ISBN : 2714470874
Je ne connaissais pas du tout cette auteur mais l'image de couverture m'a tiré l'oeil comme on dit et, faute de mieux, je me suis dit, hier : "Tiens, lisons-le : ce doit être bien noir et mon humeur est de la même couleur." Eh ! bien, franchement, je n'ai pas été déçue et la découverte fut des plus agréables même si l'auteur utilise - à mon sens - un peu trop le présent de l'indicatif comme temps et mode préférés.
Camille Verdier, jeune bourgeoise oisive, mariée à un professeur de Fac, Paul, a eu de lui, il y a cinq ans, une petite fille, très jolie mais que tout le monde trouve assez particulière, Emma. Camille a aussi un amant - c'est le genre de femme qui s'ennuie avant que les problèmes ne lui dégringolent sur la tête et qui, inconsciemment peut-être ou alors par pure bêtise, fait tout pour les attirer.
Adoncques, l'amant de Camille l'appelle "Papillon" dans les textos enflammés qu'il lui adresse. Notons qu'il est sensiblement plus âgé qu'elle et qu'il sait apparemment mieux s'y prendre avec elle sur le plan sexuel que Paul le Froid, Paul l'Iceberg, Paul tout rigide dans ses complexes de supériorité. Un jour, en l'absence de Paul, n'y tenant plus, l'amant s'en vient sonner à la porte de sa maîtresse, juste pour la serrer dans ses bras. Et, oh ! malheur, la petite Emma, sortie du bain toute seule, aperçoit, de l'escalier où la surprise l'a stoppée net, l'homme enlaçant passionnément sa mère. Mais Camille a beau se donner bien du mal : elle en conclut que, en définitive, la petite a trouvé la chose naturelle. Après tout, elle n'a que cinq ans, n'est-ce pas ? ...
Le lendemain, la petite Emma et sa classe vont en promenade scolaire dans la forêt voisine. L'institutrice d'Emma, Mylène Germont, est assez mal dans sa peau et diabétique de type 1, maladie héréditaire que lui a léguée son père, Etienne, chef de cuisine très coté à l'"Anecdote", un restaurant de la ville. Non seulement la jeune femme arrive en retard pour prendre en charge sa classe mais ensuite, sur le terrain, la petite Emma refuse de jouer avec elle à construire une cabane. Comme Emma fait sa pleurnicharde - et comme elle est si mignonne, cette enfant, alors que Mylène, la pauvre, est mal attifée et plutôt laide - l'enfant est confiée à une autre institutrice. Dans son nouveau groupe, elle se dispute tout d'abord avec la petite Manon, lui disant et lui répétant sans cesse que sa soeur, Leila, n'est pas sa soeur - de fait, Leila est née d'un précédent mariage de la maman de Manon mais vous avouerez que, pour une enfant de cinq ans qui ne semble pas choquée de voir un inconnu embrasser sa mère sous ses yeux, Emma fait ici preuve de connaissances étonnantes et d'une méchanceté indéniable. Et puis, quand vient l'heure du rassemblement, Emma se volatilise ...
Chacun s'inquiète, se regarde, s'épie ... On organise une battue ... On appelle enfin la gendarmerie ... Et finalement, la petite Emma réapparaît en affirmant, énergiquement et toujours pleurante, qu'elle "sait pas." L'urgentiste qui la soigne veut rendre à ses parents accourus le foulard qui couvrait une écorchure qu'elle s'était faite mais, à la grande surprise de tous, ce foulard appartient non à la petite mais à Mylène, laquelle avait aussi participé aux recherches ... et n'en est pas revenue. Seulement, Mylène est majeure et, bien sûr, malgré tout, en dépit du simple bon sens, personne ne s'inquiète trop pour elle. D'ailleurs, Emma affirme ne l'avoir pas vue. Quant au foulard et à la manière dont il atterri sur son bras, c'est un mystère sur lequel nul ne veut insister auprès de l'enfant : qui oserait traumatiser encore cette si jolie petite déjà si épuisée par les événements ? ...
S'il s'ennuie un peu au début en se disant que l'histoire ne sera qu'une banale histoire d'enlèvement d'enfant de plus, le lecteur finit très vite par "accrocher" à l'intrigue et les pages défilent, défilent, à la recherche non plus d'Emma mais de Mylène et surtout de ce qui a pu les réunir car enfin, le foulard est là pour prouver qu'il y a eu contact. Au fur et à mesure que l'on avance, le climat se fait plus glaçant, plus incroyable et pourtant trouve le moyen de fasciner un lecteur devenu une proie, à l'image de l'oiseau qu'aurait réussi à hypnotiser un python.
Je ne vous en dirai pas plus, sinon que
Barbara Abel est belge et que c'est un auteur à découvrir car elle a, à son actif, deux ou trois autres romans. Si ceux-ci sont de la même étoffe que "
Je Sais Pas", ça nous promet de bonnes soirées . Enfin, voyez déjà avec l'histoire d'Emma et de Mylène et revenez vite nous donner votre avis ... ;o)