Il me semble que seul le premier bouquin de D.Hansen ait été traduit. Dommage car c'est une autrice ( auteure ?) qui a une patte, un style qui me plaît disons, et du fond.
J'aime sa nostalgie fondamentale, sobre autant qu'essentielle, voire existentielle...
Une fois encore, cette dame du Nord aborde une terre malmenée par le progrès mondialisé autant que par les rafales, les pluies obliques, les embruns ou tout ce que réserve à des îliens la météo marine.
Si je devais traduire le titre de ce bon bouquin, je pourrais opter pour "Au large terre amère", mais la sobriété du style pourrait m'amener à proposer quelque chose de plus neutre, genre "Une île en mer" ou "Au large une terre" peut-être...
DH nous donne à regarder vivre un village sur une île, au large des côtes allemandes non loin de la Hollande donc, en focalisant sur la famille Sanders :
La mère Hanne, digne et rude femme de marin qui gère le musée local de la vie en mer et le père Jens, ex-capitaine au long cours échoué sur la réserve ornithologique locale en tant que gardien des oiseaux.
Dans la famille Sanders apparaît d'abord le fils aîné Rickmer, ex-capitaine au long cours lui aussi mais traumatisé par un naufrage, désormais alcoolique et pilote de la navette qui relie l'île au continent chaque jour.
Puis la fille, Eske, soignante au foyer des anciens où une vingtaine de résidents finissent leur vie d'îliens. Elle est célibataire, tatouée, percée, tendance homo disons, fondue d'heavy-metal, rebelle au tourisme mais attachée au dialecte local et aux langues anciennes.
Et le petit dernier, Henrik, qui n'a pas quitté l'île où il est devenu un artiste à la mode : à partir de ce qu'il ramasse chaque jour sur la plage il crée des sculptures insolites et sa côte monte, cadeau-bonus de la marée...
En dehors de quelques personnages secondaires il faut mentionner enfin Matthias Lehman le pasteur protestant, "immigré" volontaire venu prendre en charge la vie spirituelle locale sur un coup de coeur pour l'île, au début de sa... carrière : un bon prêcheur que sa foi abandonne mais que sa femme Katrin vient encore voir pour passer quelques jours avec lui, débarquant régulièrement de la navette venue du littoral (où elle vit désormais, moins loin de leurs deux filles)...
Le temps d'une année, DH nous donne à aimer ces hommes et ces femmes taiseux, à regretter avec eux la disparition des vieilles valeurs, des vieux savoirs-faire et de la cohésion dans leur communauté.
Comme dab elle fait monter lentement la tristesse, une tristesse de plus en plus dense malgré la sobriété des épanchements. Un temps j'ai trouvé son roman trop semblable aux deux premiers mais peu à peu je me suis immergé et son final m'a cueilli au plexus, je l'avoue.
Oui, elle m'a fait entrer dans la vie de rien de ses humains, tous respectables malgré leurs fêlures.
Elle a encore réussi son coup, Dörte. Trop forte !
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