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EAN : 9782081422032
147 pages
Flammarion (03/01/2018)
3.46/5   330 notes
Résumé :
Je suis la fille du chanteur. La fille seule au fond des cafés, qui noircit des carnets, note ce qu'elle ressent pour savoir qu'elle ressent. La fille qui se perd dans les rues de Paris au petit matin. La fille qui baisse les yeux. Je suis la fille dont le père est parti dans la nuit. La fille dont le père a garé sa voiture le long du fleuve. La fille dont le père a été déclaré mort. Celle qui prend un avion sur la foi d'un cliché flou. Celle dans les rues de Lisbon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (87) Voir plus Ajouter une critique
3,46

sur 330 notes
« Je suis cette fille qui n'est pas sûre de reconnaître son père. Qui n'est pas sûre d'avoir bien compris qu'il était mort. Qui n'a jamais été bien sûre de l'avoir connu un jour. », sujet du dernier livre d'Adam . le père, c'est Antoine Schaeffer, ex-star de la chanson française, légende vivante qui un beau jour à l'apogée de sa gloire, plaque tout pour aller vivre en ermite à la campagne et finit par disparaître totalement, déclaré mort sur papier....? Une mort sans sépulture, sans cadavre.
Elle, “la fille du chanteur”, qui n'en garde aucune trace, aucun souvenir. Elle tente de rembobiner le film de sa vie, images désordonnées, usées, floues, en quête du fantôme du père ,........en quête d'elle-même. Une mère croisée par hasard, qui l'a délaissée enfant, partie loin. À huit ans, débarquée chez le père, dans une vie de pagaille, parmi des adultes, où à part une vie de famille tout y est....”Je suis celle qui grandit sans souvenirs d'enfance.”
Une quête physique et spirituelle qu'elle poursuit à Lisbonne, capital du pays de « La Saudade »( mot portugais qui exprime une mélancolie empreinte de nostalgie, sans l'aspect maladif), sur la voie d'une photo d'un chanteur de rue, sosie du père, «  Je le cherche sans le chercher..... un fantôme. Un visage flou sur des photos. Celui d'un mort. D'une légende. ».
Un livre travaillé par la musique, une texture sonore à travers des phrases très courtes sans verbe, percutantes, vibrantes, ou une phrase longue, longue qui atterrit en douceur ....une prose endiablée, qui me fait penser à la musique de Prokofiev.
Olivier Adam qui se considère comme un musicien raté, dans ce livre librement inspiré de la vie de Nino Ferrer et d'un chanteur de rue entraperçu dans une rue de Lisbonne, nous émeut, nous fait vibrer encore une fois avec sa musique dans le silence des mots, et ses thèmes récurrents de la fuite, de l'errance, du mal être permanent et de l'infinie solitude des êtres. Il touche au coeur de l'inévitable gouffre entre l'intimité de l'artiste et son oeuvre public, “les chansons sont plus intéressantes que ceux qui les chantent.”

Il écrit dans le fond toujours la même chose, mais ce n'est pas la même chose, puisque je ne me lasse pas de le lire......magnifique .


I lost myself on a cool damp night
I gave myself in that misty light
Was hypnotized by a strange delight
Under a lilac tree ....
(Lilac Wine)*
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Elle arpente les rues de Lisbonne. Depuis trois jours, dérive au hasard. Se cogne aux passants et aux touristes. le soir venu, guidée par le murmure de la musique, elle s'attarde sur les visages des musiciens. Montre les photos, le peu qu'elle dispose, aux barmen et aux patrons des restaurants où s'agglutinent les dîneurs. Elle, c'est la fille du chanteur. Antoine Schaeffer, ex-star adulée, sulfureuse, sexy. Déclaré mort. Disparu soudainement au détour d'un ruisseau. Ne laissant derrière lui que quelques bribes de souvenirs pour celle qui l'a si peu connu. Enfant délaissée d'une mère fuyante et d'un père fantôme. Serait-ce vraiment lui que l'on a aperçu en contrebas du Bairro Alto ? Est-ce lui que son ami Théo a capturé sur l'écran de son portable ?


Des années que son père a disparu. Des années aussi qu'elle vit en marge de la société. Solitaire et effacée. Fragilisée par le délaissement de ses parents. La fuite de sa mère, l'absence de son père qui, aujourd'hui, prend trop de place. Est-ce réellement lui sur le cliché ? Un sosie ? Partie à la recherche d'un père fantôme, la fille du chanteur se met en quête de la retrouver. Olivier Adam donne la parole à cette jeune femme discrète, mutique qui, peu à peu, dessine le portrait d'un homme excentrique, d'un chanteur qui a connu la gloire et qui s'est retiré du star-système, d'une vedette qui s'est noyée dans l'alcool et la drogue, d'un papa à mi-temps. Dans cette quête au coeur d'une ville grouillante et somnambule, l'on suit les déambulations et les errances de cette jeune femme en lisière de la vie. Ponctuée de phrases courtes, souvent dénuées de verbes, s'attardant sur les descriptions, cette bal(l)ade se révèle poétique, envoûtante et mélancolique.
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Tout a été dit déjà, à quoi bon ?
Le titre est magnifique.
Une jeune fille erre dans les rues de Lisbonne à la recherche de son pére.
Il ressemble à une légende: ne subsistent que quelques bribes sous forme de clichés .
Rock star sulfureuse et adulée, il fuyait les journalistes , concerts électriques et tournées enflammées, studios d'enregistrement à Londres ou à New-York.....nuits d'alcool et de défonce ..
Il a peu élevé sa fille qui ne l'a connu que sur le tard, sa légende était construite et réécrite ....
Mais existe-t-il vraiment ce pére fantôme , cet homme vieilli, une "ombre",
chanteur des rues, perdu dans Lisbonne, ville grouillante ? Une ville sombre qui se dérobe .....
Silhouette floue aperçue sur une photo ? Brusquement , quinze ans après sa disparition volontaire ?
Et qui est cette fille délaissée qui le poursuit ? Un pére à éclipses et une mére partie très loin ?
Une fille en marge de la vie,en quête de repères , de liens d'amour, fragilisée par la désertion de ses parents , héritière d'un pére fantôme " sans sépulture , sans cendres à disperser ...."
On suit ses déambulations comme bientôt " capable de comprendre le retrait progressif de cet homme ...".
Et si c'était deux fantômes à la poursuite l'un de l'autre?
C'est une oeuvre habitée par la quête de soi, l'impossibilité absolue de communiquer que l'on retrouve dans tous les livres de l'auteur, une quête incessante, poétique et entêtante , mélancolique faite d'images et de sensations à fleur de peau ....
Une histoire tissée de thèmes musicaux, à l'aide de phrases courtes , sans verbes parfois , incisives et percutantes, descriptives, et à l'inverse une phrase trés longue .
L'auteur revisite ses thèmes habituels , mal être, errance, fuite, personnages torturés et nostalgiques, solitude infinie de l'être ...
Insaisissables peut- être, par nature .
" Celui qui écrit n'existe pas " .....
Avec cet auteur que j'ai déjà rencontré ,le lecteur n'est jamais déçu !
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Une jeune femme part à la recherche de son père, Antoine Schaeffer -chanteur à textes connu- qui a tout quitté et dont on a annoncé la mort à Lisbonne.
Pendant sa recherche, la jeune femme se souvient de périodes de sa vie. A la suite de la dépression de sa mère, alors qu'elle était encore enfant, son père l'a emmenée chez lui, dans une maison en Ardèche, loin de la ville. Mais son père est souvent absent, que ce soit pour l'enregistrement d'un nouvel album ou encore sur les routes pour de nouvelles tournées, concerts et promotions. Et même lorsqu'il est là, il n'est jamais vraiment là avec elle, ayant besoin de tranquillité, d'isolement. La maison est entre silence et fêtes, lorsque les musiciens ou chanteuses de son père sont présents. le couple, Paul et Irène, qui entretient la maison, sera son vrai foyer. Ils sont pour cette jeune fille, les éléments, les piliers rassurants durant ces années d'enfance et d'adolescence solitaire.
La narratrice parle de sa mère comme d'une très belle femme, un peu excentrique, qui a besoin de se sentir aimer et du regard des autres pour exister. Elle est le monde mondain, les fêtes et les excès qui vont avec. Son père, quant à lui, chanteur adulé, toujours suivi par les paparazzis et les fans, ressent peu à peu, le besoin de (re)trouver les vraies valeurs de la vie, tendre vers plus de naturel et d'authenticité. Se délester de cette vie d'artiste qui implique les obligatoires interviews dans la presse, les groupies, l'image qu'on renvoie de vous-même, etc. Il a besoin de laisser le paraître pour revenir à l'essentiel, l'être. Ainsi, au fil des ans, il va vouloir arrêter de sortir des albums. Arrêter de se produire jusqu'à arrêter de vouloir composer des chansons pour les autres. Et disparaître loin.
Par son père dans le show-biz, gagnant beaucoup d'argent, cette fille aurait pu être une jeune femme pimbêche et prétentieuse. Elle aurait pu profiter de la notoriété de son père pour aller dans les soirées les plus prisées, faire des voyages à gros standing.
Pourtant, avec le caractère de ses parents, elle a appris à composer avec leurs humeurs. Elle a appris à ne pas prendre trop de place, à ne pas déranger, à se faire discrète, toute petite. Elle est restée simple, s'habillant sans ostentation, se fondant avec discrétion dans le groupe de ses amis. de ses parents peu attentifs à elle, elle est devenue une personne calme, presque invisible aux yeux des autres. Elle aime le silence, les petites rues loin des foules, des gens parmi lesquels elle ne se sent pas très à l'aise. de ses silences, certains la pensent hautaine, d'autres sans caractère. Elle est comme ça. Elle préfère observer les autres plutôt que de parler à tort et à travers. Elle préfère le silence aux bruits trop assourdissants.
J'ai retrouvé dans ce roman les thèmes et le style d'Olivier Adam avec sa douceur, sa sensibilité, son amour pour ses personnages pétris de blessures et de failles. Les phrases courtes, réduites au strict minimum font ressortir l'absence, le manque et la solitude. Elles donnent aussi un rythme au texte, non pas saccadé et énergique mais, à l'inverse, épuré, presque musical, une petit musique douce, un peu triste parfois, dans une ville silencieuse. Et il y a aussi quelques références musicales çà et là tout au long du roman qui collent bien à l'atmosphère…
Cette jeune femme m'a touchée, je ne sais pourquoi, probablement pour ses fragilités, son calme mais aussi sa lucidité face à ce qu'elle est et à ses deux parents. Sans concession mais sans vraiment éprouver de rancoeur de n'avoir pas été assez présents, affectifs et câlins. La douceur et l'affection dont elle a manqué, elle les a trouvées à travers ses amis Sofiane et Théo.
Elle m'a touchée parce qu'elle est allée rechercher son père qu'elle aime. Bien sûr, elle lui en veut d'être parti sans elle, sans penser à elle, d'avoir même pu partir sans plus donner de nouvelles. Mais peut-être qu'elle le comprend. Peut-être simplement qu'elle part à sa recherche pour mieux le comprendre ou pour qu'ils se rapprochent enfin. Ou parce qu'elle l'aime, tout simplement… La recherche de son père qui devient aussi la quête d'elle-même. Elle qui n'était que la fille du chanteur connu, cette fille dont on ne connait pas même le prénom.
Et si on ne choisit pas sa famille, elle est notre point d'ancrage. Mais pour être soi-même et être heureux, il faut parfois aussi apprendre à vivre en dehors d'elle.
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" Je suis la fille seule au fond des cafés dont personne ne vient prendre la commande. La fille perdue dans ses livres.(...) Je suis la fille dont le père est parti dans la nuit."

Je ne sais pas l'expliquer mais la magie de l'écriture d'Olivier Adam opère toujours pour moi, de même que les thèmes qui l'obsèdent ... J'aime la mélancolie douloureuse des ses personnages, leurs errances, j'aime la poésie de ses descriptions marines, les mots posés sur le papier, frissons délicats, sombres ou lumineux...

La narratrice est ici en quête du père, chanteur célèbre, retiré brusquement depuis quelques années à la campagne. Un père souvent absent, même quand il est présent, maladroit dans son affection, hanté par ses démons, aimé pourtant. Sa mère, quant à elle, l'a abandonnée pour suivre un gourou en Californie.Rarement on pense à évoquer la vie chaotique de ces enfants dont les parents sont des stars. On les croit privilégiés, ils sont souvent livrés à eux-mêmes, délaissés, en manque d'amour.

Elle est en quête du père disparu. Mort? Évaporé en tout cas, enfui... Et une photo va créer le doute, l'espoir aussi de le croire vivant. La voilà à Lisbonne, sur les traces d'un chanteur des rues qui lui ressemble de façon troublante.

Tout est en atmosphère, en impressions, en souvenirs. Comme autant de touches pour tenter de cerner ce père mystérieux, et pour la fille qui s'était toujours tenue dans l'ombre , pouvoir, enfin peut-être, apprendre à vivre...

Une très belle balade, inspirée et émouvante, dans les rues du destin.
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critiques presse (6)
LaPresse
22 mars 2018
Une jeune femme solitaire et taciturne qui cherche son père : on retrouve dans ce nouveau roman le Olivier Adam intimiste de ses débuts, mais à qui il manque la touche sociale qui a fait sa force au cours des dernières années.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeMonde
19 mars 2018
Pour le romancier, la chanson est à la source de l’envie d’écrire. Mais elle est pour la première fois au centre d’un de ses livres, son nouveau roman, « Chanson de la ville silencieuse ».
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeJournaldeQuebec
09 mars 2018
Pour son treizième roman, Chanson de la ville silencieuse, l’écrivain français Olivier Adam raconte, d’une manière extrêmement musicale, l’histoire d’une femme solitaire et énigmatique qui a passé son enfance dans l’ombre d’un homme célèbre maintenant porté disparu.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Culturebox
02 février 2018
Avec ce nouveau roman Olivier Adam fait un pas de côté, abandonnant la classe moyenne pour explorer la vie des stars.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeFigaro
17 janvier 2018
Dans son dernier roman, Olivier Adam raconte l'histoire d'une jeune femme partie à la recherche de son chanteur de père.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeDevoir
08 janvier 2018
De ce livre traversé de bout en bout par la musique, les chansons, l’auteur dit qu’il fallait qu’il soit chanté. Qu’il y ait un timbre, un rythme et un flot particuliers.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (106) Voir plus Ajouter une citation
Aujourd'hui j'ai la sensation d'avoir grandi sans parents, dans le giron d'adultes absents. Mais à l'époque, rien de tout cela ne me troublait je crois. J'ignorais comment vivaient les autres. Je ne savais rien de la vie que menaient mes camarades de l'autre côté des portes cochères, tapis dans leurs appartements. J'ignorais à quoi elle pouvait bien ressembler. Je n'avais même pas conscience de la singularité de la mienne. Ni de la célébrité de mon père. Personne ne m'en parlait. Et lorsque je citais son nom à l'école, personne ne me croyait. Je me vantais. J'affabulais. Quant à ma mère, qu'elle ne fasse qu'aller et venir, qu'elle sorte tous les soirs et ne revienne qu'au cœur de la nuit accompagnée de cinq ou six amis avec qui elle veillait jusqu'à l'aube avant de s'écrouler de fatigue, qu'elle me laisse à des inconnues, n'ait pas la force de se lever le matin, oublie de venir me chercher le soir, de signer mes cahiers, ne contrôle aucun de mes devoirs, me laisse me nourrir de biscuits ou de restes de pizzas que je faisais réchauffer au micro-ondes, ne me lise jamais une histoire, ne me fasse jamais sortir ou presque, tout juste si parfois certains samedis elle se traînait jusqu'au square, à deux minutes de notre appartement, emmitouflée dans ses grands pulls de laine, lunettes noires vissées sur le nez par tous les temps, comateuse, chancelante dans la lumière du jour, rien de tout cela ne me troublait. C'était juste ma vie. Et j'ignorais qu'il y en avait d'autres.
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La scène, m'avait-il avoué un jour, c'est se donner en pâture. Littéralement. Se donner soi sans carapace. Les acteurs jouent un rôle. Les chanteurs peuvent essayer de le faire croire. Mais c'est du flan. Il n'existe aucune autre discipline où on se fait bouffer à ce point. Les plasticiens, les écrivains restent planqués derrière leurs œuvres, leurs bouquins. Les comédiens derrière leurs rôles. Les metteurs en scène ne sont pas sur scène. Les réalisateurs sont rarement dans la salle. Tous, ils vendent autre chose qu'eux-mêmes. Il y a quelque chose entre eux et le public. Un objet transitionnel. Un texte, un écran qui les protège, les camoufle. Les chanteurs, en concert, c'est leur peau même, leur corps entier, leurs mots, l'intérieur de leur cerveau qu'ils mettent en jeu. Sans filtre. Sans distance. Dans aucune autre forme d'art on avance à ce point nu, vulnérable. Le chanteur sur scène, c'est un don brut. Primitif. Un truc de cannibale.
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Il n'en pouvait plus. Des photographies fanées, des guirlandes, des coussins, des bougies. Des jardins en automne. De la pluie sur les toits. Des plages désertes. Des stations balnéaires hors saison. Des marées basses, des villes mélancoliques, des romans délicats. Des plaids, des théières, des étés bretons. Des soleils couchants. Du famous blue raincoat. De nos absences d'engueulades. De nos sourires trop doux. Des étreintes consolatrices. De la fille aux cheveux longs, robes d'autrefois, bottines à lacets, bijoux minimaux, sourire léger flottant sur des lèvres silencieuses, discrète aux confins de l'effacement, pudique aux lisières de l'empêchement qui se tenait à ses côtés. Du deuil incertain, fantomatique, où je m'enlisais sans fin. Il voulait autre chose. Des cris. Des larmes. De la joie. Des confessions fiévreuses. Des baises sauvages, brutales, éreintées. Il voulait la nuit profonde, des jours féroces, le soleil cru, la brûlure.
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Mes doigts creusent le sable, le soleil me cuit la joue. Je ferme les yeux, j'entends le cri des oiseaux, la rumeur des vagues, des eaux qui s'écrasent en douceur puis se retirent dans un cliquetis de cailloux minuscules. J'entends les piaillements des enfants, des bribes de musiques échappées de haut-parleurs portatifs, des conversations dont je ne saisis rien. Une langue douce et lascive, où rien n'accroche, qui coule comme un alcool sucré. Le sommeil m'effleure, se pose sur moi comme un drap léger. Je n'y sombre pas, reste en surface. Rien ne me pèse. Mon cœur ralentit, bat à son exacte mesure. Des heures entières pourraient passer ainsi. Leur écoulement seulement signalé par l’effacement progressif du soleil, l'orange de plus en plus pale sous mes paupières, la tiédeur émoussée laissant soudain s'abattre un voile d'air un peu frais sur la peau. A l'intérieur tout tourne, tout valse. Je n’ai rien mangé depuis la veille, n’ai pas l'habitude de boire ainsi, en pleine journée, sous le soleil. Il me semble que tout tangue autour de moi, que tout est ivre. La plage, la mer dans son balancement, la ville et ses promeneurs qu'un rien fait sourire.
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Dans les avenues du centre-ville, vallée étroite se coulant dans le fleuve, forêt d'immeubles aux boutiques mondialisées percées d'antiques gargotes, je presse le pas. Ai l'étrange sensation d'être suivie. Epiée. Aux premiers lacets de l'Alfama je trouve un peu d'air. Ma gorge se desserre. Je respire un peu mieux. Tout est plus doux ici. Plus calme. Les gens eux-mêmes, attablés sous les lampions, fumant langoureusement dans la nuit tiède. Adoucis par l'alcool. Sourires mélancoliques et gestes las. Je m'installe en retrait. Une table sous les arbres. Le rhum et le sucre m'engourdissent. La musique me berce. Je connais ces chansons. Un groupe d'ici, des mots anglais, portugais à la dérobée. Le nom m'échappe. C'est Simon qui m'avait offert leur disque. Ça devrait te plaire. J'avais cru déceler une légère ironie. La douceur hypnotique. La mélancolie tenace. Les mélodies obsédantes. Ce son de carrousel et de rêve éveillé. This is maybe the place where trains are going to sleep at night.
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