Vrai coup de coeur pour ce roman vivant! On se met très aisément dans la peau du personnage principal, et on vit les années 80 et la new-wave intensément, même si on a pas vraiment connu cette période soi-même.
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Faire l’amour pour la première fois dans un jardin public, j’aurais trouvé ça cool. Le parfum de l’herbe mouillée mêlé à celui du danger d’être surpris, comme des amants clandestins, des amants de la nuit. Si Karim a refusé d’aller jusqu’au bout, c’est uniquement par égard pour moi et pour l’idée qu’il se fait des sentiments des filles. A force de faire leur belle, elles nous pourrissent les expériences. Se contenter de paloter pendant cent sept ans fait de vous une demeurée. Lorsqu’on a envie de rentrer dans l’existence, le seul moyen est de passer par la grande porte, avec un corps plus tout à fait intact. Le palot ça vous laisse au bord de la vie, c’est mon avis.
Dans une boîte, on se fout bien de savoir l’heure qu’il est. On échappe à la tyrannie du temps. On se laisse embarquer dans cette nouvelle existence où la lourdeur est exclue. C’est comme si on se consignait au vestiaire pour se récupérer en sortant.
Et mes parents, ils sont pas différents des autres, ils cherchent à s’occuper l’existence. Alors glaner des billets, vaut bien chercher des champignons dans la forêt, c’est une occupation lambda. La vérité, c’est que je m’en fous ; je me fous qu’ils aient autre chose à faire que de vouloir me comprendre. Comme je l’ai dit, ce que je veux, c’est vivre la vie, la vraie, la nuit, celle du mensonge, celle qu’on lit dans les romans de Françoise Sagan. Même si ça fait pleurer, au petit matin gris parce que le contraste est trop dur. Mal d’aurore. Bonjour Tristesse.
Certaines filles que j’ai croisées comptent bien attendre de se marier pour baiser avec un mec. Elles parlent de leur corps comme d’un joyau hyper rare qu’elles offriraient seulement à un mec qui le mériterait vraiment, alors qu’elles se trimbalent un vieux cul celluliteux de cinquante ans.
Illico, je comprends que c'est à cause d'une affaire de fric. C'est toujours la même chose. À l'école, les profs passent leur temps à nous expliquer que l'humain c'est profond, très profond, que c'est ce qui le différentie des animaux, qu'un humain, ça pense. Hormis le cul et le fric, ça pense pas à grand-chose. Pour trois tarés qui pensent, y'a des milliards de tarés qui pensent à rien. Voilà la belle humanité.