La Répudiée

J'avais vu à sa sortie en 1999 "Kadosh" le film d'Amos Gitai scénarisé par Eliette Abecassis.
Il m'avait profondément bouleversé.
Ce film m'avait donné envie de découvrir le cinéma israélien que je ne connaissais pas. Il est resté pour moi le meilleur jamais tourné par Amos Gitai.

J'avais depuis plus de dix ans envie de lire le livre qu'avait inspiré à Eliette Abecassis sa participation à l'écriture du scénario de Kadosh
Mais le peu de plaisir que j'avais pris à la lecture des livres d'Eliette Abecassis m'en avait longtemps dissuadé : "Qumran" était un thriller biblique prétentieux qui sentait trop sa Normalienne et "Un heureux événement" l'exercice d'auto-fiction de la jeune mère en plein baby blues. Bref, Eliette Abecassis avait beau être extrêmement jolie, je la trouvais avant toute tête-à-claques.

La lecture de son livre m'oblige à ravaler mes sarcasmes venimeux.
Nous sommes à Mea Shearim, dans le quartier juif ultra-orthodoxe de Jérusalem. Conformément à la tradition, Rachel est mariée à Nathan, un homme plus âgé qu'elle et qu'elle ne connaît pas.
A partir d'une telle ébauche, on imagine sans peine la suite : une nuit de noces douloureuse, une vie sans amour, l'ennui qui s'instille dans le couple, la tentation de l'adultère, sa concrétisation peut-être ....
Pas du tout ! Eliette Abecassis nous entraîne dans une toute autre direction. Rachel est amoureuse de son mari. Et son mari l'aime profondément (eh oui ! ces choses-là arrivent aussi surprenantes qu'elles puissent paraître ! j'écris ça pour voir si ma femme lit mes critiques). Hélas elle ne lui donne pas d'enfant. Et au bout de dix ans, conformément à la tradition, Nathan devra la répudier pour épouser une autre femme et procréer.
Comment réagira-t-elle ? Va-t-elle, comme sa soeur a osé le faire, oser défier la Loi ? Va-t-elle, lorsqu'elle découvrira la cause de son infertilité, la révéler à sa famille ? Va-t-elle accepter son sort en guise d'ultime preuve de son amour pour son mari ?

Le film dénonçait la violence morale exercée par la communauté hassidim sur ses membres. le livre s'intéresse plus à l'amour, infini, que Rachel porte à Nathan. Ce qu'il perd d'un côté, il le gagne de l'autre.

Ce bref récit nous plonge au coeur de la communauté des juifs orthodoxes, les hassidim, à Jérusalem, de nos jours. Rachel et Nathan ont été mariés sans se connaître. Mais coup de chance, ils se plaisent et sont amoureux l'un de l'autre. Malheureusement, après dix années de mariage, Rachel n'a toujours pas d'enfant. Sans que la stérilité de l'homme puisse être seulement envisagée un seul instant, la loi hébraïque permet dans ce cas au mari de répudier sa femme. L'amour de Nathan sera-t-il assez fort pour repousser cette solution ?

L'auteur nous rapporte cette histoire sur un ton proche de celui du journaliste : les faits, uniquement les faits, très peu de sentiments. Pas de révolte : dans cet univers-là, on se soumet à la loi de Dieu, c'est-à-dire à la règle des autorités religieuses et aux volontés de la famille. Ou bien l'on quitte la communauté et sa famille. le sujet est intéressant mais j'ai trouvé le livre un peu "court" sur ce sujet et il me laisse un goût d'inachevé.

Tu pourrais vivre à Mea Shearim, à Jérusalem.
Quartier juif orthodoxe.

Tu pourrais t'appeler Rachel. Avoir été l'objet d'un mariage arrangé. Sans cris, sans rébellion. Parce que tu as été élevée comme ça. Certains diront soumise. D'autres diront obéissante. Mais toi, Rachel, toi tu dirais quoi ?

Tu pourrais découvrir Nathan le jour de tes noces.
Et tomber amoureuse, l'aimer follement, l'aimer désespérément.
Il pourrait t'aimer aussi.
Il pourrait.
A quoi ça tient, ton ventre, ton sexe de femme, ta fertilité. Ton silence aussi.

De ce ventre resté vide nait la peur. Celle d'être répudiée, puisque la loi l'autorise. Et si Nathan pliait aux exigences de la religion ? Si c'était plus fort, plus fort que toi Rachel, plus fort que l'amour.

Tu es née en France.
Athée.
Avant la lecture de cet ouvrage, tu t'étais conditionnée bien sûr. A t'offusquer. A étouffer de rage. A condamner.
A condamner la femme encore.
De se taire.
De ne pas se battre.

J'aurais du détester Rachel, vouloir la secouer, lui donner du mordant, un peu de fierté. Mais elle m'a touchée. J'ai accepté qu'elle ploie sous le poids des traditions, j'ai accepté de l'aimer comme ça. Sacrifiée.
Je l'ai aimée, et à travers elle, toutes les femmes. Les trop féministes et les mal définies. Les versées dans la religion et celles que la religion a tuées.

La plume d'Eliette Abecassis, sensible, sobre, mène ce drame avec habilité et subtilité.

Ce court récit se déroule à Jérusalem dans une famille juive orthodoxe. Rachel et Nathan s'aiment. Mariés depuis presque dix ans, aucun enfant n'est né de cette union. le moment fatidique approche car la Loi religieuse exige que l'homme répudie son épouse si elle n'est pas enceinte après dix ans de mariage. On suit l'attente angoissante et la détresse de Rachel au fil des pages, qui voit chaque mois ses règles arriver, ce sang qui signe son inéluctable destin de femme répudiée.
L'immersion dans les moeurs et les traditions des juifs orthodoxes est oppressante en regard de la condition des femmes dans cette société religieuse où la soumission est la règle.

Petite histoire assez mélodieuse d'une femme amoureuse, sensuelle, broyée par le poids de la tradition religieuse et qui ne va pas au bout de sa révolte. Mise en place un peu pénible de ce contexte, de ses mille rituels exaspérants dans leur absence de justification. Ca commence à frémir ensuite avec le vécu de cette femme, mais on reste sur sa faim.

La répudiée plonge le lecteur au coeur des traditions juives, de nos jours, dans la communauté des Hassidim de Jerusalem.

Eliette Abecassis nous ouvre donc les portes d'un monde ancestral, profondément patriarcal, et surtour refermé sur lui même, dans ses lois et ses traditions (Halakha).

La grosse problématique posée ici serait peut être: dans la communauté juive, l'homme a t-il la possibilité de penser et agir par lui-même? Ou bien est-il soumis à la loi ancestrale du Talmud sans possibilité de réflexion personnelle?

Petit livre d'à peine 120 pages, qui se lit d'une traite. C'est l'histoire d'amour d'une femme dans une communauté intégriste pour son époux qu'elle n'a pas choisi mais dont elle s'éprend immédiatement. Jusqu'à ce qu'il la répudie et que son monde s'écroule.

Autant le sujet m'intéressait, autant la manière de l'aborder ne m'a pas emportée dans l'histoire. J'ai du mal avec le style narratif et à m'identifier à l'un des personnages. Je regrette que l'on ne rentre pas plus dans la psychologie des personnages. Mais en 120 pages c'est pas facile d'aller en profondeur.

Roman intimiste traitant de l'infertilité au sein d'un couple pratiquant, ce récit permet une immersion au sein des traditions de la communauté juive d'Israël.
L'écriture de l'auteure ne m'a pas touché, je l'ai trouvé assez simple bien qu'efficace, sans fioritures.
Rachel et Nathan forme un couple heureux et amoureux jusqu'à ce que la religion et ces préceptes viennent tout gâcher entre eux.
J'ai trouvé cette histoire tragique et révoltante, mais réaliste.
Je vous recommande donc cette lecture pour découvrir un peu plus les moeurs juives et être touché par l'histoire d'une femme répudiée, rejetée, bannie, car soi-disant infertile.

Quelques explications avant tout ...
Le mouvement hassidique est unique en mettant l'accent sur le respect de la joie de commandements de Dieu (mitzvot), la prière du coeur et l'amour infini de Dieu et le monde qu'il a créé. Beaucoup d'idées pour hassidisme dérivés de la mystique juive (la Kabbale).Ce mouvement Hassidique est un mouvement ultra-orthodoxe du Judaïsme.

Dès les premières pages, j'ai été surprise par le style très épuré et dépouillé de ce livre. Mais comme Rachel vit dans le respect des lois Hassidiques, cette écriture convient pour montrer la soumission de cette jeune femme. Très croyante, baignée dans la foi, Rachel aime son époux Nathan d'un amour inconditionnel même si elle ne l'a pas choisi. Au bout de 10 ans de mariage, elle n'a toujours pas donné de descendance et elle sait que Nathan peut de ce fait choisir une autre femme. Nathan étudie les textes sacrés à longueur de journée et prie. Tout acte est régi selon les lois Hassidiques : les repas, l'amour et la condition de la femme est à l'opposé de notre image...
Rachel se retrouve confronté à un dilemme : respecter sa religion, sa foi ou la braver. A travers la soeur de Rachel, on perçoit un début d'émancipation dans les générations plus jeunes.

Ce livre pointe la fonction de la femme qui n'a aucun droit et qui est prisonnière de sa foi. Mais, pour moi, le mot Religion rime avec dérive et intégrisme quelque soit le Dieu ou les textes dans lesquels l'Homme a foi..

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Un récit court mais percutant et bouleversant qui n'est pas sans me rappeler la mini-série Unorthodox, qui traite de la religion juive des hassidiques de brooklyn et de l'émancipation d'une femme...
Ici il s'agit du drame d'une femme qui aime, elle,son mari ...