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EAN : 9782856168424
223 pages
Presses de la Renaissance (02/05/2002)
3.58/5   6 notes
Résumé :

Portant sur son dos la charge inhabituelle d'un violoncelle, Ariane Wilson traverse en août 2000 la vallée reculée du Zanskar, dans l'Himalaya. Elle part avec Maya Gratier à la recherche de rencontres sonores, en troubadours des hautes cimes. De vallées en cols, au rythme de la marche, elles découvrent d'autres traditions où la musique, accordée au diapason des paysages, est ancrée dans la vie profane et sacr&... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quelle lecture !
Le titre et la couverture m'avaient attirée : j'aime la montagne et la musique, et j'aime particulièrement le violoncelle.
Je pensais passer un bon moment. Mais ce n'est pas "un bon moment" que ce livre m'a procuré, non, l'expression est bien trop faible !
J'ai voyagé, j'ai vibré, j'ai suivi avec passion les aventures d'Ariane Wilson et de son violoncelle.
Que je vous en dise un peu plus (sans tout dévoiler !) sur cette lecture originale en diable.
Ariane, journaliste et historienne d'art passionnée de musique passe un mois à traverser le Zanskar, une vallée reculée dans l'Himalaya. Remplie de curiosité, elle part à la découverte d'autres cultures, d'autres traditions. Elle sera accompagnée au début de l'aventure par Maya, psychologue spécialiste de la petite enfance, désireuse d'observer les relations mère-enfant.
Très ouvertes, les deux jeunes femmes sont attentives aux moindres détails, et font de chaque rencontre une petite aventure d'une grande richesse humaine.
Le violoncelle intrigue. Qu'est-ce donc que cette grosse boîte sur le dos d'Ariane ? Et qu'est-ce donc que cet objet caché dedans ? Sans parler des drôles de sons qui en sortent !
Certains se montrent timides, voire se méfient, mais presque tous finissent par approcher, par écouter, puis par participer.
Certaines scènes sont touchantes et la communication qui s'instaure franchit allègrement la barrière des langues.
Un simple partage d'émotions, d'humain à humain.
Maya l'exprime très bien dans une lettre qu'elle envoie à Ariane, après son départ : "À travers la musique j'ai pu ressentir intensément ces expériences de partage authentique, cette merveilleuse transmission de sensations floues. Et je pense qu'on a réellement communiqué avec les Zanskarpa. Ces expériences musicales m'ont appris à prêter une grande attention à tout ce qui se communique au-delà des mots et je me rends compte que souvent les mots inhibent la vraie communication. Il y a le sens concret des choses, qui est utile et rapide, mais il y a aussi le sens flou des choses qui est beau et qui ranime l'esprit."
Quelques fois, Ariane recherche la solitude et joue du violoncelle dans des paysages majestueux. En particulier, chaque fois qu'elle franchit un col, elle joue le prélude de l'une des suites de Bach pour violoncelle seul. Le prélude musical ouvre la suite tout comme le col géographique ouvre l'accès à un autre univers.
Ariane retranscrit merveilleusement ces moments hors du temps et décrit d'une façon très pertinente chacun des préludes.
J'ai, moi aussi, savouré ces instants, lisant le texte et écoutant mes CD en parallèle. Un régal !
J'ai aimé suivre Ariane et Maya dans leurs découvertes, leurs rencontres, leurs partages.
J'ai vécu avec elles des fêtes, des moments de recueillement, des moments plus intimes parfois, des moments ordinaires aussi. J'ai découvert d'autres cultures, d'autres façons de vivre et de croire : j'ai découvert d'autres êtres humains.
Le tout dans des paysages grandioses.
Quel bol d'air frais !
Quelles richesses dans ces lignes !
Un livre aux multiples facettes, mélange d'aventure, de marche, de musique et de spiritualité. Un livre rempli d'humanité.
Une expérience authentique qui fait du bien à lire, à l'opposé des livres "donneurs de leçons de vie" que j'exècre.
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Que puis-je ajouter à la critique de Nastie ? Sinon que je suis tout à fait d'accord. Ce compagnon de voyage inattendu a permis à Ariane et sa compagne de rencontrer la culture d'un royaume oublié du Tibet, réfugié dans les hautes montagnes. Bach et l'altitude s'harmonisent parfaitement, le son du violoncelle vibre, ressemble à la voix humaine mais lui fait dire d'autres mots plus profonds, compréhensibles de tout l'univers.
Moi aussi Nastie je me suis entièrement plongée dans ce texte, dans l'amitié des deux femmes, dans les yeux émerveillés des habitants de là-bas.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Rafraîchie par un bain de rivière glacé, j'observe sous l'ombre furtive des saules les allées et venues d'une famille transportant d'énormes ballots de fourrage. L'un s'agenouille, l'autre hisse sur le dos du premier un ballot entouré de cordes. Le porteur bascule sur ses talons, se relève, chancelle le temps de trouver le point d'équilibre de sa charge, attrape les bouts des deux sangles qu'il tire fermement avec les dents. Puis il s'en va sous sa carapace d'herbe, et son aide passe désormais au rôle de porteur. Un travail à la chaîne, familial, paisible, irrévocable. Le temps des moissons est venu, les champs foisonnants du début de notre parcours passent à la tonte. Discrètement, je sors le violoncelle et accompagne le travail d'une Pastorale. La famille me lance des sourires de sympathie, mais une discipline admirable retient à leur tâche même ses plus jeunes membres. L'un après l'autre, ballot au dos, tous remontent lentement le talus et traversent le bosquet jusqu'à la maison. Un petit air siffloté accompagne leur marche. [...] Je capture ces quelques notes sur mon carnet, avec l'impression de transpercer d'une épingle le corps frêle d'un papillon. C'est au tour des deux filles de faire le trajet. De mon coin d'ombre, je siffle à l'unisson leur air de labeur. Elles me regardent, surprises, sourient timidement en laissant quelques instants les notes se suspendre à leurs lèvres, puis les libèrent en gravissant la côte.
Nous maintenons cette distance respectueuse jusqu'à ce que le dernier ballot soit récolté. Alors, la famille s'approche et se repose au son du violoncelle. Nous faisons connaissance.
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L'ascension vers le septième col de Sisir (4 800 mètres) est éprouvante. Je ne peux me lancer tout de suite dans le Prélude acrobatique de la sixième suite. J'écoute un moment le silence environnant. Puis je brosse les cordes à vide avec de larges gestes lents. Ces notes simples et brutes semblent suffire à l'espace des sommets. J'accorde les cordes très doucement, très précisément, mettant tout mon cœur à l'écoute. Le violoncelle sonne bien. On dit qu'un instrument conserve les traces du jeu précédent ; son âme aurait une mémoire sonore. Joué trop souvent faux ou avec un son peu soigné, l'instrument porterait les stigmates d'un jeu négatif. Il y a tout juste trois semaines, au village de Darsha, mon violoncelle était dépourvu d'histoire. Il était fraîchement sorti d'usine, ne connaissait pas le toucher humain. Aujourd'hui, son timbre est chaleureux et expansif : il contient les sons graves du Prélude d'hier et la vigueur de sa fugue finale. De village en village, de col en col, mon violoncelle a progressé, comme moi. Les traces de chaque expérience vibratoire se sont superposées et tissées pour lui donner sa voix présente.
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Ailes de vents jaunes, rouges et bleues : envol d'arpèges couleurs primaires. S'entrelacent dans leur résonance, se résorbent dans la franchise d'un sol majeur. Vibrionnent et se relâchent dans des coulées de gammes. Quinte augmentée, freine, crissant, la cascatelle. Les alizés s'échappent − poursuite, capture − et luttent. S'épaississent les veines en filigrane de ces filtres colorés. Coagulent. S'épaississent de tensions harmoniques, de discordances acrobatiques. Et se libèrent en surgissant d'un jet dans le monde de la matière. Remous d'après genèse, répit encore palpitant, essais de tessitures et de mouvements. Quiétude, enfin, dans la guimauve d'un ré profond. Rêves sucrés de brises susurrantes, caressantes, qui en vagues successives amassent les forces d'un éveil victorieux, bombent des ailes nouvelles, brises épanouies de bise. Ballonnent et boutent l'attache insistante d'un ré ardent.
Et l'apothéose, en rondes victorieuses, d'un oiseau de clarté.

Col de Parsi : Prélude de la première Suite pour violoncelle de Bach.
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Prélude de la troisième Suite de Bach.
Sa virtuosité baroque pouvait se heurter à la placide majesté des lieux, mais il y a dans l'énonciation initiale d'une simple gamme descendante, dans sa progression architectonique, et sa réaffirmation finale, quelque chose d'aussi essentiel et de sublime que ces montagnes. Une explication de la création du monde. Son matériau : cette simple gamme majeure qui implante son drapeau de conquête dans les amples vibrations de la note la plus grave du violoncelle − un do qui atteint les tripes. Simple gamme de do primaire et brute, affirmative et forte de sa légitimité flagrante. Simple gamme de do dont il devient tellement facile de projeter la joie d'être lorsque le buste est bombé d'air frais, lorsque les épaules sont musclées et que le dos se tient droit. dans cet état d'ouverture complète du corps au monde, la technique n'importe plus, les gestes individuels se dissolvent dans la détente complète d'un mouvement qui emporte tout.
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Sur le chemin de Pepul, en ce même jour qui nous a menées des incantations de Pukhtal aux balbutiements d'un bébé purnepa, un miroir, accroché au mur d'une case à thé. Ni l'une ni l'autre ne nous y regardons : pour ne pas nous être « vues » pendant une semaine, nous sommes libérées des entraves de notre image reflétée. Nous savons notre visage hâlé et radieux parce que les poumons, les mollets et les épaules nous le disent. Un reflet serait superflu face à cette totalité de bien-être. Nous avons la mine d'un corps acquis au rythme de la marche, nourri d'air immaculé, d'un régime spartiate, de rencontres, de rires et de musiques, de profondes nuits de sommeil réglées par l'horloge naturelle du soleil.
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