J'ai encore le souvenir de Druillet et Moebius/Giraud (je crois, à moins que ce ne soit Dionnet) annonçant la parution du premier numéro dans l'émission 1 sur 5 présentée par Patrice Laffont à l'époque. Cherché sans succès chez tous les marchands de journaux de Marseille et finalement commandé par correspondance, reçu très très longtemps après l'avoir acheté avec le second numéro - les premiers numéros étaient trimestriels alors je laisse imaginer le temps écoulé avant que la poste ne veuille bien le livrer - à la librairie la Touriale, lieu magique où l'on trouvait aussi des parutions underground américaines tout aussi déjantées que les histoires en images qui abondaient dans ce canard-là. Aujourd'hui ce premier numéro prend l'humidité comme le reste de l'intégrale (ou presque, il doit en manquer une petite quinzaine) de la série dans une pièce condamnée de mon triste manoir au bout de l'impasse du thym.
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Le 19 décembre 1974, à quatre heures du matin heure locale ; aux limites de Livry-Gargan et de la forêt de Clichy ; enfin réunis ... Philippe Druillet, l'enlumineur paranoïaque, Moebius alias Gir, alias Giraud, alias le dessinateur aux mille faces, Jean-Pierre Dionnet dit Grat-Grat, votre serviteur...et Bernard Farkas, venu mettre un peu d'ordre dans nos projets grandioses et un peu d'âme dans nos comptes ; décidèrent simultanément et à l'unanimité,
-de ne plus répondre, désormais, qu'au seul nom collectif de :
"Les Humanoïdes associés"
- de rééditer enfin "Le bandard fou" cet album mythique depuis trop longtemps en rupture de stock
- de sortir tous les trois mois un magazine de science-fiction en bandes-dessinées où ils étaleraient complaisamment leurs fantasmes putrides : celui-là même que vous tenez entre vos mains gercées ou manucurées...
- de préparer plein d'autres choses...
Pour cela ils travaillèrent comme des bêtes, perdant le boire et le manger, s'éveillant la nuit pour noter leurs cauchemars...Et ils allèrent même chercher Étienne Robial de "Futuropolis" qui dessina le titre et mit les pages en forme...
Désormais, cachés derrière une planche de format grand-aigle pour s'abriter du vent, ils n'attendent plus, gémissants d'impatience, que votre verdict.
Jean-Pierre Dionnet
(Editorial du numéro 1 de "Métal Hurlant" de décembre 1975)
Pendant ses deux premières années d'existence, de 1975 à 1977, la politique de "Métal-Hurlant" créé par Moebius, Druillet et Dionnet fut de publier exclusivement de la science-fiction, chacun des fondateurs étant grand amateur du genre.
[....]
"Métal-Hurlant" de son côté conserve une part à la science-fiction, pricipalement avec le tandem Moebius-Jodorovski et leur série "l'Incal", mais publie conjointement l'humour rock de Margerin et de Tramber, les expériences d'une certaine marginalité, les audaces graphiques (les superbes planches de D. Eberoni) et des récits inhabituels.
"A toute berzingue" une passionnante rubrique d'actualité éclectique et acerbe vient ponctuer cette mosaïque BD...
(extrait de "Fluide-Glacial, Métal-Hurlant, une odeur de réussite", article du premier numéro de BD magazine paru en juin 1985)
Tiens ! Tiens !...
une distorsion du bloozeur de ridelle !...
Le bloozeur !... J'aurais dû m'en douter !...
Je suis sûr que la panne vient de là !...
Heureusement, il m'en reste une caisse
Bon !...Ben y'a plus qu'à remonter le bazar une fois de plus
Artiste multiforme, Jacques Loustal est notamment connu pour ses carnets de voyages, genre qu'il pratique depuis plus de quarante années. Cette pratique du dessin d'observation, sur le vif, n'est d'ailleurs pas étrangère à celle de la bande dessinée, les images faites en situation pouvant ensuite être utilisés comme socle d'un récit (« L'Homme de sable, avec Philippe Paringaux, Métal Hurlant, 1981). En compagnie Laurent Lolmède confrère ayant également pratiqué le carnet de voyages, on reviend dans cette rencontre du SoBD 2023 sur cette façon de dessiner… et de faire des livres. « Je faisais un dessin comme quelqu'un pouvait se mettre au coin d'une rue et fumer une cigarette », explique ici Loustal pour exprimer ce qui l'intéresse dans le dessin sur carnet. Pour lui, le voyage est eu coeur de cette activité graphique. Moins pour Lolmède, qui se définit plus comme un promeneur, un dessinateur de campagne. Pour ce dernier, le carnet de voyage est un objet à part entière, qui peut s'apparenter à un fanzine, tandis que Loustal évoque le plaisir fétichiste du carnet vierge, du livre blanc qu'il s'agit de peupler en toute liberté, l'exercice autorisant le dessinateur à choisir les outils qui lui conviennent. Evoquant le dessin-récit, qui condense en une seule image une scène qui peut être éclatée et s'étaler sur un certain temps, Laurent Lolmède rappelle que le B.A. BA du dessin, pour Lolmède, c'est de faire comprendre ce que le dessinateur voit. Les intervenants s'accordent sur le fait que le carnet de voyage est devenu un genre littéraire dessinée à part entière. le dessin sur le vif est un pratique très spécifique, qui rejoint également le reportage dessiné. La rencontre, qui s'est tenue le dimanche 2 décembre 2023, est animée par Frédéric Michel.
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