Thor Volume 2: Who Holds the Hammer?

Ce tome fait suite à Goddess of Thunder (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 6 à 8, initialement parus en 2015, écrits par Jason Aaron, dessinés et encrés par Russell Dauterman, avec une mise en couleurs réalisées par Matthew Wilson. Il contient également le numéro annuel 1, ainsi que l'épisode 10 de la première série "What if?", débutée en 1977.

Thor 6 à 8 – La première séquence revient en 3 pages sur les circonstances dans lesquelles Dario Agger a rencontré le minotaure, puis continue sur le contrat qu'il négocie avec Malekith. de son coté, Odinson continue à enquêter pour trouver l'identité de celle qui a été capable de soulever Mjolnir. Il demande à Heimdall s'il a pu voir sous son casque. Il prend le temps de se rendre au chevet de Jane Foster sur Asgard. Il réduit le champ des possibles, à Rosalind Solomon, une agente du SHIELD. Bien déterminée à mettre un terme aux agissements de Dario Agger, Thor se rend sur Terre, dans l'un des complexes de Roxxon, pour une confrontation.

Pour cause de calendrier, ce deuxième tome consacré à la nouvelle Thor ne contient que 3 épisodes de la série, car il faut y mettre un terme avant le crossover généralisé Secret Wars version 2015.

Ces 3 épisodes viennent donc apporter une clôture à la question (c'est le titre de ce tome) de savoir qui se cache derrière le casque de la nouvelle Thor. Jason Aaron répond sans ambages à la question, en dévoilant son identité. Entretemps, il continue de mettre en scène les différents personnages. Odin est toujours aussi suffisant et imbu de sa personnalité. le lecteur apprend quelle tâche il a réservée à Cul Borson. Freya est impuissante à se faire entendre de son mari. On apprend même de laquelle des 2 chèvres célestes il s'agit : Toothgnasher (mais que fait Toothgrinder ?).

Aaron continue de piocher dans la riche mythologie de la série, qu'il s'agisse de la présence d'Heimdall, ou de l'ennemi que doit affronter Thor. Il rapatrie Rosalind Solomon qui avait fait sa première apparition dans l'épisode 12 de la précédente série (déjà écrite par Aaron). Il développe la relation entre Malekith et Dario Agger, pour une association qui promet d'être aussi fructueuse que machiavélique.

Même si la nouvelle Thor n'a qu'un nombre de pages limité pour pouvoir exister au milieu de tous ces personnages, Aaron n'oublie pas de montrer qu'elle est encore novice dans son rôle. le lecteur qui a encore le tome précédent à l'esprit sourit à chaque fois qu'elle s'exprime car il se souvient qu'il s'agit pour elle de tournures de phrase pour lesquelles elle manque de pratique. Russell Dauterman se souvient également des particularités de cette nouvelle Thor. Par exemple, la trajectoire de Mjolnir décrit toujours des arabesques que certains qualifieraient de féminines.

Après avoir été absent le temps d'un épisode (le numéro 5), Russel Dauterman est de retour, pour le plus grand plaisir des yeux. Ses dessins restent minutieux, en particulier pour les costumes des asgardiens, avec un bon niveau de détails. Ses prises de vue évitent la plupart des stéréotypes visuels spécifiques aux superhéros, donnant une saveur graphique différenciée à la série.

Il sait donner des attitudes comportementales particulières à chaque personnage. le lecteur voit Malekith et Dario Agger jouer au jeu du chat et de la souris, avec des postures mielleuses et fourbes. Il constate l'impatience et l'énervement de Thor chaque fois qu'il comprend qu'il est incapable de percer à jour l'identité de la nouvelle Thor. Il frémit devant la maigreur et la faiblesse de Jane Foster du fait de l'état avancé de sa maladie. Il sourit au spectacle d'une demi-douzaine de vaches paissant tranquillement, tout en regardant une énorme explosion au loin. Il voit la force redoutable de l'ennemi qu'affronte Thor, sa résistance aux coups portés.

Ces 3 épisodes confirment le bon démarrage de la série, l'intrigante dynamique s'étant mise en place avec l'apparition d'une nouvelle Thor, ainsi qu'une partie graphique faisant preuve de personnalité. Jason Aaron et Russell Dauterman reprennent la série Thor (avec un nouveau numéro 1) après Secret Wars 2015. le lecteur est rassuré : ces auteurs pourront poursuivre leur récit, après le crossover généralisé. 4 étoiles pour un récit prenant, mais un peu court au vu du nombre de personnages impliqués.

- Annuel 1 – Ce numéro comprend 3 histoires. (1) Roi Thor dans un futur très éloigné (scénario Jason Aaron, dessins et encrage Timothy Truman, mise en couleurs de Frank Martin, 10 pages) – C'est l'anniversaire du vieux roi Thor. Ses 3 filles Frigg, Ellisiv et Atli doivent lui offrir un cadeau, alors que comme chaque année il va se recueillir sur Terre.

Aaron tire un bon partie de ces 10 pages, avec un court récit montrant la mélancolie et le tristesse du roi Thor, et la détermination de ses filles à alléger sa peine, sans garantie du résultat. Les dessins de Timothy Truman reflètent bien l'aspect sombre du récit, mais sa mise en scène est assez insipide. 4 étoiles pour un récit qui apporte quelque chose au personnage.

(2) La nouvelle Thor (scénario de Noelle Stevenson, dessins et encrage de Marguerite Sauvage, 10 pages) – Sur Asgard, la nouvelle Thor refuse de prendre part à une bagarre de bar, ce qui dénote par rapport au comportement de son prédécesseur. Les 3 Guerriers (Fandral, Hogun et Volstagg) décident de lui faire passer quelques épreuves (déjà réalisées par le Thor habituel) pour déterminer sa valeur.

Visuellement le décalage avec les dessins de Truman est rude. Ils donnent l'impression de plus s'adresser à des enfants, avec une apparence comique pas forcément en phase avec l'histoire, et des couleurs pastel peu convaincantes. La scénariste se montre plus intéressante Chaque épreuve est destinée à faire ressortir la personnalité de la nouvelle Thor, mais en fait le lecteur comprend vite qu'en lieu et place de personnalité, il faut comprendre féminité (c'est-à-dire résoudre les problèmes autrement que par la force, ou qu'en buvant plus de bière que les autres). L'histoire est plaisante, mais un peu dénaturée par les dessins et par la confusion entre caractère et féminisme. 3 étoiles.

(3) le jeune Thor (scénario de CM Punk, dessins, encrage et mise en couleurs de Rob Guillory, 10 pages) – Dans une taverne d'Asgard, Mephisto défie le jeune Thor à la boisson (avec l'aide de Loki).

La première page établit immédiatement qu'il s'agit d'un récit à prendre pour son humour. le lecteur de la série "Chew" (à commencer par Tasters choice) apprécie immédiatement le choix de Rob Guillory qui s'amuse à donner à chaque personnage, des expressions exagérées et drôles, ainsi qu'un langage corporel comique. le résultat est très plaisant, avec CM Punk qui émaille ce défi de gags réguliers et bon enfant, dont certains sont de nature visuelle. 4 étoiles.

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- What if ? 10 (scénario de Don Glut, dessins de Rick Hoberg, encrage de Dave Hunt, 33 pages) – Ce n'est pas la première fois qu'une femme soulève le marteau de Thor. Dans cet épisode, le Gardien (Uatu, Watcher) évoque une réalité parallèle dans laquelle c'est Jane Foster qui avait trouvé la cane en bois dans la grotte et qui s'est retrouvée transformée en Thor. L'histoire se déroule de la même manière que sur la Terre 616 (celle principale de l'univers partagé Marvel), jusqu'à la guerre contre Mangog.

Comme d'habitude quand les éditeurs ne disposent pas d'assez d'épisodes pour faire un recueil assez épais, ils complètent en raclant les fonds de tiroir. Certes cette histoire a un rapport thématique avec l'histoire principale, mais elle dénote fortement, même par rapport à l'annuel.

Ce "What if?" représente très exactement ce qui rendait cette série horripilante. Pour commencer les dessins sont compétents, mais ils sont exagérément dérivatifs de ceux des John et Sal Buscema. Hoberg dessine dans le style Marvel jusqu'à y perdre toute originalité, toute personnalité. Dave Hunt effectue un travail d'encrage minutieux, évoquant parfois le trait de Joe Sinnott avec des variantes superficielles dans quelques contours, à nouveau sans aucune personnalité propre. Cela aboutit à une narration visuelle compétente et appliquée, mais d'une insipidité atterrante.

Le scénario bute également sur les limites inhérentes à cette série. le scénariste ne se contente pas d'imaginer une variante sur des origines bien connues. Il fait apparaître les variations qui en découlent sur l'équivalent de plusieurs dizaines d'épisodes mensuels, en seulement 33 pages. L'histoire devient alors une enfilade de variantes artificielles, trop superficielles pour un lecteur connaissant la continuité de Thor de l'époque, dépourvues de sens pour un lecteur ne la connaissant pas.

Cet épisode raconte ce qui se serait passé si Jane Foster avait découvert la cane dans la grotte, à une vitesse tellement élevée, que les événements en perdent toute saveur, sans aucune logique quant à l'enchantement voulu par Odin (sans justifier en quoi Jane Foster est méritante), avec des dessins compétents mais sans âme. 1 étoile.