Americanah

Il y avait une somptueuse lenteur féminine dans sa démarche, une amplitude, un roulement de fesses à chaque pas. Une démarche nigériane.

Quantité de gens -généralement non noirs- disent qu'Obama n'est pas noir, qu'il est bi racial, multiracial, noir et blanc, tout sauf simplement noir. Parce que sa mère était blanche. Mais la race n'est pas de la biologie ; la race est de la sociologie. La race n'est pas un génotype ; la race est un phénotype. La race compte à cause du racisme. Et le racisme est absurde parce qu'il concerne uniquement l'apparence. Pas le sang qui coule dans vos veines.

Tout lui paraissait trop lent, la poussière était trop rouge, les gens trop satisfaits de leurs petites existences.

Le pays n’avait plus d’espoir, les voitures restaient coincées pendant des jours entiers sous le soleil à attendre de l’essence, les retraités brandissaient des pancartes défraîchies réclamant leur pension, des enseignants se rassemblaient, annonçant une grève de plus.

C’était si facile de mentir à des inconnus, de créer avec eux les différentes versions de notre vie que l’on a imaginées.

Et, au fur et à mesure de ses lectures, les mythologies américaines commencèrent à avoir un sens. Les tribalismes américains – race, idéologie et région – se clarifièrent.

- Et que penses-tu de ce livre récent, Monk Memoirs? demanda Maribelle.
- C'est un livre peu courageux, malhonnête. Tu l'as lu? demanda Shan.
- J'en ai lu une critique, dit Maribelle.
- C'est le hic. On lit davantage sur les livres que les livres eux-mêmes.

Si vous dites que la race n'a jamais été un problème, c'est uniquement parce que vous souhaitez qu'il n'y ait pas de problème. Moi-même je ne me sentais pas noire , je suis devenue noire qu'en arrivant en Amérique. Quand vous êtes noire en Amérique et que vous tombez amoureuse d'un Blanc, la race ne compte pas tant que vous êtes seuls car il s'agit seulement de vous, et de celui que vous aimez. Mais dès l'instant où vous mettez le pied dehors, la race compte. Seulement nous n'en parlons pas. Nous ne mentionnons même pas devant nos partenaires blancs les petites choses qui nous choquent et que nous voudrions qu'ils comprennent mieux, parce que nous craignons qu'ils jugent notre réaction exagérée ou nous trouvent trop sensibles.

Le plus gros problème dans ce pays, ce n'est pas la corruption. C'est qu'il y a une quantité de gens qualifiés qui ne sont pas où ils devraient être, parce qu'ils refusent de lécher le cul de qui que ce soit, ou qu'ils ne savent pas quel cul lécher, ou encore qu'ils ne savent pas lécher un cul. J'ai eu la chance de lécher le cul qu'il faut

En Amérique, le racisme existe mais les racistes ont disparu. Les racistes appartiennent au passé. ... Quelqu'un devrait avoir pour mission de décider qui est raciste et qui ne l'est pas. À moins que le moment soit venu d'éliminer le mot « raciste ». De trouver quelque chose de nouveau. Comme « Syndrome de trouble racial ». Et on pourrait avoir plusieurs catégories pour ceux qui en sont affectés : bénin, moyen et grave.