Entre le musée du Louvres et celui de l'Orangerie, entre les jardins des Tuileries et ceux du Luxembourg, entre vieilles maisons et vieux papiers, quel plaisir de flâner le long des quais de Seine.
"Paris est l'Eden des fureteurs".
Et, il y a des livres qui s'enrichissent de la manière dont on les découvre.
Il n'aura suffi, un beau dimanche de novembre pluvieux, que de quelques capots de boîtes vertes levés pour que j'y déniche ce vieux broché de G. Lenotre.
A quoi tient le bonheur ? A de petits plaisirs, parfois.
A peine installé à la terrasse d'un petit bistrot, Paris déjà avait changé d'allure.
Paris avait rajeuni. Paris était révolutionnaire.
Les passants avaient pris pour noms Camille Desmoulins, Mlle de Robespierre, Héron, Savalette de Langes, André Chénier, Cagliostro, Napoléon, Monsieur du Barry, Couthon, Saint-Just ...
Ce mystérieux homme au manteau qui rode, que l'on dit avoir aperçu la nuit sur le boulevard, n'était-ce pas Pichegru lui-même ?
C'est que G. Lenotre est un magicien.
A moins qu'il n'eût possédé, au fond de sa cave, la machine à voyager dans le temps dont Wells s'est attribué bien insolemment le profit ?
Même s'il se lit comme le roman de nos ancêtres, ce premier volume de "Vieilles maisons, vieux papiers" est un pur livre d'Histoire.
Il est le résultat d'une vie de recherche patiente consacrée à l'Histoire.
G. Lenotre a arpenté Paris, fréquenté ses bouquinistes, fouillé ses archives, affronté les regards des solennels notaires qui ont pu le prendre parfois pour un rabatteur de successions en déshérence, bravé le dédain des clercs d'étude, des commis-greffiers et dérangé bien des fonctionnaires de l'état civil ...
Mais où est la valeur du dompteur si le fauve n'a ni dents, ni griffes ?
Ce livre fait aimer l'Histoire.
Vieux de pourtant presque cent ans, il n'a pas pris une ride.
Il a été composé par une plume vive, élégante et précise.
En 1924, G. Lenotre a d'ailleurs été couronné, pour "Vieilles maisons, vieux papiers" par le prix Broquette-Gonin de l'Académie Française qui était destiné à récompenser l'auteur d'un ouvrage philosophique, politique ou littéraire jugé susceptible d'inspirer l'amour du vrai, du beau et du bien.
Un vieux proverbe assure qu'il y a un dieu pour les ivrognes.
G. Lenotre en sourit, et assure dans son livre que les chercheurs sont, bien évidemment eux aussi, les protégés d'une providence spéciale ...
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Voilà peut être le livre qu'il faudrait pour intéresser les personnes indifférentes à l'histoire de France : une façon de la regarder comme depuis les coulisses. On y est dans ces rues, dans ce décor. On respire vraiment l'ambiance et l'on imagine aisément, tant G.Lenotre apporte de détails. Même le profane ressent ce travail d'archéologue. Ce livre est un vrai tableau, un saut dans l'histoire, dans le quotidien, un peu comme une belle face B méconnue. Peu importe si la plupart des personnages me sont inconnus, j'ai trouvé cette histoire très attachante, derrière l'autre Histoire. C'est vraiment une déambulation très agréable.
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Promenades aux échos de ces pas qui résonnèrent et ricochèrent de fenêtres en balcons.
Les mémoires se murent dans leurs images tandis que les lierres s'inscrivent dans les pierres de nos vies.
Ballades et détours à faire sans discontinuer avec surprise et curiosité.
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Un fouillis de toits d'ardoises, de cheminées fumantes, de jardinets, et, tout en haut, la robuste tour du vieux château, coiffée d'un comble pointu... voilà Guise.
Si j'étais peintre, je crois bien, que de toutes les scènes de nos révolutions, c'est celle-là qui m'inspirerait : ce vieillard, devenu roi à la suite de si grandioses catastrophes, remuant de ses mains la poussière de ses ancêtres ... voilà qui égale l'Erudimi de Bossuet ...
Pourra-t-on jamais dire la part de responsabilité qui, dans la psychologie des hommes de la Révolution, revient à cette admiration inconsidérée de l'antiquité ? ...
Cependant l'Histoire, comme nos boulevards, a ses badauds qu'un rien amuse et qu'un menu détail intéresse s'il apporte au récit des grands faits une contribution, si mince soit-elle, de pittoresque et de vérité ...
je rencontrai le testament de la sœur de Robespierre :
"Voulant avant de payer à la nature le tribut que tous les mortels lui doivent, faire connaître mes sentiments envers la mémoire de mon frère aîné, je déclare que je l'ai toujours connu pour un homme plein de vertu ; je proteste contre toutes les lettres contraires à son honneur, qui m'ont été attribuées