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4,16

sur 425 notes
Il s'agit du deuxième livre d'Edward Abbey que je lis et j'ai eu beaucoup plus de mal à rentrer dans celui-ci alors que j'avais adoré le gang de la clé à molette. On est ici dans un récit beaucoup moins romancé. Edward Abbey nous raconte les parcs de l'Ouest Américain qu'il a fréquenté jeune en tant que "Ranger" juste avant le développement du tourisme de masse. Il raconte les paysages d'un monde sauvage, désertique, peu à peu envahi, transformé, dégradé par la "civilisation" et ses routes, ses infrastructures qui en violent la beauté. le livre résonne en moi en cette période estivale où je suis en famille près des parcs nationaux des Alpes et où je ne peux que constater que la funèbre prémonition d'Abbey a été exaucé ici comme ailleurs. le "surtourisme" me désespère et les installations qui rendent l'accès si facile aux minuscules parcelles qu'il reste encore d'un monde totalement sauvage ne font que s'accroitre et rogner jusqu'à l'os notre nature à la beauté renversante.
Aout 2022
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Parc National des Arches, désert de l'Utah, dans les années soixante.

Edward Abbey occupe pour 6 mois le poste de ranger, gardien de cette réserve naturelle. Son rôle consiste à accueillir les touristes et à veiller à leur sécurité et à l'entretien du parc.

Mais ces 26 semaines de grande solitude la plupart du temps sont surtout le prétexte à l'observation de cette nature aussi époustouflante que dangereuse.
Et il s'y connaît le bonhomme en observation et aime à les écrire avec verve et poésie. de magnifiques pages sur les roches, les plantes, les animaux du désert, sur les orages.

De nombreuses digressions et réflexions viennent compléter ce récit autobiographique. Abbey est un homme en colère, contre le gouvernement qui envisage de transformer les parcs naturels en parcs d'attraction, contre la prospection minière, l'usage que les américains font de la voiture, contre un certain progrès qui se fait au détriment de l'écologie ... il ne mâche pas ses mots, est tout à la fois violent et poète, drôle et cinglant, en fait toujours un peu trop, et avec le recul est plutôt visionnaire.
Belle découverte !
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Voici le genre de livre que je n'ai pas l'habitude de lire, je suis avant tout adepte des fictions et me tiens loin des essais, témoignages etc... j'avoue avoir été tentée par une première participation au poche du mois du Picabo River Book Club et bon sang que je ne l'ai pas regretté...
Quel superbe livre ! Quelle écriture ! C'est d'une beauté envoûtante... poétique, graphique, sensitive, engagée...

Je me suis laissée porter par les 347 pages de ce récit descriptif jalonné d'anecdotes et de réflexions sans jamais m'ennuyer. J'ai pris mon temps, c'est un livre qui ne se dévore pas mais qui se savoure...

Ranger saisonnier dans un parc appelé Arches National Monument, dans le sud de l'Utah, Edward Abbey passe 6 mois dans un pays de canyons sauvage et préservé, un séjour qu'il a hautement apprécié. Lorsqu'il revient 10 ans plus tard, c'est avec effroi qu'il constate tous les changements survenus avec le tourisme de masse...


Ce livre est une succession de chapitres qui raconte son expérience, tantôt descriptifs et anecdotiques pour rendre hommage à cette nature étonnante, tantôt militants où la colère de l'homme s'entend au travers des mots.. et j'ai tout aimé ! J'ai aimé tous les détails qui m'ont transportée dans le désert à la chaleur étouffante, j'ai adoré apprendre tout un tas de précisions mettant à mal les représentations que j'avais ( l'exemple des sables mouvants est le plus troublant) Il y a quelque chose de saisissant à comprendre cette osmose de l'homme avec son environnement, ce temps suspendu où observations et actions sont étroitement imbriquées....cette nature-là se mérite.
Et puis il y a l'homme militant, parfois un peu outrancier dans sa façon de présenter les choses mais dont la réflexion est toujours profonde, argumentée et d'une authenticité indéniable....


« L'été prochain, ne sautez pas dans votre voiture pour filer vers le pays des canyons dans l'espoir de voir par vous-même certaines choses que j'ai évoquées dans ces pages. Tout d'abord, vous ne verrez rien du tout en voiture ; vous devrez sortir de votre foutu engin et marcher ou, mieux encore, ramper à quatre pattes sur le grès, à travers les buissons épineux, entre les cactus. Lorsque vous commencerez à laisser des traces de sang derrière vous, vous verrez quelque chose. Peut-être. Ou peut-être pas. Ensuite, la plupart des choses dont je parle ici ont déjà disparu ou sont en train de disparaître rapidement. Ce livre n'est pas un guide de voyage ; c'est une élégie.»


Un livre passionnant, fascinant qui donne autant à ressentir qu'à réfléchir, qui m'ouvre d'autres horizons de lecture, je vais très certainement me pencher vers d'autres écrits de l'auteur..
Merci à Léa et au Picabo River Book Club pour cette formidable découverte!

Lien : https://chezbookinette.blogs..
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En plus de deux romans décoiffants, Ed Abbey a écrit cet essai où, en plus de notations géologiques et botaniques sur le désert il se risque à des remarques philosophiques qui donnent une profondeur accrue à ses propos.
Il va par exemple parler aussi bien de la mer, de la montagne, du désert, que de l'effort, de l'isolement, de Dieu et de l'athéisme, de la culture et la civilisation.
Tout son monde est là.
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Voici un livre que j'ai lu grâce au Picabo River Book Club, dont c'était la lecture commune du mois de septembre. Je connais mal la littérature américaine en dehors des polars et je suis très contente d'avoir trouvé ce Club très sympa pour la découvrir.

Cet ouvrage me change beaucoup de mes lectures habituelles et j'ai eu de la peine à y entrer, il m'a d'ailleurs fallu une semaine pour lire ses 350 pages, ce qui est aussi très inhabituel pour moi.

Edward Abbey a été ranger dans le Parc national des Arches durant deux saisons au cours des années 1960. Il raconte son expérience et surtout son rapport très contemplatif avec la nature et toutes les formes de vie qu'il y rencontre. Il ne se passe pas grand chose dans son travail, car le parc est encore peu fréquenté par les touristes. Il décrit la nature avec une grande poésie et une langue d'une incroyable richesse. Il arrive à décrire les nuances invraisemblables des roches ou les couleurs des fleurs de façon fantastique. Il qualifie lui-même son livre d'élégie et c'est effectivement un superbe poème en prose sur les paysages du sud de l'Utah.

Mais le mot élégie désignait dans l'Antiquité un chant de mort et c'est bien de la mort de cette nature préservée dont nous entretient Abbey. Il s'en prend violemment aux services des parcs nationaux qui sacrifient la nature et l'environnement au profit des lobbys industriels (génie civil, automobile, services inutiles) sous le prétexte de rendre les parcs accessibles à tous en les goudronnant. le texte date de cinquante ans, mais il n'a pas pris une ride, bien au contraire. L'auteur raconte plusieurs des expéditions grandes ou petites auxquelles il s'est livré durant ces deux ans. J'ai particulièrement aimé la descente du Colorado effectuée avec son ami Ralph et j'ai partagé leur tristesse de savoir que ce site magnifique est désormais enfoui sous le lac Powell, devenu zone de loisirs dédié surtout aux bateaux à moteurs et aux excursions en jeep. Ils sont les seuls hommes blancs à avoir exploré certains canyons désormais noyés et ils savent nous faire partager leur émotion. Ce livre donne envie d'aller voir la nature près de chez soi et de l'apprécier tant qu'on peut.

Tous les récits de ses découvertes sont passionnants. J'ai trouvé que les descriptions de la nature étaient parfois trop longues et limite ennuyeuses. J'avoue que j'aurais préféré que le livre comporte cent pages de moins et j'ai souvent compté les pages me séparant de la fin, Mais c'est surtout parce que je suis peu habituée à lire des textes très contemplatifs. J'ai d'ailleurs peu apprécié Walden de Thoreau il y a quelques semaines. Toutefois je pense qu'il est important de sortir de sa zone de confort à certains moments pour découvrir des livres qu'on n'aurait jamais lus autrement.

Les idées et la philosophie d'Abbey étaient visionnaires pour leur époque et restent entièrement valables pour nous, ce qui fait tout l'intérêt de redécouvrir cet auteur.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Les américains ont Edward Abbey , nous nous avons Nicolas Hulot. D'un côté le rebelle flamboyant amoureux fou de la nature, de l'autre un auto-proclamé écologiste qui vient de signer un nouveau décret d'abattage de loups....D'un côté l'indomptable défenseur des derniers espaces vierges américains (heureusement qu'il est mort avant la découverte du gaz de schiste...) , de l'autre un personnage médiatique dont la fondation (censée préserver " la nature" est subventionnée par ceux-la même qu'Abbey aurait certainement combattu. Je sens bien que mes amis babeliens commencent, a ce stade de ma critique , à se poser quelques questions : qu'est-ce-qui lui prend au Brumaire ? qu'est-ce-que vient faire là-dedans l'ancien producteur d ' Ushuaïa ? hé hé...juste un petit prurit de fin d'année. Car bientôt nous allons avoir droit aux sondages sur les personnalités de l'année 2017, sur les français préférés des français....et d'y voir figurer cet écologiste en peau de lapin (comme toutes les années) , va me gâcher mes agapes du nouvel an .
Donc , " Désert solitaire".... Formidable bouquin , dont j'ai lu de magnifiques compte-rendus sur Babelio.
Abbey y relate ses expériences de ranger dans le Parc National des Arches en Utah, non loin de la ville mormone de Moab. Ce livre , comme tous les autres livres d'Abbey, vaut autant par les idées qu'il sous-tend que par les magnifiques pages de descriptions d'une nature presque inviolée. S'il fallait en revenir à notre beau et bien aimé pays (ne pas y voir de sarcasmes...) , les frères français d'Edward seraient indubitablement Sylvain Tesson et François Terrasson. Tesson bien sûr ! si semblable à Abbey , le même panache , la même violence, la même folie ; la même méfiance dans l'"Homme" et le progrès. Avec quand même une petite différence : dans le Grand Canyon , le soir, Abbey se défonce au thé quand Sylvain en Sibérie se morfle à la vodka 80°.....et puis François Terrasson qui a théorisé dans "La peur de la nature" l'implacable et irrémédiable combat que toujours l'homme livrera à la nature. Tout ce qui avalise les destructions d'aujourd'hui est déjà dans les gènes de l'Homo Erectus.
Edward Abbey est moniste. Pas de césure entre nous et eux, ou nous et ça. Ce n'est pas à lui qu'on ferait la promotion des gilets jaunes fluo et des casques pour vététistes ! il est mort avant, Dieu ait son âme (personne ne sait où il est enterré....certainement dans le désert). Il ne récuse pas la violence et la confrontation . Tuer n'est pas un problème , mais uniquement pour se nourrir ou se défendre (position de Théodore Monod...). Son adrénaline il la prend dans des randonnées extrêmes, le genre de truc insensé qui aujourd'hui lui ferait prendre deux jours de garde-à-vue et une mise en examen pour mise en danger de lui-même et d'autrui par la même occasion.
Edward aime l'extrême et les limites, la nature brute sans les aménagements obligés que de bonnes âmes se croient obligées de promouvoir dans le but, très louable certes, de "faire découvrir le monde sauvage". Mais ce monde sauvage il se mérite. La souffrance est inhérente au dessein de Edward Abbey. Il n'est jamais autant heureux qu'a la fin d'une journée épuisante de soif et de crapahutage ; même les moustiques trouvent grâce à ses yeux ! c'est dire son masochisme .
Résolument réactionnaire , ou plutôt conservateur , il y a du Jacques Ellul en lui. Cette défiance de la technique sensée apporter le bonheur à l'espèce humaine est commune avec le grand penseur bordelais.
"Désert solitaire" , malgré quelques passages lénifiants (c'est pourquoi seulement 4 étoiles ), peut être vu comme une bonne introduction au "monde" d'Abbey.


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Le témoignage d'un garde du Parc national des Arches : coup de gueule magistral et déclaration d'amour de la nature sauvage qui raisonne toujours 50 ans après ! A lire pour mieux comprendre l'urgence de préserver (et non pas aménager, consommer...) les milieux naturels, et notamment les espaces protégés que sont les parcs nationaux et autres réserves.
Belles descriptions de désert, de chevauchées dans ces décors de rêve et style incisif !
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Désert solitaire d'Edward Abbey
Traduction de Jacques Mailhos

La lecture du mois de Septembre du #PIcaoboriverbookClub était "Désert Solitaire" d'Edward Abbey. J'en avais déjà entendu parler et la réédition Totem n'y était pas étrangère. D'ordinaire, j'aime le Nature Writing, mais plutôt dans les romans, quand on me raconte une histoire, et là j'avoue que dans un récit, je savais que j'allais sortir de ma zone de confort.

Et ma crainte a été avérée assez rapidement. de longues descriptions de nature, (flore, paysages) m'ont presque découragée. Et puis je suis quand même assez têtue, et j'ai donc persévéré, et bien m'en a pris. Une fois que j'ai eu accepté de me laisser porter par le mots, c'était magnifique.
Oui, c'est vrai, le discours écologique est toujours présent 50 ans après la première parution de ce livre, et il est toujours aussi actuel malheureusement (le tourisme de masse, l'enrichissement sur le dos de la nature, le non-respect des hommes), et c'est navrant de voir que l'homme évolue si peu dans ses mentalités. Mais, moi, ce qui m'a vraiment, mais vraiment, beaucoup plu dans ce récit, ce sont les mots, leur musicalité. de la poésie, à l''état brut (je dis un énorme bravo au travail de traduction de Jacques Mailhos).
Edward Abbey était un poète. Il m'a fait aimer, par son sens du détail, des fleurs, des plantes, des arbustes (J'en ai passé du temps à aller voir à quoi ressembler telle ou telle fleur, - ah le fameux genévrier). J'ai frissonné avec la danse des serpents, la tentative vaine de récupérer le cheval sauvage, la descente dans le canyon (qui malheureusement finira noyé sous les eaux). J'ai été outrée par ce qu'il était advenu aux indiens, dépossédés de leurs terres sous prétexte de progrès. Tout un pane d'émotions que je ne pensais vraiment pas vivre.
Je pense que ce récit n'est pas à mettre dans toutes les mains car les descriptions peuvent en rebuter plus d'un mais si l'on s'en donne la peine et qu'on se laisse envahir par la beauté des mots, il est porteur d'un message à écouter absolument.

Et pour la fin, parce que ce passage m'a touchée au pus profondément :

"L'amour de la nature sauvage est plus qu'une soif de ce qui est toujours hors d'atteinte ; c'est aussi une affirmation de loyauté à 'égard de la terre, cette terre qui nous fit naître, cette terre qui nous soutient, unique foyer que nous connaîtrons jamais, seul paradis dont nous ayons besoin - si seulement nous avions les yeux pour le voir. le péché originel, le vrai péché originel, est la destruction aveugle par simple appât du gain de ce paradis naturel qui nous entoure - si seulement nous en étions dignes".



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Publié pour la première fois en 1968. L'auteur s'inspire de don histoire personnelle, lorsqu'en 1950 il travaille 2 saisons comme ranger dans le parc national des Arches, en plein coeur du désert de l'Utach. Lorsqu'il y retourne une dizaine d'années plus tard il ne peut que constater avec effroi que le progrès est passé par là .... Que dirions nous aujourd'hui !!!!! Ce récit est captivant, apaisant qui fait du bien - surtout les premiers chapitres -. Une ode à la nature.
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J'ai été relativement déçu par cet ouvrage dont on écrivait tant de bien.
Les différents chapitres sont à mon sens de qualités très inégales.
J'ai bien aimé la partie du livre qui nous raconte des aventures vécues, dans ces magnifiques paysages des déserts de l'Utah. Moins les passages sur une espère de philosophie écologique.

A lire néanmoins par tous les amoureux des grands espaces !
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