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C'est bien connu, tant que le lion n'aura pas ses propres historiens, la chasse sera toujours racontée à la gloire des chasseurs. Mais pour que ce proverbe nous parvienne, il a fallu que les lions commencent à avoir leurs propres historiens. Et Chinua Achebe est l'un des premiers d'entre eux. Avec son livre le plus connu, publié en 1958 puis traduit en français en 1966, il raconte la chasse du point de vue des lions, ou plutôt, l'arrivée des anglais en territoire igbo à la fin du XIXème siècle, vue du côté des Igbos.
Beaucoup de ce qu'il dit dans ce livre n'est pas nouveau pour moi et entre en résonance avec d'autres textes lus, sur l'Afrique ou sur d'autres parties du monde. Mais il faut remettre les choses dans leur contexte, ce livre a été écrit au tout début de la moitié du XIXème siècle et était probablement à ce moment-là très novateur dans le regard qu'il porte sur des événements qui n'ont pas encore abouti à la décolonisation
Le roman suit un personnage principal, Okonkwo, un homme qui s'est élevé à force de travail au sein de son clan et dont la réussite se confirme de jour en jour. Dans la première partie, qui occupe près de la moitié du livre, on le voit évoluer dans son village, heureux de sa réussite et de son importance, entretenant avec soin ses relations sociales et dirigeant d'une main ferme son foyer. Les événements qui constituent chaque chapitre sont autant d'occasions pour donner à voir des aspects de l'organisation sociale et de la culture, donnant à voir une société cohérente et riche de sa tradition et de ses valeurs.
Mais avec l'arrivée des blancs, survient l'effondrement annoncé dans le titre. Chinua Achebe arrive à tisser un roman qui montre, sans être jamais didactique, les effets des prémisses de la colonisation sur les Igbos, tant d'un point de vue social que d'un point de vue personnel. On voit se déliter sous nos yeux ce clan dont les valeurs sont bafouées une à deux. Les valeurs religieuses d'abord, puis l'autorité et la justice. On voit comment le clan essaie de réagir et comment les stratégies mises en place sont parfois contre-productives et renforcent l'emprise des nouveaux venus quand elles devaient les mettre en difficulté. On voit aussi comment l'individu réagit à cette perturbation venue de l'extérieur, ceux qui y voient une opportunité pour se sortir d'un système social qui les oppresse ou ceux qui voient l'édifice de leur vie s'ébranler.
Dans une langue simple et directe qui plonge le lecteur au coeur du microcosme que forment Okonkwo, sa famille et ses relations, Chinua Achebe nous fait découvrir cet environnement si étranger à nos habitudes occidentales et nous permet d'être spectateurs d'un drame que nous ne soupçonnons pas, celui de l'effondrement d'une société et d'un individu. Ce livre facile à lire de par sa facture mais très riche de par son propos est un des premiers classiques de la littérature africaine et il a toute sa place dans la bibliothèque de qui s'intéresse à ce continent.
Les éditions Actes Sud et Pierre Girard en proposent depuis 2013 une nouvelle traduction (celle de 1966 s'intitulait d'ailleurs le Monde s'effondre, les deux titres en accord avec le titre original en anglais et renvoyant bien à la même idée). J'espère qu'ils auront la bonne idée de nous proposer les deux titres suivants, désormais épuisés en français, voire l'intégralité des romans de Chinua Achebe (il n'en a écrit que cinq au total) qui forment une grande fresque de l'histoire des Igbos pris dans la tourmente de l'histoire du début du XXème siècle.
On connaît aujourd'hui plus les Igbos pour leur tentative d'indépendance du Nigeria lors de la guerre du Biafra. On les découvre ici bien avant ces événements qui pousseront Chinua Achebe sur les routes de l'exil, à un moment où leurs traditions sont entières et pas encore remises en cause. Un livre agréable à lire, qui dit le beau comme le moins beau d'une société, qui dit un monde qui s'effondre. Un regard passionnant d'un lion sur la chasse dont il a longtemps été l'objet (et dont il est encore l'objet, mais c'est un autre débat).
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Classé parmi les 100 meilleurs romans de tous les temps selon le Cercle norvégien du livre, Tout s'effondre est la chronique d'une entreprise d'acculturation et de dépossession savamment mais aussi brutalement orchestrée. Le héros Okonkwo aura fort à faire pour essayer de lutter contre ceux qui avancent masqués, divisent pour mieux régner, trompent pour mieux frapper...
Missionnaires et colons sont venus s'installer dans son village sans y être invités et ont « posé un couteau sur les choses qui (les) tenaient ensemble », faisant plier les plus faibles et isolant les plus braves, découpant l’unité, tranchant l’histoire et les croyances, scarifiant la dignité. Avec une écriture sobre et qui ne tombe jamais dans le pathos, Chinua Achebe fait revivre une culture ancestrale qui, si l’homme blanc, avide des richesses du monde entier, n’était pas venu la piétiner, aurait vécu en harmonie avec la Terre bien plus longtemps que notre soi-disant civilisation de Progrès... D’hier à aujourd’hui, cette même logique prédatrice et ce même inéluctable destin collectif : tout s’effondre(ra) !
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On dit que l'histoire est écrite par les vainqueurs. Tout s'effondre est plutôt le roman des vaincus. Une fiction, donc, pour rappeler l'Afrique précoloniale, et plus particulièrement le sud du Nigeria où vivent les Igbos. Historiquement, le récit prend place peu avant l'arrivée des Britanniques, probablement au milieu du 19ème siècle. Si, bien-sûr, le rapport avec le colon européen y prend une place importante, étant donné que c'est la colonisation qui conduit à l'effondrement de cette civilisation, la première et plus grande partie du roman s'intéresse à la vie sociale d'un village igbo, nommé Umuofia, à travers la vie de l'un de ses membres les plus respectés, Okonkwo.

Okonkwo symbolise à lui seul le destin de cette Afrique qu'il fallait à tout prix civiliser, aux dires des Européens du dix-neuvième siècle. En réalité, Chinua Achebe montre que, si le doute subsistait encore, cette civilisation existait déjà et l'auteur nigérian s'efforce ici d'en décrire une, celle des Igbos, avec le plus grand des respects et la plus grande des minuties. Par un fait exprès ou non (je ne connais pas là-dessus les intentions de l'auteur), on pourra s'apercevoir aisément des ponts culturels existant entre la culture igbo et certaines cultures européennes. Un exemple parmi d'autres : il existait chez les Igbos une sorte de pythie, femme parfois possédée par l'esprit d'un dieu et chargée de porter la parole divine parmi les hommes.

Si Okonkwo naît sous une mauvaise étoile, il a malgré tout un bon chi (esprit personnel d'une personnel, de la nature duquel dépend la destinée de l'individu). En effet, son père est un piètre travailleur qui aime et cajole ses enfants. Homme sans titre et sans possession, il ne lègue à Okonkwo que la honte d'une mort infamante et la perspective d'un avenir voué au travail acharné. Okonkwo, justement à force de travail, parvient à s'établir à Umuofia. Avec ses trois épouses, il devient bientôt un homme respecté du clan (composé de neuf villages), achetant les titres et participant aux cérémonies religieuses, notamment celle des egwugwu, divinités masquées qui rendent la justice. Hélas pour Okonkwo, plusieurs événements vont lui interdire une ascension sociale encore plus poussée, et le contraignent même à l'exil et à une forme de marginalisation, principalement à cause de son intransigeance morale.

Dans la première partie se dessine donc l'organisation sociale de ce village igbo. Les guerriers y sont valorisés et les hommes de valeur se mesurent à leur richesse, car celle-ci provient de la terre qu'il faut savamment et courageusement travailler pour qu'elle offre ses récompenses. L'homme détient l'autorité sur sa famille, dont il a la charge (au-delà du symbole, l'homme est chargé de la culture de l'igname), ainsi que sur son domaine qu'il construit et entretient au fil des saisons. Okonkwo s'efforce de coller au mieux au modèle de masculinité qui prévaut, ce qui le conduit à paraître dur envers les siens. Cette réputation d'inflexibilité et de prospérité lui vaut d'accueillir dans sa famille le jeune Ikemefuna, pris comme otage dans un village qui s'est rendu coupable du meurtre d'un membre du clan, lequel jeune homme est destiné à être sacrifié.

Les deuxième et troisième parties font apparaître les Européens. Les missionnaires chrétiens, d'abord, investissent le pays et essaient de convertir les Igbos à leur foi. Deux missionnaires vont se succéder : l'un adopte une attitude de mutuelle compréhension avec les dignitaires d'Umuofia, l'autre est inflexible sur le respect des dogmes. Avec le deuxième arrivent aussi les colons qui imposent bientôt leur gouvernement et leur justice. Déjà transparaissent les premiers effets de la colonisation : négation de la culture igbo, utilisation de traducteurs et d'auxiliaires issus d'ethnies différentes, lesquels abusent du pouvoir qui leur est donné, utilisation de la force dans les rapport avec les populations colonisées. L'Eglise, l'éducation et le commerce attirent à eux une grande partie de la population d'Umuofia, séduits par la foi nouvelle et attirés par le négoce rendu plus facile. Revenant dans le clan après sept années d'exil, Okonkwo marque sa désapprobation à l'égard de la nouvelle attitude du clan par rapport aux colons européens.

Tout s'effondre est, finalement, le roman de deuil d'une Afrique disparue sous les coups de boutoirs économiques, sociaux et culturels européens. Pourtant, il porte un regard vivant sur cette civilisation disparue. Comme une manière de montrer que si les chasseurs ont pris possession du territoire, ce sont bien les lions qui restent les rois.
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QUELQUES REPÈRES DE LECTURE
Tout s'effondre de Chinua Achebe.

Le Nigéria - Pays le plus peuplé d'Afrique, avec 180 millions d'habitants, le Nigeria représente la deuxième économie d'Afrique, derrière l'Afrique du Sud.
Les Ibo (ou Igbos) résident dans le Sud-Est du Nigéria. Chinua Achabe est élévé dans cette culture. Il y place son roman.
La fin du XIXème siècle, le début du XXème siècle, c'est la période choisie pour le roman. Une grande première partie nous permet d'accompagner des personnages dans la vie du village et des villages voisins. Achebe nous les présente comme ayant une compréhension stable de leur environnement, tant naturel que familial, politique ou religieux. Achebe tente de faire sentir comment, presque insidieusement, "tout s'effondre" avec l'arrivée des blancs, fonctionnaires et missionnaires, pourtant peu nombreux.
1930, naissance de Chinua Achebe - Son père travaille pour les missionnaires. L'enfant est aidé par des bourses pour ses études. Il connaît donc le bénéfice d'être proche des anglais. En même temps, il peut avoir une connaissance de ce qu'était (ou est encore) la société traditionnelle.
1958, publication de "Tout s'effondre" - le Nigeria obtient son indépendance en 1960. C'est un mouvement puissant qui concerne tout le continent (et au-delà). Pour se tourner vers l'avenir, les africains ont besoin de s'approprier leur propre histoire. Par son roman, Achebe partage l'histoire de son pays, avec ceux de son pays, ceux de son continent, et avec le monde.
Le besoin d'une littérature africaine, écrite par des africains et pour des africains - « Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, l'histoire de la chasse glorifiera le chasseur » . Chinua Achebe aimait citer ce proverbe. Il traduit bien le sens qu'il donne à son écriture.
Tout s'effondre porte le numéro 1 de la collection "Africain Writers". le livre est traduit en cinquante langues environ, et les 50 ans de sa publication ont donné lieu à de nombreuses commémorations. Fondée en 1962 à partir de seulement quatre titres, la collection britannique "Africain Writers" va contribuer à la création d'une littérature africaine représentative du continent. Chinua Achebe s'investit fortement dans l'aventure. C'est aussi à ce titre qu'il est considéré comme le père de la littérature africaine moderne.
Lien : http://www.traverseesafricai..
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Ce livre vaut véritablement le détour. C'est une des premières plumes à avoir écrit en 1958 sur le prosélytisme missionnaire -en l'occurrence anglican- et le colonialisme vus de l'intérieur. C'est simple, émouvant et beau ! Je recommande !
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A la recherche d'une expression typiquement africaine ce « tout s'effondre » d'Achebe est exactement ce qu'il me fallait. « Les termitières de la savane » lu précédemment m'avait paru propret mais très occidental Ici ce n'est pas le cas c'est du pur africain .Ne subsiste que la narration formulée à l'occidentale mais ce n'est pas plus mal car une narration de style griot c'est à dire parlée est plus lourde et moins digeste.
Coté vie sociale et pratique beaucoup de détail qui donne une vue globale à cette société de « sauvages » ponctués par des beaux proverbes sentencieux mais biens sentis le culte de la force pour l'homme car la nature n'est pas tendre mais le respect toujours pour l'adversaire hommes, animaux ou éléments Un grand respect même si il est teinté d'ironie, incompréhension ou de doute pour les autres sociétés; autres clans et colons
Un ordre social très distendu coté autorité : pas de chefs véritables mais des anciens , des sorciers , des notables hiérarchiquement titrés par leurs valeurs sociales qui se concertent sous l'oeil attentif de ceux de l'au-delà.
Coté religion, cet animisme paraît très naturel Intercéder auprès des forces de la nature et les mettre en rapport avec les humains paraît raisonnable : on est en phase ou pas Par contre certaines pratiques « chamanistes » ou « sorcières » semble plutôt barbares quoique logiques : taillader un mort- né c'est à dire le blesser cruellement, pour le dissuader de renaître chez sa mère c'est humain pour protéger la mère (une sorte de contraception à l'envers) mais ce n'est pas ragoûtant. Il y a beaucoup de respect
pour la nature et pour les anciens il existe un lien très fort entre les générations
Coté féminisme il y a encore du travail à faire... à condition que les femmes y mettent un peu de bonne volonté bref...

Coté colonialisme,un passage plutôt bref dans le livre celui qui va provoquer l'effondrement, on assiste bien à la venue de cette lèpre chrétienne qui sournoisement vient s'installer et détruire un microcosme qui fonctionne bien. La parole hypocrite d'amour, brandie bien haute dans une main et le sabre tenu fermement dans le dos, dans l'autre Les sauvages ne sont pas ceux qu'on croit (ici ce sont les anglais Faut toujours qu'ils cherchent des noises ceux-là: soit c'est aux dieux nigériens qu'ils disent faux soit c'est aux pêcheurs français qui pêchent trop ah la la ...ces...presbytériens ? prestbytes ? Enfin des casse-c...quoi, bon, moi je m'égare... )

Une bien belle histoire à déguster comme un foufou d'ignames (2kg + 1/4 de cac de poivre noir et un cac de beurre Égouttez les ignames, refroidissez et pilez en mélangeant avec les autres ingrédients et ça devient du foufou)
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Okonkwo est un homme puissant du village ibo d'Umuofia. Il a trois femmes et huit d'enfants. Mais après son retour d'exil, il est confronté à l'arrivée de l'homme blanc, de sa nouvelle religion et de ses nouvelles règles. Tout s'effondre est un roman en trois parties de Chinua Achebe. le souffle épique des premières pages s'érode peu à peu.
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Chinua Achebe raconte avec simplicité et lucidité l'inéluctable effondrement d'un homme (Okwondo), dont le destin va être bouleversé par l'arrivée des missionnaires chrétiens et par les colons britanniques.

Tout s'effondre commence dans la tranquillité d'un village de brousse, Chinua Achebe nous contant les exploits d'un homme devenu fier et fort au sein de son clan grâce à ses exploits personnels. Malgré un ascendant sans honneur, cet homme était destiné à un avenir glorieux, porté par la force des traditions. Pourtant le récit nous conduit irrémédiablement vers une fin glaçante, résumée en une scène… le cynisme du colonisateur se voyant comme un pacificateur apportant la civilisation là où il ne voit que des tribus primitives. La machine coloniale ayant broyé un homme pourtant si fier et si fort encore quelques dizaines de pages plus tôt…

Pour autant il y a une autre facette de l'histoire qui est plus profonde et que nous conte Chinua Achebe. Avec les premiers missionnaires chrétiens (qui n'avaient pas de velléité de colonisation) les indigènes sont d'abord confrontés à une autre manière de vivre l'autre, à d'autres traditions, à une autre vie spirituelle. Finie la crainte de dieux réprobateurs, des egwugwu, des forêts maudites, des esprits hantant les enfants (ogbanje) ; les missionnaires blancs proposent un Dieu qui aiment et accueille tout le monde.

C'est le poids des traditions, des coutumes, qui s'effondre alors. Des règles de vie pourtant ancestrales sont reniés par certains pour accueillir cette nouvelle spiritualité. Par opportunité parfois : les osu, proscris, y voient une nouvelle vie plus digne, tout comme les efulefu, vus par les hommes du clan comme des sous-hommes. Par rejet des traditions : c'est le cas des mères qui ne veulent plus voir leurs enfants jumeaux emmenés dans la forêt maudite par superstition. Par amour de cette nouvelle spiritualité aussi : c'est le cas de Nwoye (fils ainé de Okwondo) qui garde avec rancoeur le souvenir du sort réservé à Ikemefuna, qui était comme un frère, tué par le clan parce-que les esprits l'avaient décidé.
Dans cette partie de l'histoire Chinua Achebe met en scène un missionnaire qui cherche à comprendre l'autre. Il y a tout un passage entre Mr Brown (le missionnaire Blanc) et Akunna (un sage d'un village) qui échangent sur leur spiritualité en comparant la divinité suprême chez les Chrétiens (Dieu), à Chukwu chez les indigènes. Un dialogue bienveillant qui malheureusement ne durera pas.

Après le choc des cultures (l'arrivée des missionnaires chrétiens), le choc des civilisations (en l'occurrence ici le Royaume-Uni vient installer un dominion britannique) provoque une rupture dans la vie de ces peuples. Ce choc a non seulement été destructeur d'un point de vue des règles et modes de vie mais aussi meurtrier. Entre guerres intestines et luttes de pouvoir, certains ne sauront pas s'adapter : c'est le cas du personnage principal Okwondo qui, après avoir été parmi les hommes les plus respectés et écoutés de son clan, se retrouvera presque seul à combattre pour tenter de préserver ces coutumes et ces traditions dont il est si fier et sur lesquels reposait le but de toute sa vie.
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Un magnifique texte qui nous offre une vision véritable et beaucoup plus nuancée sur la colonisation, bien loin des débats tranchés sur le sujet. Et qui nous interpelle inévitablement sur notre vision du monde et la question de l'Autre.
La pierre angulaire de ce roman est le paradoxe de l'intersubjectivité, à savoir que ce qui nous lie est aussi puissant que fragile. Puissant du fait de la force des tabous, rites, et croyances des populations pré-coloniales du Niger, qui ont donné à la vie et aux événements un caractère profondément immuable. Mais très fragile dans le même temps, car il est déconcertant de constater avec quelle rapidité un tel système séculaire a pu s'effondrer face à l'inattendu, un cygne noir, l'arrivée des missionnaires et des colons européens.
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Okonkwo est un chef de clan respecté par les siens. Il vit heureux avec ses trois femmes et ses enfants, au rythme des saisons et des récoltes. Il est obligé de quitter pour plusieurs années sa tribu car il a transgressé un tabou....le début d'une lente déchéance de ce chef hautain et orgueilleux..
Arrivée des missionnaires s'appuyant sur d'autres tribus, destruction des traditions, des rites, de la culture.... : "Comment veux tu qu'on se batte alors que nos propres frères se sont retournés contre nous? le Blanc est très habile. Il est venu tranquillement et paisiblement avec sa religion. On s'est amusé de toutes ses sottises et on lui a permis de rester. Maintenant il a conquis nos frères, et notre clan ne peut plus rien faire. Il a posé un couteau sur les choses qui nous tenaient ensemble et on s'est écroulés"
L'Afrique noire traditionnelle, ses coutumes, ses rites et ses superstitions confrontés à l'arrivée des missionnaires et des colons blancs.
Avec sa foi le missionnaire a apporté sa culture, sa civilisation et ses lois, l'argent remplace dorénavant le traditionnel troc :"Le Blanc avait apporté une foi délirante, mais il avait aussi établi un comptoir commercial, et pour la première fois l'huile et la noix de palme étaient devenus des produits de grand prix"
La destruction d'une culture traditionnelle, la destruction des hommes attachés à cette culture, la destruction d'un continent ....et tout ceci au nom de deux religions...le christianisme et l'argent
Une Afrique qui s'effondre..
Très beau roman...
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