Le handicap ne prête pas d'emblée à sourire…
Certes, mais cette auteur à la verve piquante et habile comme un coup d'estoc, sait insuffler avec maestria de l'ironie dans les pires situations, jusqu'à susciter en nous une pointe de culpabilité savoureuse.
Des dialogues affûtés qui s'amorcent avec les allures du ballet Gayaneh, dont le tranchant s'émousse à mesure que les corps se rapprochent, dans une amplification progressive du désir, non dépourvue de rapport de force.
Une pièce, d'autant plus touchante qu'elle trouve sa genèse dans une rencontre qui aurait pu ne pas se produire et se noue sur cette gageure, irriguée par le désespoir et la colère :
« Je vous mets au défi de passer dix jours cloué dans un fauteuil sans avoir l'idée de vous tirer une balle. »
Ferment des péripéties, cette proposition se mue en une expérience initiatique et expiatoire, rachetant tout ce qui dans la vie des personnages, dans nos vies, est employée contre elle.
C'est un huis clos qui, certes, fait tomber les murs d'une claustration réelle mais brise aussi d'un même élan les planches de nos petits radeaux de sureté, refuges face à l'inconnu et aux tressaillements imprévisibles de nos vies. Tous ces élans de vitalité encalminés entre les pierres de nos petites chapelles intérieures, bâties par la peur.
Mais comment abreuver sa volonté de vivre, quand on est contraint par le handicap à écoper les ressacs quotidiens de l'ouragan qui a ravagé votre vie ?
Comment trouver la force de ferrailler avec le dehors où règne un statu quo déplorable et inamovible ?
Sans escamoter ces apories, pas plus qu'elle ne nivèle la charge contestataire de son propos, l'auteur nous invite à aviver des désirs aventureux. À tramer une vie de lumière de tendresse et d'humour, obstinément. Seule condition de possibilité ? le truchement d'une présence aux bras audacieux, prévenants et volontaristes.
Une histoire comme on les aime, optimiste et facétieuse !
Un sacré moment de délice !
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LAURA
Mais c’est ignoble !
LÉO
Ah non, c’est économique ! Vous n’avez pas de Canigou à acheter pendant de longues semaines. Tous les jours, vous hachez fine- ment une partie du corps du macchabée que vous mélangez avec du riz, pour l’équilibre alimentaire de votre toutou. Vous servez tiède et je vous assure qu’il se régalera.
(Léo avale la couleuvre et continue avec minutie. Il pose un bouddha doré au hasard dans la bibliothèque.)
LAURA
Trop bas, le bouddha. L’élévation spirituelle ça commence par une position élevée dans la bibliothèque.
LAURA
Vous êtes bonne pâte, Léo ! Ou un peu tarte au choix... Avec la bonne poire que je suis, l’alliance peut être intéressante.
LAURA
J’aime bien être seule pour me suicider, mais pas pour boire. Allez vous chercher une tasse et trinquons !