour en Armorique de Koc'h et de sa fiancée enfin retrouvée. Sur le rivage, leurs amis les attendent et c'est extrêmement plaisant de retrouver ces personnages croisés au gré des pages et des récits précédents: la Reine des Fées, Sabrenn, Pepi, Barba Gwen, Dir Botez, Rory... Tous sont de la fête et prêts à célébrer l'amour et les noces prochaines de Siobhan et Koc'h. Il y a de l'amour dans l'air dans ce volume des désormais célèbres "Contes du Korrigan" et ça fait du bien. C'est un ouvrage qui ressemble à une grande tablée d'été, fraises et nappes blanches sous le soleil et la ramée et cela fait du bien. Ajoutez y un peu de musique, du violon, du tin whistle et un biniou... Vous y êtes? Moi, j'ai déjà envie de me servir un verre (encore!), de me gaver de crêpes et de danser... Et de les écouter, encore et encore. de les écouter encore et toujours.
Regardez, Rory est tout proche et son regard s'éloigne déjà vers sa chère Ecosse, ses falaises, ses îles tout au nord. Il s'apprête à raconter l'histoire de la Selkie, de son amant et de la mère de ce dernier. Cette histoire est sans doute l'une des plus belles de toute la série tant par ses illustrations d'une douceur et d'une poésie folles que de son intrigue, d'une grâce et d'une beauté infinies mais aussi d'une tristesse insondable, presque désespérée. Il y est question d'amour fou et de chanson, de sacrifices et de liberté, de sororité et des vagues de l'océan... Je crois bien que c'est ma préférée entre toutes.
Rory se tait et c'est au tour de Seamus. Son histoire est moins mélancolique que la précédente, moins éthérée. Elle est même réjouissante, optimiste. Ses personnages y sont incroyablement bien croqués, vivants, lumineux. L'intelligence, l'astuce y sont reines. L'amour aussi, bien sûr et c'est beau, c'est joyeux.
Au leprechaun succède le korrigan. Dir Botez entre en scène avec un récit sombre, ténébreux qui ne trouvera son salut que dans l'amour et le courage éprouvés par une orpheline que le sort a placé entre les sales pattes de son sorcier d'oncle. Il est question d'amour, toujours, mais aussi de cavalcades et de chevaux... Une histoire à frémir quand on se retrouve seul dans le noir...
Les histoires s'achèvent, il est temps d'aller dormir. Demain est un grand jour. Oui mais voilà, Skoul aussi est ici et il a juré de se venger de Koc'h à qui il reproche d'être le préféré de la reine Anna...
Comment tout cela finira t-il? Un seul moyen de le savoir: se plonger dans le tome suivant où à l'image de Shéhérazade, les auteurs des "Contes du Korrigan" n'ont pas fini de jouer avec nos nerfs et nos émotions...