Puisqu'il faut que toute bonne chose ait une fin, ce sixième volume de la série "Vieilles maisons, vieux papiers" en est le dernier.
Joachim Cerutti était jésuite.
Il avait été l'auteur d'une apologie de la "Compagnie de Jésus" et précepteur du jeune Louis XVI.
Mais il était sorti de ce dernier emploi complètement libéré de toutes ses convictions premières et religieuses.
Le jésuite devint philosophe et adepte des idées nouvelles.
Y aurait-il eu une femme derrière ce revirement soudain et inattendu ?
Cependant, durant un séjour dans la pittoresque région du Jura, il apprit qu'au hameau de Montfleur, un paysan nommé
Jean Jacob traversait allègrement sa cent vingtième année ...
Dans ce sixième et dernier opus,
G. Lenotre nous présente d'abord le centenaire du Mont-Jura puis le farouche Amar, la sauvagesse des Pyrénées, Ruffin le bon ange, madame de Bennes - homme d'armes, le boucher Legendre et la chevalière de Fréminville.
G. Lenotre raconte la Petite Histoire* par le prisme des "petits hommes et des petits épisodes".
"Ce sont les héroïsmes, les travers et les faiblesses de tant et tant de personnages célèbres ou ignorés que Lenotre a su si véridiquement montrer*".
Ici ce sont, en sept nouvelles, sept tableaux du
Paris révolutionnaire qui parfois se projette jusqu'à la lointaine province.
G. Lenotre raconte ... et ce sont tous les enjeux et les subtilités de l'époque révolutionnaire qui s'éclairent.
Car par delà le plaisir du récit, toujours original et étonnant, les mots se font là véritable leçon d'Histoire.
Le destin du farouche Amar, par exemple, vient clarifier les événements des journées des 8 et 9 Thermidor qui ne furent pas une revanche des modérés mais bien plutôt le triomphe des pires terroristes.
Aucun des acteurs de ce drame n'y comprit absolument rien ...
Mais vous, oui, grâce à ce bon vieux Lenotre !
Cependant celui-ci se serait-il fait pour une fois mystifier, comme on a pu parfois le prétendre, par l'étrange histoire de "la sauvagesse des Pyrénées" parue dans le journal de l'Empire du 17 janvier 1814 ?
Une femme entièrement nue avait été aperçue dans les hauteurs du village de Suc, penchée au dessus du vide avant de prendre la fuite en bondissant à travers les escarpements et les roches branlantes.
Qui était Antonia, la fille des Pyrénées ?
Les ours étaient-ils vraiment ses amis qui la réchauffaient l'hiver ?
Quoi qu'il en soit que l'on se rassure, l'historien comme à son habitude, s'était "précautionné" et avait retrouvé le dossier dans les archives avant de s'autoriser à raconter cette histoire véridique à dormir debout ...
Pas une ligne qui s'essouffle, pas un mot qui ennuie !
L'Histoire reprend vie.
Car "qu'on le veuille ou non, ce sont des hommes qui l'ont faite, des hommes en chair ou en os, avec leurs passions et leurs calculs*".
Et la dernière de ces drôles d'histoires qui font
L Histoire est celle du chevalier de la Poix de Fréminville, marin, naturaliste, antiquaire, monarchiste légitimiste et romantique, solitaire et délicat, amoureux et tout cela jusqu'à la folie.
Une histoire qui n'a pas laissé indifférent l'écrivain maritime
Jean Merrien, puisque étant l'arrière petit neveu de ce marin explorateur et naturaliste, il a fait rééditer dans les années 70 ses mémoires et journaux de voyages aux éditions Maritimes et d'Outre-Mer...
La série "Vieilles maisons, vieux papiers" se referme donc avec ce sixième tome.
Quel dommage, on en aurait bien repris encore un peu. Malgré que le moindre de ces "vieux papiers", préalablement parus sur trois colonnes dans le journal "Le Temps", ait coûté de longs mois de labeur à son auteur.
Ce que le plaisir d'une bonne lecture peut rendre égoïste ! ...
* "Figures du Temps" victor Goedorp -1943- éditions Albin Michel-