Maman, pardonnez-moi toutes les choses communes que je vais dire avec emphase », dit Lucien à sa mère en la quittant sur les neuf heures.
En entrant à l’hôtel Grandet, Lucien examinait curieusement ce portier, cette cour, cet escalier au milieu desquels il allait manœuvrer. Tout était magnifique, cher, mais trop neuf. Dans l’antichambre, un paravent de velours bleu garni de ses clous d’or et un peu usé eût dit aux passants : « Ce n’est pas d’hier seulement que nous sommes riches… » mais un Grandet pense à faire une spéculation sur les paravents, et non à ce qu’ils disent aux passants dans une antichambre.
Lucien trouva madame Grandet en petit comité, il y avait sept à huit personnes dans l’élégante rotonde où elle recevait à cette heure134. Il était de bonne heure, trop tôt pour venir chez madame Grandet. Lucien le savait bien, mais il voulait faire acte d’un cœur bien épris. Elle examinait, avec des bougies que l’on plaçait successivement sur tous les points, un buste de Cléopâtre de Tenerani que l’ambassadeur du roi à Rome venait de lui envoyer. L’expression de la reine d’Égypte était simple et noble. Toutes ces figures faisaient des phrases et l’admiraient.
« Elle illumine leur air commun, se dit Leuwen. Toutes ces grosses mines à cheveux grisonnants ont l’air de dire : Oh ! quels bons appointements j’ai ! »
Un député du centre complaisant, attaché à la maison, proposa une poule au billard. Lucien reconnut la grosse voix qui, à la Chambre, est chargée de rire quand, par hasard, on fait quelque proposition généreuse.
Madame Grandet sonna avec empressement pour faire allumer le billard. Tout semblait à Lucien avoir une physionomie nouvelle.
« Il est bon à quelque chose, pensa-t-il, d’avoir des projets, quelque ridicules qu’ils soient. Elle a une taille charmante, et le jeu de billard donne cent occasions de se placer dans les poses les plus gracieuses. [1] Il est étonnant que les convenances religieuses du faubourg Saint-Germain ne se soient pas encore avisées de proscrire ce jeu ! »
Critique de Say, proche de Bentham, Stendhal se confronte aux théories économiques de son temps. de l'utilitarisme au malthusianisme en passant par la question de la division du travail, le célèbre écrivain était aussi économiste.
Pour comprendre l'économie à travers le regard De Stendhal, Tiphaine de Rocquigny reçoit Christophe Reffait, maître de conférences en littérature française, Université de Picardie Jules Verne.
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