Il y a des livres dont il faut seulement goûter, d'autres qu'il faut dévorer, d'autres enfin, mais en petit nombre, qu'il faut, pour ainsi dire, mâcher et digérer. (p148)
" Francis Bacon"
L'homme vivant en société, environné d'une foule d'objets qui l'attirent ou le repoussent, livré à des passions qui le tourmentent sans cesse est facilement entraîné par elles. La morale peut sans doute en affaiblir la funeste influence, en diminuer les dangers; mais une passion forte ne peut, le plus souvent, être détruite que par une passion plus forte encore, et l'homme n'est pas toujours maître de faire usage d'un pareil remède.
Quand on veut se conduire sagement dans le chemin de la vie, il faut plus souvent regarder derrière soi que devant: le passé ne trompe point, il parle toujours le langage de la vérité; l'avenir, au contraire, n'offre qu'incertitude et mensonge; mais comme un brillant météore placé dans le lointain, on y voit l'espérance.
L'homme reçoit avec la vie le principe de sa destruction. Il est placé dans la prédominance du tempérament que la nature lui a donné, et se développe en raison des circonstances physiques ou morales qui l'environnent, et qui agissent plus ou moins fortement sur lui. S'il savait reconnaître ce principe, le favoriser dans ce qu'il a d'utile, et le combattre dans ce qu'il a de nuisible, il jouirait d'une meilleure santé, vivrait plus longtemps, et sans doute serait plus heureux.
Les nobles sont comme les livres : il en est beaucoup qui ne brillent que par leurs titres.