Je suis une inconditionnelle de cet auteur, mais cette fois , j'ai quelques restrictions : ici c'est l'histoire d'une famille réunie qui se retrouve à l'occasion de l'enterrement du père .
Dans ce pavillon de banlieue , la mère attentive , un peu perdue, bien sûr accueille ses trois enfants .
Il y a Claire , la soeur aînée, sage, veillant sur les autres comme elle le fait lorsqu'elle soigne ses patients à l'hôpital—- elle se rebellera ——-, Antoine le cadet , assez agressif, conscient d'être vu comme le garçon pragmatique qui gagne bien sa vie , obligé d'annuler un dîner crucial avec un prospect prometteur.
Chacun se demande si Paul viendra , il n'en a toujours fait qu'à sa tête, se souciant peu des convenances, considérant n'avoir aucune obligation envers personne , surtout pas envers sa famille .
Enfin il surgit , dans l'obscurité, son sac à la main .
Lui, c'est l'artiste de la famille , célébrité du théâtre , ses films à succès où il jongle avec le réel et la fiction, en froid avec le reste de sa famille , une fratrie laminée , abîmée de film en film , de pièce en pièce , oubliant totalement le mal qu'il peut causer : Tout est faux mais rien n'est inventé » .
C'est « La Vedette » il les snobe et les salit dans ses créations , mais rien n'est aussi simple …
Alternant les paroles des membres de la fratrie , violentes , douces ou nostalgiques, dans une construction découpée en trois actes , comme sur une scène , l'auteur s'interroge notamment sur notre rapport à la fiction .
Les personnages interprètent une ultime pièce de théâtre, unité de temps et de lieu ,pour l'enterrement du père , au sein de la maison familiale qui les a vus grandir , et partir l'un après l'autre , les rancunes éclatent , vives ….
Encochés vifs , ils délivrent leurs doutes , craintes, reproches , ressentiments , réflexions amères , déceptions diverses ….
Discours violents alternent avec des pages tendres , jouant au jeu de la vérité et de la mémoire .
Ils rejouent la nostalgie de leur enfance , liées à leurs déceptions d'adultes.
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Derrière le trouble , la sidération du deuil , la pesanteur des retrouvailles, l'auteur pose la question des silences et des souvenirs falsifiés , remaniés au fil du temps .
Ils retrouvent pourtant les gestes d'autrefois pour faire la vaisselle, l'essuyer et la ranger .
Cette union factice n'est qu'un leurre , une trêve pétrie de non- dits , de douleurs vraies , ressorties au moment où chacun doit se débrouiller avec ses manques , ses errances et ses blessures .
C'est un huit - clos bouleversant , mais les personnages me semblent trop caricaturaux, la trame peu originale , banale , j'ai pensé à des querelles vaines, anciennes chez des proches : un oncle décédé et ses six enfants tous fâchés depuis des années pour des histoires de terres , une tante et ses deux enfants idem….
Une mécanique tournant dans le vide , fonctionnant avant tout sur des détails , et je n'oublie pas les injures et l'influence de l'alcool .
Oui j'ai été un peu agacée , contrairement aux autres oeuvres :
Les lisières ,
À l'abri de rien,
Des vents contraires ,
Chanson de la ville silencieuse ,
Tout peut s'oublier …..
J'en oublie sûrement ….
J'ajoute que j'ai rencontré l'auteur plusieurs fois au livre sur la place a Nancy.
C'e n'est que mon humble avis , bien sûr .
Merci à Reine pour le prêt .