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Okonkwo est un homme puissant du village ibo d'Umuofia : vaillant, sage et prospère, il pourvoit aux besoins de ses trois femmes et huit enfants et sa parole est respectée par la communauté. le monde dans lequel il vit est régi par des règles très strictes auxquelles chacun et chacune se soumet de son plein gré, c'est un ensemble cohérent ancré dans de profondes traditions et qui paraît immuable. Et pourtant, l'arrivée de missionnaires et des colons britanniques va mettre à mal cette société millénaire.

De sa plume, Chinua Achebe rend hommage à une Afrique précoloniale parfois cruelle mais autonome. Son style pourtant sobre rappelle celui des contes, dans chaque phrase revient le rythme d'une oralité qui fait échos aux propos de l'auteur. Aucun jugement dans sa prose, il ne s'agit pas de prendre position pour ou contre les systèmes qui régissaient la vie du peuple ibo avant l'arrivée du christianisme, mais de faire état de bouleversements traumatiques pour des peuples et des individus et de reconnaître la légitimité d'une histoire qui n'est que peu écrite et racontée. Alors à la suite d'Okonkwo on bat les sentiers, en étant tour à tour agacé, impressionné ou heurté, et l'on se fait lecteur d'un monde révolu à la réalité pourtant encore palpable.
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Suite au roman de Barbara Wood, African Lady, j'ai vraiment eu l'envie comme un besoin de me plonger au plus profond de l'Afrique. Avec le roman de Chinua Achebe, je suis partie tout là-bas près d'Okonkwo et de son clan. Sans oser m'approcher de trop près, j'ai vu la vie du village ibo, les coutumes, les croyances, les chants, la pensée d'un peuple loin de notre civilisation occidentale. La nature est tout un personnage à elle seule, maîtresse de tout un peuple tributaire de son bon vouloir au rythme des sécheresses ou des pluies diluviennes.
La première partie nous raconte l'histoire de ces hommes, femmes, enfants dont les principales préoccupations sont celles de la faim et du respect des dieux.
La deuxième partie s'attarde sur l'arrivée des missionnaires et premiers colons avec la déroute s'immisçant chez cette tribu devant une autre croyance religieuse. Avec pour conséquence, d'en sauver certains qui doutaient déjà du non sens des sacrifices humains et perdre ceux enracinés dans leur croyance ancestrale.

Okonkwo est un homme dur, violent, peu sympathique qui pense qu'il ne faut laisser apparaître aucune émotion, seule la colère se manifeste confirmant la force de l'homme, la peur des siens ou le respect des anciens. Deux de ses enfants amèneront quelques passages tendres presque poétiques dans ce monde si éloigné du nôtre.

L'auteur ne prend pas parti, il ne juge pas, il brosse un portrait réaliste de la vie en terre noire avant et après le colonialisme.
Sous une plume simple, accessible, ce roman dépayse et interroge...
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Lu dans la collection Babel d'Actes Sud sous le titre « tout s'effondre » dans une traduction de Pierre Girard.
Une superbe mise en lumière de la façon dont notre culture « universelle », sous couvert de religion, a supplanté celles qui l'ont précédée, en l'espèce celle des Ibo du Nigéria. Ce roman écrit à la façon d'un conte africain, dans un langage simple et chaleureux, mais lucide sur les pratiques ancestrales, est plus démonstratif qu'un essai savant sur l'altérité sociétale. Si vous aimez la lecture pour découvrir d'autres façons de penser, ne le manquez surtout pas. C'est passionnant, émouvant, très agréable à lire et surtout cela interroge sur notre capacité à accepter la différence.
(Merci à Nastasia-B dont la critique enthousiaste m' a fait découvrir ce livre.).
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Okonkwo est un homme respecté du village d'Umuofia, au Nigéria. Ayant grandi avec un père bohème qui ne s'est jamais distingué en rien et se contentait de profiter des plaisirs de la vie qui s'offrait à lui, il s'est juré d'être tout l'inverse, et de travailler d'arrache-pied pour devenir un pilier de la société, quitte à se devoir se montrer très dur avec sa propre famille.

Une grande partie du roman tourne autour de la vie du village, qui semble suivre des coutumes immémoriales, destinées à se perpétuer encore pendant des siècles. Puis arrivent les missionnaires anglais, et en quelques années, Umuofia, qui semblait vivre hors du temps, est mise sens dessus dessous : le sacré n'est plus respecté, pas plus que les anciens, et les proscrits se promènent près des notables la tête haute.

Car si au début, en suivant Okonkwo, très bien installé dans la société qui va disparaître, on regrette le renversement de l'ordre établi, à y regarder de plus près, on comprend que toute une part de la population, laissée pour compte, est plutôt favorable au changement : il y a des mises à mort rituelles, des abandons de nourrissons, des proscrits qui doivent vivre aux marges du village, … le discours chrétien qui affirme que chacun est précieux aux yeux de Dieu trouve auprès de ces gens un écho favorable.

Le roman est assez nostalgique, en décrivant à merveille les rouages d'une société qui a perduré pendant des siècles, mais qui va être irrémédiablement effacée par une autre.
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... J'ai refermé Tout s'éffondre de Chinua Achebe proposé à la lecture par Jérome Charvenet... Ce livre, cette histoire qui m'a prise aux tripes, à peine terminé, j'avais besoin de poser mes premiers mots... Aujourd'hui, quelques jours ont passé et je me rend compte que ce livre continue de m'habiter...

Pourtant sans cette proposition, je ne suis pas sûre que j'aurais pris la peine de découvrir cette histoire. La couverture m'intriguait... Mais pas de quoi me faire sauter le pas avec le 4e de couverture! Or je serai passée à côté d'une oeuvre exceptionnelle!!

J'ai appris depuis qu'elle s'inscrivait dans une trilogie dont les deux titres suivant ne sont plus édités en français.... C'est regrettable quand on sait l'apport multi-dimensionnel que l'auteur nous offre!

C'est un livre et fort probablement une trilogie que j'aurais rendue obligatoire si j'étais devenue prof d'Histoire! L'auteur y abordant les débuts du colonialisme, servi par un style épuré avec un descriptif qu'on croirait rendu par un anthropologue... C'est grâce à cette forme que Chinua Achebe a pu écrire un texte de vie qui m'a tant remuée et dont les dernières pages m'ont donné les larmes aux yeux!

Le fond qui donne la paroles à ceux qui ont subi la colonisation ne cesse au fil de l'histoire de s'intensifier...

Sans crudité et sans enjolivement, mais avec beaucoup d'humanité, on va entrer dans la vie d'Okonkwo. Et quel vie! de celles dont sont issues les légendes... de celles qui marquent de leur empreinte ceux qui l'écoutent, ceux qui la lisent! de celles qui laissent un nom!

Okonkwo, fils d'Unoka le paresseux et l'imprévoyant, a réussi malgré son ancêtre à faire sa place dans l'histoire de son village Umuofia, au Nigeria. Lui l'héritier de ce moins que rien, a réussi à se hisser parmi les hauts dignitaires. A la force de sa volonté, lui qui n'avait rien, est devenu un propriétaire de parcelles de terres où l'ignames qui rythme leurs vies dans sa région, est cultivé; un mari de 3 épouses et père de nombreux enfants.

Son destin, il l'a changé à 18ans en remportant un combat de lutte mémorable! Sa position, il l'a ensuite consolidé par des faits guerriers! Jamais Okonkwo n'aurait imaginé que son destin serait si intimement lié à l'avenir de son peuple! Lui qui pensait son avenir assuré par sa seule volonté, va pourtant connaître sa chute...et en miroir celle de tous les siens...

Avec lui se pose la question de savoir si on peut s'affranchir de sa lignée? Si on peut la rejeter sans que la nouvelle génération ne se construise à son tour en opposition? Une opposition ici née en réaction de la psyché intime d'Okonkwo.

Le prix en effet de son ascension réside dans la perte d'une par de lui-même... L'impossibilité d'être faillible! L'impossibilité d'avoir peur... Ce qui entachera sa relation aux siens par les choix qui en découlent... le rendant aveugle à l'approche "sensible" des siens de leur monde en plein changement!

Chinua Achebe ne fait pas que nous parler du colonialisme comme vous pouvez le lire... Il nous parle aussi de l'humain avec une finesse psychologique où sous couvert de routine, la vie bien plus puissante s'exprime et où chacun à sa part de responsabilité dans ce qui se vit! Où chacun, quand il projette son monde intérieur sur le monde et pense que c'est le monde, devient aveugle à ce qui l'entoure...
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Selon la quatrième de couverture, ce roman “rend hommage à l'Afrique précoloniale” car, dit le proverbe africain, “Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, l'histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur.” “Chinua Achebe est l'un des premiers lions du continent à prendre la plume.”
Si ce livre a pour but de démontrer que les Africains étaient infiniment plus heureux avant l'arrivée des colonialistes, pour moi, j'en suis désolée, ça passe à côté. Que le colonialisme ait été source de malheur, et jusqu'à aujourd'hui je ne conteste pas, mais cette société Ibo ne m'a pas parue être le paradis sur terre.

A travers l'histoire d'un homme qui veut s'élever à tout prix dans son clan et qui est dévoré par la crainte de paraître faible comme il estimait que son père l'était, l'organisation de la société Ibo nous est racontée. C'est clairement une communauté d'hommes, glorifiant le guerrier mais pour cela il est nécessaire que d'autres soient soumis voire méprisés ou pire.
Tout d'abord les femmes. Elles travaillent évidemment mais ne prennent pas part aux décisions sauf l'oracle. Il existe des exclus, vivant à part, méprisés, sorte d'intouchables, à peine mentionnés sauf lorsque les Blancs découvrent leur existence. Il est fait aussi mention d'esclaves. C'est aussi une civilisation basée sur le sacrifice humain. C'est ainsi qu'un jeune garçon donné en compensation (avec une jeune fille qui remplace l'épouse tuée par une autre tribu et évidemment sans qu'on lui demande son avis) est mis à mort. Il a été élevé trois ans au sein de la famille du personnage principal Okonkwo et est apprécié de tous mais soudain parce que l'oracle le décide, il est emmené en forêt et tué y compris par celui qu'il appelait désormais père et qui l'aimait. Ce geste tourmentera beaucoup le fils aîné d'Okonkwo qui était devenu son ami et le poussera plus tard dans les bras des missionnaires. Comme une mère dont les jumeaux ont été abandonnés en forêt comme le veut la tradition ainsi que le sont certains malades.
Ceux qui ont la chance d'être hommes et d'être importants vivent effectivement une vie assez agréable, codifiée certes, en fonction des saisons, avec de nombreux liens sociaux. Les femmes également ont beaucoup de relations entre elles.

La plupart des organisations sociales, peut-être toutes, ont des hiérarchies qui peuvent aller jusqu'à l'exclusion, la nôtre ne fait pas mieux mais la différence est que ce n'est pas une loi qui décide que telles personnes seront mises à part.

Que voulait prouver cet écrivain, pour moi ce n'est pas très clair. Peut-être simplement que les sociétés africaines étaient complexes, ce qui est évident aujourd'hui mais ne l'était sans doute pas au moment de sa première parution en 1958.

C'est ma première lecture pour une année où j'aimerais renouer avec la littérature africaine que j'avais laissée tomber depuis pas mal de temps. Il serait sans doute intéressant que je reste sur la littérature nigérienne afin de voir l'évolution de son histoire.

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Qu'est-ce qu'une civilisation ? Combien de temps faut-il pour bâtir une civilisation ? Des siècles probablement. Mais pour la détruire ? On en est droit de se poser cette question une fois avoir lu ce très beau roman de Chinua Achebe.

Le roman retrace la vie d'Okonkwo, un villageois africain écouté et respecté pour sa bravoure, sa puissance et son inflexibilité. Okonkwo est un homme fort, droit, empêtré dans ses traditions, ses convictions, et peu enclin à écouter ses émotions et ses sentiments. Fidèle à la parole des Anciens, prêt à tout pour faire respecter le jugement des Sages, même si cela passe par l'abandon des nouveau-nés jumeaux, maudits selon les superstitions, aux fauves dans la forêt. Et même si cela passe par le meurtre de l'ami de son propre fils, un garçon à qui on a offert le gîte et le couvert et dont le seul tort est d'être d‘un autre village …

Et puis le premier homme blanc arrive dans la région. Et avec lui la fin d'une époque, d'une civilisation. Les Blancs ramènent le commerce, l'argent, et une nouvelle religion. Et peu à peu, les croyances autochtones céderont le pas à la religion des Blancs. Peu à peu, la voix d'Okonwo sera de moins en moins audible. Pour un jour ne plus être écoutée. Et ne dit-on pas qu'un homme existe tant que sa voix est écoutée ? …

Dans ce roman, Chinua Achebe ne porte pas de jugement. Il n'y a pas de victime désignée. Il n'y a pas les bons Noirs d'un côté et les mauvais Blancs de l'autre. Ni l'inverse d'ailleurs. Non, l'auteur reste très africain (je veux dire plutôt qu'il ne joue pas à l'Occidental, car que sais-je de l'africanité ?) dans sa façon de présenter les choses. Digne et en retrait.

Vous n'y trouverez aucune grandiloquence. L'écriture est simple, directe, à l'image de la vie de ces cultivateurs illettrés. Par contre c'est un formidable témoignage ethnologique et historique. Tout y est: rites de passage, rite funéraires, offrandes au dieu de la terre pour des récoltes abondantes, initiation en pleine nuit dans une grotte reculée dans la savane, au milieu des cris des bêtes sauvages et des esprits qui rôdent …

Un très beau roman, assurément.
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Une fable désenchantée sur la destruction de la culture africaine par les colons et la perte de repères qui s'en est suivie.
À la manière d'un conte, Chinua Achebe nous fait réfléchir sur l'histoire africaine.
Le récit nous embarque au plus profond de la culture Ibo, ethnie du Nigeria, et nous entraîne au rythme des traditions de ce peuple.
Le récit est nostalgique mais malgré tout sans complaisance sur certains aspects de la société africaine.
Je me souviendrai longtemps de ce livre qui pour moi est un grand roman, et je remercie vivement mon libraire de me l'avoir conseillé.
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Dans un village fictif du Nigéria, Nwoye est marqué par la mort tragique de son"frère" Ikemefuna. Un meutre perpétré son père Okonkwo pour préserver la paix avec un clan voisin. Mais déjà, des désaccords se font entendre dans l'entourage de celui-ci qui, est prêt à tout pour entretenir son image de noble et d'homme fort. Ceci en totale contradiction avec son propre père dont il tient à s'en éloigner.
Dès lors, c'est un enchaînement de situations qui conduira Okonkwo jusqu'à sa chute certaine. En effet, le village et son clan devront bientôt composer de gré ou de force avec le colon britannique. Il est arrivé avec son organisation, ses lois et ses croyances. Un des premiers à y trouver justement sa place sera Nwoye, lui aussi en rupture avec père Okonkwo…

Une chronique familiale qui se confond aisément avec la grande histoire coloniale. le choc fut brutal et les autochtones déjà sujets à des doutes internes ne tinrent pas longtemps face au nouvel occupant.
Chinua Achebe nous livre une oeuvre d'une grande complexité et d'une grande générosité. Il nous éclaire sur les parcours de vie des principaux personnages, les structures précoloniales et l'impact des normes britanniques sur le devenir de ce clan.


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Nouvelle plongée dans la littérature africaine ! Chinua Achebe fait partie des auteurs nigérians dont on entend beaucoup parler. C'est avec curiosité que je me suis lancé dans "Tout s'effondre", ce roman qui raconte du point de vue des africains ce retournement charnière où les blancs s'emparent de leurs pays.

Quelques cases dans le sud du Nigéria, la vie s'écoule dans cette fin du XIXe siècle, où les traditions centenaires sont fortes. Okonkwo est un homme respecté qui fait partie des chefs de clan. Avec 3 femmes et 9 enfants, il s'est élevé grâce à sa volonté et sa force de travail.

Il nous parle des traditions, de la vie du village, avec ses règles codifiées. Chinua Achebe ne tombe pas dans l'écueil de nous présenter une Afrique édulcorée. C'est au contraire une société complexe et crédible que l'auteur décrit dans une langue fluide, lumineuse et limpide. C'est très immersif et nous comprenons rapidement le fossé qui sépare les cultures occidentales de l'Afrique.

Si la vie aurait continuer longtemps à ce rythme, Okonkwo tue le fils de son meilleur ami et, par accident, un sorcier. C'est comme si les failles de cet homme certes solides mais aussi orgueilleux, prompt à la colère, et à la main leste, représentaient le début de la chute de l'Afrique.

Car c'est au même moment que les colons européens arrivent. Ils s'installent dans les villages et imposent leur propre ordre social. Ils bouleversent des millénaires de tradition avec cynisme et mépris. C'est surtout l'arrivée de la chrétienté qui provoque le plus de tensions, aboutissant à de situations ubuesques.

En somme, Chinua Achebe nous présente une fracture et un délitement à travers sa plume expressive. Avec simplicité, nous sommes envoûtés par cette culture étrangère vouée à la disparition dans la course inexorable vers la richesse et l'uniformité.
Lien : https://lageekosophe.com/
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