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sur 429 notes
Il y a de ces livres dont on retarde toujours la lecture parce que l'on sait que l'on va devoir en découdre avec un grand bouquin, que l'on devra être concentré, disponible. Exemple parfait avec ce « Désert solitaire » qui trônait dans ma pile à lire depuis pas mal de mois. Prétexte supplémentaire au retardement de l'échéance : ce récit est le seul livre d'ABBEY traduit en français qui me restait à lire, tous les autres m'étaient passé entre les pattes et je n'en étais jamais ressorti indemne. ABBEY est un géant parmi les géants, l'un de ceux qui bousculent votre existence, votre façon de penser, d'agir. Donc je devais être prêt pour l'affronter une dernière fois. Ce « Désert solitaire » n'est pas qu'un carnet intime où l'auteur couche ses pensées alors qu'il travaille durant six mois comme ranger dans un parc national de l'Utah aux Etats-Unis à la fin des années 1950. C'est aussi et surtout un ouvrage sur la vie, une vie qui ne doit pas s'arrêter à celle des êtres humains, mais doit être respectée pour tout être vivant sur terre. ABBEY est ce type enragé qui crache sur l'égoïsme et la volonté de suprématie de l'humain sur la nature, sur les projets inutiles qui vont balafrer les paysages, c'est ce que d'aucuns ont appelé un écologiste radical. Je ne suis pas d'accord avec ce terme, je crois en effet que ce sont les grands projets inutiles de « bétonisation » du sol naturel qui sont radicaux car ils tuent une partie de la nature sauvage. Pour toujours. ABBEY ne tue pas, il est au contraire pour la défense de la vie, sans rehausser la vie humaine, sans la compter comme au-dessus des vies animale ou végétale. Il contemple. L'énorme force d'ABBEY est la diversification des sujets et des états d'esprits dans un même bouquin : tour à tour philosophe, provocateur, critique, autocritique, botaniste, spécialiste faunistique, drôle, tendre, psychologue, mais toujours éminemment anarchiste dans l'âme, foncièrement politique dans le discours. Les anecdotes foisonnent dans ce récit, puisqu'il raconte six mois de sa vie au milieu des canyons, des grands espaces piégeux, de la nature maîtresse des lieux qu'il demande à respecter, à ne pas déranger : (il ne veut) « Plus de voitures dans les parcs nationaux. Que les gens marchent. Ou aillent à cheval, à vélo, à dos d'âne ou de phacochère – ça m'est égal -, mais qu'on interdise les voitures, les motos et tous leurs cousins à moteur. Nous sommes convenus que nous n'entrerions pas en voiture dans les cathédrales, les salles de concert, les musées, les assemblées législatives, les chambres à coucher et autres temples de notre culture : nous devrions traiter les parcs nationaux avec le même respect, car eux aussi sont des lieux sacrés. Peuple de plus en plus païen et hédoniste (Dieu merci !), nous comprenons enfin que les forêts et les montagnes et les canyons désertiques sont plus sacrés que nos églises. Comportons-nous donc en conséquence ». ABBEY ne raffole pas de l'humain ni de ce qu'il a engendré, comme la technoscience. Il regarde, à côté, solitaire, anarcho-individualiste vert fluo mais brandissant le drapeau noir. Il regarde l'humain bousiller les trésors de la nature pour y faire pousser du goudron, du béton. Car il prévient dès son introduction que son livre est « un tombeau », dans le sens où les paysages qu'il va évoquer sont déjà en train de changer et n'existeront peut-être plus lorsque le lecteur en lira les descriptions puisqu'ils auront été saccagés par l'homme. Il ne croit pas en une préservation à long terme, il ne croit pas tout court d'ailleurs : « Au-delà de l'athéisme : le non-théisme. Je ne suis pas athéiste, je suis terréiste. Soyez fidèle à la terre ». Son discours, même s'il a un demi-siècle, paraît encore terriblement d'actualité aujourd'hui où l'on parle plus que jamais de grands projets à construire pour remplacer la verdure, où l'on développe le tourisme industriel (un bazar qu'ABBEY déteste par-dessus tout). ABBEY a la force de cacher sa désillusion derrière un humour acerbe, aiguisé et caustique. C'est un grand, l'un de ceux qui pourraient résumer le combat du XXème siècle pour la planète, sans concession, sans compromission, fidèle à ses idéaux, entier, l'un de ceux qui font paraître tant d'autres tout petits. Dès qu'un projet de bétonnage pointe son nez, ABBEY rôde (applaudissements gênés pour le jeu de mots le plus vilain de l'année). D'autant que l'écriture est puissante et vous traîne par les cheveux, vous impose son rythme. Il n'y aura pas de survivants. Exceptée la nature. Aujourd'hui je me sens orphelin : j'ai lu les six livres d'Edward ABBEY traduits et sortis chez GALLMEISTER (celui-ci date de 2010 avec une splendide préface de Doug PEACOCK), six chefs d'oeuvre d'irrévérence et de combat quotidien pour la vie et pour la nature. Alors messieurs dames, il va falloir faire quelque chose, traduire le reste de l'oeuvre d'ABBEY, inexplorée en Francophonie, ou alors il me faudra relire ces six perles, encore et toujours, jusqu'à ce que je retourne dans le ventre de dame Nature comme ABBEY l'a fait en 1989.
https://deslivresrances.blogspot.fr
Lien : https://deslivresrances.blog..
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Où l'auteur, ranger solitaire dans le parc des Arches National Monument, comprend que tous les être vivants sont frères, dans une longue filiation du protozoaïre à Spinoza. Il guette « l'avancée du glacier de fer qui nous écrasera », le développement cancéreux du tourisme industriel et des grands travaux contre lesquels il préconise des solutions radicales.


Article complet en suivant le lien.
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Deux saisons de ranger en parc naturel pour construire une philosophie pratique de l'homme et de la nature.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/06/16/note-de-lecture-desert-solitaire-edward-abbey/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Il va falloir s'y faire : oui, encore Edward Abbey, le fou du désert de l'ouest américain!!! Toujours aussi passionnant et passionné !

Cette fois il conte ses expériences de ranger dans les parcs nationaux et de cowboy à la morte saison. Il aime toujours autant les balades parfois risquées dans la nature sauvage, il aimerait bien que les touristes découvrent cette magnifique région à pied et en prenant leur temps, que le gouvernement cesse de bitumer à tout va et de trop moderniser le coin. Hélas, combat perdu d'avance...

Il se révèle aussi un narrateur hors pair d'anecdotes tirées de son expérience. Poésie et humour sont aussi au rendez-vous.

Alors un conseil: si ce n'est déjà fait, découvrez vite l'auteur du Gang à la clé à molette et du Fou ordinaire... ce type mérite d'être connu.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Je n'étais clairement pas préparée pour cette lecture. Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi descriptif, parfois moralisateur. Une discussion avec un gars que je ne connais pas et qui aime parler de son ancien job.
J'ai essayé de jouer le jeu, de me laisser prendre dans l'immersion. Mais ça n'a pas pris.
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Ce livre m'a accompagné lors de mes vacances en Utah et dans les Arches. Edward Abbey est un poète de la nature et comment ne pas se laisser porter par ces pages et savourer la visite de Double Arche ou Window Arches au crépuscule lorsque le soleil couchant donne une autre couleur à ces pierres , lorsque le silence de la nuit qui approche donne envie ce vivre cette solitude dont l'auteur nous parle.
C'est un hommage magnifique à ce désert, aux montagnes , au Colorado qui longe ces montagnes.

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Ce livre ressemble aux paysages qu'il décrit. Abrupt, empli de beautés, et dont le chemin peut évoluer d'une manière radicale au détour d'un coude ou une crevasse.
Les chapitres n'ont pas forcément de liens entre eux et pourraient se lire dans le désordre, mais comme dans une randonnée ou chaque marcheur selon ses goûts et ses aspirations pourra s'émouvoir de la faune, la flore ou les paysages, chaque lecteur saura trouva dans l'un d'eux ce qu'il cherche dans ce livre.
Les réflexions que celui-ci suscitent sont nombreuses, toujours d'actualité : la marchandisation de la nature, le tourisme de masse, la plénitude que l'on peut ressentir au contact de la nature hostile.
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Désert solitaire est un très bon livre dans lequel on plonge dans le désert, l'idéologie, le message et la vision de l'auteur est super.
Je regrette le manque d'action, le peu de dialogue je m'y attendais, mais il ne se passe pas grand chose, comme dans le désert, tout s'étire en longueur. Il me tardait de le terminé après 250 pages.
Néanmoins cela reste un bon livre avec une belle idée à prendre en compte pour la planète.
Arrêtez vous et observez autour de vous.
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A la fin des années cinquante, Edward Abbey a été ranger dans le Arches National Park, lors de la saison touristique de avril à septembre.

Par ce texte, écrit à partir des notes prises pendant ses deux séjours "in the wilderness", il nous transmet son amour de la nature et de ces sites incroyablement beaux. Il nous parle de la faune, de la flore, de ses balades avec des amis. Il souhaite évidemment protéger les parcs et dénonce l'administration qui, sous couvert des mêmes velléités, ne fait que goudronner pour augmenter le flux de touristes. Pour l'auteur, le désert se mérite : il est difficile d'y aller et d'y vivre, il en a toujours été ainsi, alors qu'il en soit toujours ainsi.

Quarante ans plus tard, il faut bien avouer que ce cri d'alarme est resté lettre morte auprès des autorités...
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Hymne à la nature, même désertique avec beaucoup de description des paysages, de la faune et de la flore. C'est aussi une critique acerbe de l'ouverture au tourisme industriel et de l'utilisation de la voiture. le héros vit également de belles aventures loin de la civilisation consumériste.
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