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4,22

sur 2975 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
♫ «Vois-tu mon chéri, pour te plaire j'ai fait quelque chose de bien gentil,
j'ai fait ce que font toutes les femmes en c'moment pour être tout à fait dans l'mouv'ment».

Elle enleva gentiment son chapeau et stupéfait, je m'aperçus tout aussitôt
qu'elle s'était fait couper les ch'veux ♪

Comme l'évoque cette vieille chanson de 1924, la coupe de cheveux, façon américaine tout de même, s'avère être le fil rouge de ce roman nigérian titré « Americanah ».

Précisant tout de suite que je suis un homme et que moins je passe de temps chez le coiffeur mieux je me porte, comment se fait-il que je veuille découvrir à ce point une histoire qui se déroule pendant des heures dans un salon de coiffure ?

Bien sûr, c'est ma soif de curiosité sur le Nigéria qui m'a guidé sur ce livre…

Par exemple, je sais comme bon nombre d'entre vous que les joueurs de football du Nigéria portent des tuniques vertes et qu'ils sont surnommés « les Super Eagles » ou bien encore que la secte Boko Haram sème la terreur dans le nord du pays.

Mais saviez-vous que la capitale de ce géant d'Afrique de plus de 177 millions d'habitants et première puissance économique du continent s'appelle "Abuja" ?

Connaissiez-vous le président nigérian qui doit surement avoir beaucoup plus de chance avec la météo que le notre ainsi nommé Goodluck Jonathan ?

Vous n'étiez pas au courant. Moi non plus je l'avoue. Et je n'avais jamais entendu parler de ce livre et de cette auteure nigériane il y a encore un mois.

Pour tout dire, je n'aurais jamais croisé la route d'Ifemelu, l'héroine d'Americanah si je n'avais pas été invité à participer à une rencontre avec « Chimamanda Ngozi Adichie », cette magnifique écrivaine nigériane (dans tous les sens du terme) qui partage actuellement sa vie entre Lagos et New York.

Qui plus est, ce roman n'est à proprement parlé un livre sur le Nigéria mais sur les « Americanah ». C'est ainsi que l'on surnomme les nigérians qui ont tenté l'aventure dans le pays de l'oncle Sam avant de revenir au Nigéria pour faire fortune ou réaliser leurs rêves les plus fous.

Comme quoi, moi qui adore les romans américains, je n'ai rien perdu au change…

C'est ainsi que, Ifemelu une jeune femme nigériane, décide de quitter le Nigéria pour effectuer ses études aux Etats-Unis, pensant retrouver dans quelques mois son petit copain, Obinze, impatient de la rejoindre avant de régler quelques problèmes administratifs habituels.

Mais rien ne va se passer comme prévu et Ifemelu va traverser les pires difficultés pour d'abord survivre dans ce nouvel environnement et par la suite, réussir à s'adapter au style de vie américain.

Plus dur encore, Ifemelu va découvrir pour la première de sa vie qu'elle est noire. Noire au milieu d'une société faite pour les blancs…

Dénonçant à la fois le racisme et la difficulté de s'intégrer aux Etats-Unis pour un noir, Chimamanda Ngozi Adichie pioche à travers ses expériences personnelles, celles de sa famille ou de ses amis le substrat indispensable pour brosser le portrait de l'Amérique vis-à-vis des immigrés africains et plus généralement de la population noire.

A la fois engagé et plein d'humour, ce roman fait la part belle à une histoire d'amour impossible dont on ne connaîtra l'issue qu'à la toute fin du livre.

A ce sujet, la principale critique que j'objecterais, concernant ce livre par ailleurs remarquablement bien écrit et particulièrement intéressant, est justement cette trop longue attente.

Comme l'héroïne du livre, j'ai eu l'impression d'attendre des plombes dans ce salon de coiffure et de me priver ainsi d'une fin plus aboutie et beaucoup moins concise que celle proposée. Je voyais les pages défiler et décomptais les pages restantes un peu affolé. Plus que 200 pages… Plus que 100 pages… Plus que 50 pages… Ouf enfin !

Quoi qu'il en soit, que vous ayez les cheveux en bataille, en brosse, au bol, au carré, en triangle, en losange, tressés, ondulés, frisés ou lissés que sais je, n'hésitez pas une seule seconde à découvrir cet excellent ouvrage de Chimamanda Ngozi Adichie dont la signature manuscrite restera gravée à tout jamais dans mon exemplaire offert par Gallimard.

Merci encore à Babélio et bon vol pour votre prochain voyage inoubliable au Nigéria et aux Etats-Unis !


Ps : Petite remarque au passage, j'ai l'impression d'appartenir à une espèce en voie de disparition, voire d'extinction lorsque que l'on comptabilise le nombre d'hommes qui étaient présents dans la salle par rapport au nombre de femmes ! Il ne manquerait plus que je finisse dans un zoo pour lecteurs...
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Ce livre est le second roman publié par Chimamanda Ngozi Adichie, auteur qui vit au Nigéria après un séjour aux Etats-Unis pour ses études.
Autant dire tout de suite qu’avant cette opération entre Babelio et les éditions Gallimard, je n’avais jamais entendu parler d’elle.
Découverte donc !
D’autant que cette lecture était accompagnée d’une rencontre avec l’auteur qui a permis d’éclairer bien des points de ce récit.
Découverte d’un auteur bien sur, mais également découverte d’une œuvre, d’un travail, d’un style particulier, d’audaces que nous ne nous permettons plus.

Ce livre décrit le parcours de deux jeunes Nigérians d’un niveau social plutôt privilégié (Enseignants, universitaires…) conduits à l’immigration par la situation de leur pays, et particulièrement d’Ifemelu, une jeune femme . qui part faire des études aux Etats-Unis. Son ami d’enfance (Voire un peu plus….), Oblinze part lui de son côté en Angleterre. Il reviendra comme nombre de ses congènères faire fortune au Nigéria. On peut rappeler à cette occasion que ce pays est politiquement peu stable (C’est un doux euphémisme) et que la moyenne démographique actuelle est de six enfants par femme.
Acceder à une position sociale plus importante est donc à la portée de ceux qui ont eu d’autres modèles et reviennent avec des Savoir-Faire.

Après une intégration à la société Américaine notamment par les livres et la tenue d’un blog destiné aux Africains en Amérique, Ifemelu va traverser une sorte de crise existentielle (comme cela arrive à bien d’autres) et remettre en cause sa situation.
En effet, après une phase d’Américanisation à marche forcée (mode de vie, accent américain….) elle va décider de reprendre son identité Africaine et de rentrer au pays, retrouver ce et ceux qu’elle y avait laissé.
Elle retrouve alors son identité réelle.

C’est en fait l’histoire simple de deux jeunes gens amoureux, séparés et qui auront vécu des aventures banales… et pourtant pas aussi simples.
Mais c’est surtout l’occasion de parler franchement du ressentit des déracinés, en fait du racisme.
Ce n’est pas l’acte raciste odieux dont il est sujet ici, mais bien du racisme au quotidien, celui qui s’installe insidieusement dans nos cultures, dans nos pensées et qui, sans éclat influence notre façon de voir la société. (Il n’y a par exemple plus de noirs en France : Il y a des blacks !)
J’ai beaucoup aimé ce passage dans lequel Ifemelu explique s’être rendu compte qu’elle était noire à l’aéroport aux Etats-Unis. En effet à son départ, tout le monde était noir et il n’y avait pas de différence en termes de couleur de peau.
Les choses n’existent que parce qu’elles ont un contraire.

Un thème est récurent dans ce livre : les cheveux comme élément de différenciation entre les personnes, entre les blancs et les noirs. Cheveux crépus, lisses, droits, tombants, bruns blonds ou roux….
Ce n’est pas un hasard si le livre commence dans un salon de coiffure où Ifemelu va passe six heures à se faire tresser les cheveux, et aura ainsi le temps de passer ses expériences de vie en revue.

Ce qui m’a le plus surpris dans ce livre, c’est la franchise avec laquelle sont abordées les notions de race, de différence culturelle, sociétales, etc.
On a tout à coup l’impression qu’en France aborder ainsi ces sujets aurait conduit à des polémiques tenaces.
C’est à travers une peinture de l’Afrique et de sa culture, de l’Amérique et de ses travers que sont abordés la plupart de nos problèmes de société.
L’histoire d’Ifemelu et d’Oblinze, bien qu’en grande partie basée sur l’expérience personnelle de l’auteur, n’est en fait qu’un prétexte à un regard sociologique de notre monde.

Chimamanda Ngozi Adichie aborde librement la notion de race et refuse de se cacher derrière une pseudo uniformisation de tous les êtres. Elle accepte les différences et les respecte.

Elle nous livre en tout cas un livre drôle, rythmé, dense et qui conduit le lecteur à la réflexion
Très jolie découverte, donc !
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Ce qu'il y a d'enthousiasmant à lire Americanah c'est qu'en entrant dans la vie de la narratrice, on a autant la sensation de la laisser entrer dans la nôtre. Bien que traitant de la conscience de l'identité raciale aux États-Unis dans toutes ses nuances, il y a quelque chose de familier ou de chaleureux dans ce roman. La personnalité d'Ifemelu double de l'auteure y participe grandement avec son intelligence intuitive, sa détermination et ses certitudes effilées, son refus de lisser ses cheveux témoignant de son refus de lisser son caractère, son humour, ses moments de désarroi et de stupéfaction.
Surtout avec une lucidité et une connivence rafraîchissantes, elle nous tend une loupe sous les yeux pour nous montrer le reflet de la somme des croyances et des comportements maladroits, la myriade de mots condescendants et les masques que l'on s'efforce de porter en société. L'exercice est sur ce point réussi.

Un esprit libre, l'oeil qui guette, une langue râpeuse à souhait,...j'ai tout aimé dans ce livre miroir qui reflète à travers le parcours d'une jeune Nigériane aux États-Unis, une critique sociale qui n'épargne personne. Il n'y a pas de discours sociologiques ou savants, simplement une fiction qui met habilement en lumière le déracinement culturel avec son cortège de sentiments inconfortables, l'identité pensée comme tension interne.
En réalité, j'ai presque tout aimé dans ce roman. Une vie amoureuse un peu moins théâtrale n'aurait nullement nui à l'ampleur romanesque du récit.
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C'est le top des romans ...capillaires! Loin devant Des milliards de tapis de cheveux! Nattes, tresses, collées ou pas, extensions, boucles, défrisants, rien ne manque, et surtout pas l'ambiance du salon de coiffure où les échanges informels, bien au- delà des considérations météorologiques, en disent long sur le monde où nous vivons. La coiffure, souci quotidien de l'auteur, témoin de l'appartenance à un groupe, est ici un baromètre qui mesure le degré de conscience de la différence qui isole, et rend difficile l'acceptation de ce que l'on est.

Mais ce débat n'a lieu qu'au delà de l'Atlantique, lorsque le voyage qui a bercé les rêves de la jeunesse nigériane , vous fait juste prendre conscience que vous avez la peau foncée, afro-américaine ou Américain-Africain, et là deux solutions : tenter de s'assimiler au risque de se perdre, ou de lancer le débat, quoi de mieux qu'un blog pour le faire, ce sont les premiers pas qui coûtent.

Quinze ans aux Etats unis : le temps de vivre quelques histoires d'amour, jusqu'à ce que le cocktail de la nostalgie épicée d'un trait d'illusions perdues, et c'est le retour, dans un pays qui a continué à évoluer sans vous : les amis ont vieilli, la mondialisation est passée par là, et l'amour de sa vie a construit un nid avec quelqu'un d'autre. C'est comme cela que le questionnement existentiel choisit d'autres cibles.

Loin de couper les cheveux en quatre (c'est facile, mais je n'ai pas pu m'en empêcher) ce roman est un magnifique état des lieux des relatons humaines, avec au coeur du problème l'évolution de ce que l'on a appelle plus le racisme, mais qui cache sous des vocables politiquement corrects une réelle ségrégation. le lexique ne suffit pas à effacer des siècles de confrontations plus ou moins violentes.

Le sujet n'est pas uniquement américain : en France, on n'est pas toujours net avec la cohabitaient. Dans une émission littéraire télévisée, l'auteur faisait remarquer qu'ici, on ne dit plus noir, mais black, comme on dit afro-américain plus à l'Ouest.

A travers le partage du parcours de la jeune nigériane, l'auteur crée de façon très adroite une belle connivence entre le lecteur et Ifemulu, et l'empathie grandit avec les pages qui se tournent.

La dernière partie traine un peu, et le dénouement se fait désirer, c'est le seul bémol pour cette lecture passionnante.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Avec son roman Americanah, c'est un peu de l'âme de son pays et des propos sur les races et le racisme que nous livre Chimamanda Ngozi Adichie. Americanah c'est le parcours de Ifemelu, jeune adolescente jusqu'à l'âge de femme adulte. L'auteure raconte la vie de Ifemelu, ses études au Nigeria, son premier et grand amour qu'elle éprouve pour Obinze, son départ pour les États-Unis où elle poursuit ses études à l'Université. Ensuite, elle connaîtra la notoriété grâce à la tenue d'un Blog qu'elle a créé. Après quelques années et plusieurs aventures amoureuses, Ifemelu décide de rentrer au pays, un pays qu'elle trouve changé mais après tout ce temps vécut au USA, elle aussi est différente. Americanah, une lecture enrichissante.

Challenge Pavés 2015-2016
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Ifemelu réalise le rêve des étudiants nigérians de partir aux Etats-Unis ou en Angleterre, et d'échapper aux grèves incessantes qui gangrènent leur université, à la corruption et au manque de débouchés. Obinze, son grand amour, passionné d'Amérique, pense obtenir rapidement un visa pour la rejoindre. Dès l'arrivée, quel choc de réaliser l'importance de la couleur noire de sa peau ! La perception de soi est modifiée lorsque la personne est classée en fonction de sa nuance de noir et du degré de frisure de ses cheveux…
S'inspirant de ses désillusions et de son expérience, Ifemelu trouve sa place en rédigeant un blog : des déceptions des immigrés nigérians confrontés à un racisme parfois insidieux, de la difficulté à trouver un job ou un revenu et à se faire une place de citoyen à part entière, des tensions entre noirs américains et noirs africains, du snobisme des origines et des accents,…
L'auteur s'inspire avec ironie des conversations de salons de coiffure et de l'influence des magazines féminins pour montrer la dictature de l'apparence. La façon d'afficher ses cheveux crépus ou de les lisser en particulier peut se révéler cruciale pour s'affirmer - ou inversement pour se conformer aux normes dominantes.

Le récit alterne entre l'évolution de la vie amoureuse et familiale d'Ifemelu et des extraits de son blog, les deux se complètent pour donner une idée très révélatrice du ressenti des noirs émigrés dans les pays anglo-saxons.

Américanah est un roman brillant magnifiquement servi par une écriture précise, élégante et légère.
A lire absolument.

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Une Nigérienne revient au pays après avoir fait sa vie aux USA. Elle retrouve son amour de jeunesse.
Ce récit offre un grand intérêt pour la connaissance de ces deux nations et de leurs habitants.
Ifemelu, aux Etats-Unis, découvre le racisme, même feutré et sous des dehors "politiquement corrects". Après des débuts difficiles, dans la misère elle qui est issue d'un milieu aisé, elle crée le blog "d'une noire non américaine en Amérique" qui, de par son succès, lui apporte la richesse.
Ses propos sont francs, réaliste et sans concessions. Avec des exemples tirés de situations vécues, par elle, par son entourage ou au hasard de rencontres, l'héroïne du roman nous dépeint les différences entre les noirs Américains et les Africains. Ce blog nous montre aussi que les apparences sont souvent trompeuses.
Le livre fait une incursion en Grande-Bretagne, où débarque l'amoureux d'Ifemelu, et où il ne peut rester, étant sans-papiers.
Ce roman décrit la condition féminine au Nigéria pour toutes les femmes, dont beaucoup n'aspirent qu'à se marier ou à trouver un homme riche pour les entretenir, et aux USA quand débarque une jeune fille sans le sou, obligée à tous les sacrifices pour pouvoir simplement se loger et se nourrir.
La coiffure semble être une obsession pour Ifemelu et l'autrice nous décrit par le menu les différentes sortes de tresses africaines, naturelles ou pas, et ce qu'elles signifie de la volonté de celle qui les porte.
Ce roman est aussi une profonde analyse des réseaux sociaux et de leurs écueils.
Nous assistons à l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, avec le regard enthousiaste des noirs et des blancs démocrates.
De plus, ce qui ne gâche rien, il s'agit en filigrane d'une belle histoire d'amour partagé (mais avec des rebondissements).
J'ai trouvé ce livre très intéressant car il m'a permis de comprendre un monde peu connu de moi jusqu'alors.
Et j'ai éprouvé de l'empathie pour l'héroïne, charismatique et attachante, selon mon ressenti.
Cependant, même s'il est parfois question de domesticité, les personnages évoluent dans un milieu intellectuel, ouvert et aisé ce qui occulte un large pan de la société de ces deux pays.
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Ifemelu ne serait peut-être jamais partie étudier aux États-Unis sans les grèves et les manifestations qui paralysaient son pays, le Nigéria. Plus d'essence pour les voitures, plus de pension pour les retraités et les enseignants qui manifestent. Poussée par son amoureux Obinze qui devait la rejoindre plus tard et rassurée par la présence de sa tante là-bas, pour un accueil familial, Ifemelu quitte le Nigéria.

À son arrivée, elle a une succession de chocs. Celui du climat, celui de la précarité, de l'apparence et de la différence.

Ifemelu découvre pour la première fois qu'elle est noire. Se découvrir dans les yeux des autres est une chose terrible quand on n'en a pas la perception.

Elle découvre et nous fait découvrir les États-unis avec son regard d'immigrée, cherchant, en vain, la solidarité entre exilés, sa tante ne peut l'héberger que pour une courte période avant son entrée à l'université. Elle nous raconte son enfance, les croyances de sa mère, la dépression de son père mais une vie assez confortable.

Obinze n'obtiendra jamais son visa pour les Etats-Unis et devra se contenter de l'Angleterre dont il se fera expulser, ramené au pays par des policiers. Il y vivra également le manque de solidarité et une succession de petits boulots, la précarité. Au pays, tout le monde se moque de ceux qui partent à l'étranger pour nettoyer les toilettes.

Ifemelu ne donnera plus de nouvelles à Obinze après une situation traumatisante. Lui continuera à envoyer des mails année après année, puis se mariera avec une autre.

Cette jeune femme ne lâchera rien. Elle crée un blog pour décrire sa situation de femme noire puis les réactions des américains face aux étrangers. Au moment où elle s'y attend le moins, le blog prend de l'ampleur et lui permet enfin de vivre décemment. Deux compagnons plus tard, elle décide de rentrer au pays.

Et d'étrangère dans un pays étranger elle devient étrangère dans son propre pays. Elle doit retrouver sa place et peut être Obinze.

J'ai aimé suivre la vie d'Ifemelu qui est une femme avec une forte personnalité. Toutefois je l'ai trouvée assez intransigeante avec Obinze. Je me demande si inconsciemment elle ne lui en voulait pas de tout ce qu'elle a vécu loin de lui.

Je pense ne vous avoir dévoilé que le quart, et encore, de l'histoire. de nombreux personnages, d'interminables détails jalonnent ce livre passionnant. Il faut être concentré et j'avoue que je regardais de temps en temps le nombre de pages restantes.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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De nombreux jeunes nigérians de la classe moyenne partent étudier aux États-Unis, comme la jeune Ifemelu qui va y faire l'expérience de l'amour mais aussi du racisme.

Pour réaliser son rêve américain, Ifemelu laisse au Nigéria son grand amour, Obinze. Ces années loin de son pays la changent, elle fait des rencontres épanouissantes, travaille, découvre la littérature mais aussi la couleur de sa peau et ce que cela implique d'être Noire aux États-Unis. Et c'est tour à tour enthousiaste et désabusée qu'elle finit par désirer un retour dans son pays.

La rencontre chez Gallimard de la belle et lumineuse Armamanda Ngosi Adichie permet de comprendre qu'Amiracanah n'est pas son histoire, mais plutôt un ensemble de récits croisés de ses amis et de son expérience personnelle, les anecdotes sur les cheveux étant les plus autobiographiques.

Avec ce livre sur l'amour, mais surtout sur la race vécue comme une injustice, Armamanda Ngosi Adichie dit avoir eu peur de déplaire. Il est vrai que, sans langue de bois, à travers le blog de son héroïne, elle dénonce les préjugés attachés aux Noirs et l'hypocrisie ou le mépris des Blancs, qui ne peuvent parler de « Noirs », ou qui ne les imaginent que dans des postes subalternes.

Malgré tout, aujourd'hui encore, des jeunes nigérians, étudiants ou simples travailleurs, continuent d'être attirés par les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, cette expérience restant un moyen de s'affirmer et d'accéder dans leur pays à des postes intéressants.

Un livre passionnant, bien écrit, drôle, où le problème du racisme et de la race est clairement posé.
Merci aux Éditions Gallimard et à Babelio pour la découverte de cette auteure et de son roman.

Lien : http://livreapreslivre.blogs..
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Americanah ? Etrange comme terme vous ne trouvez pas ? Que se cache-t-il derrière ce néologisme mystérieux qui puisse être l'objet d'un roman ? Je vais vous le dévoiler... Etre Américanah c'est appartenir à cette caste d'élus, ceux qui ont pu quitter le Nigéria pour partir étudier et vivre aux USA et qui revenus au bercail, auréolés de prestige, créent leurs sociétés et s'enrichissent au pays. Voilà la réalité qu'englobe ce mot qui a sonné de façon si mélodieuse à mes oreilles.

Chimamanda Ngozi Adichie puise dans sa propre histoire pour nous raconter celle d'Ifemelu, jeune femme nigériane, éprise de liberté, grande gueule et brillante qui partit étudier à Philadelphie, quittant son amour de jeunesse, le non moins brillant Obinze. Mais quelle sensation cela fait-il d'être noire dans un pays où la question des races est si pregnante alors qu'on ne s'est jamais posé la question dans son propre pays où cette réalité finalement n'existe pas ? Cela donne un truculent récit de vie où l'auteur raconte avec justesse, humour et intelligence, le parcours de son héroïne mais aussi de tous ceux qui l'ont côtoyée : d'Obinze, fils d'une universitaire douée et respectée qui découvre la réalité d'être un sans-papiers en Angleterre, en passant par la tante d'Ifemulu, étudiante en médecine entretenue par un général nigérian ventripotent qui ne lui laisse rien à sa mort si ce n'est un fils ou bien encore les amies d'Ifemulu qui courent désespérément après le bon parti au sein de cette bourgeoisie nigériane, tout cela combiné nous immerge au coeur du pays le puissant et peuplé d'Afrique. Un pays déserté par son élite qui préfère fonder son avenir en Amérique ou en Angleterre, Eldorado pour beaucoup, dépitée face à la corruption ambiante et le régime militaire qui gangrène le Nigéria. J'ai particulièrement aimé le portrait de ce pays dont on ne connaît finalement de lui que les massacres perpétrés par Boko Haram. Un pays paradoxal qui oscille entre tradition et modernité, mené par une bourgeoisie capitaliste pétrie de l'idéal consumériste occidental et dont pourtant la majorité des habitants vivent mal.

Americanah c'est également les 15 années passés par Ifémulu aux USA, entre désillusions, espoirs et petites victoires, instants de vie croqués dans un blog corrosif et sans langue de bois ou comment le pays de l'Oncle Sam est vu à travers le regard d'une Noire non américaine. 15 ans de dur labeur et d'efforts de tous les instants pour s'intégrer en dépit de la dure réalité du concept de race qui d'après elle régit tout le système social et culturel américain. Cette thèse est développée tout au long du roman, sans misérabilisme ni auto apitoiement.

Certains ont reproché au roman de traîner en longueurs. En ce qui me concerne, je pense que j'aurais pu savourer 100 pages de plus sur les péripéties d'Ifemulu, ballotée entre Nigéria et USA. J'ai découvert un auteur très prometteur, au style percutant, sans faux-semblants et très juste, une véritable conteuse tout autant que chroniqueuse acerbe d'un pays et d'un continent qui se cherchent.

Si j'avais un conseil c'est bien celui de lire Chimamanda Ngozi Adichie car quand on y pense, il n'est pas si courant de lire des auteurs africains, alors quand ils sont talentueux, pourquoi passer à côté ?
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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