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3,96

sur 556 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Qui sommes nous, lecteurs, pour critiquer les auteurs ? Il y a tellement de subjectivité dans nos sens.

A l'opposé des chatoiements de saris et des effluves d'épices vendus par les voyagistes, ce roman nous propose un périple Indien qui, à défaut de banales photos souvenirs, nous offre des portraits et des images désagréables, mais criants de vérité.

Aucune touche de naïveté dans cette peinture désabusée de la société indienne. L'auteur nous dresse un tableau réaliste, inspiré par ces couleurs tant opposées mais indéniablement complémentaires qui teintent le quotidien de toute une nation, sans riches, pas de pauvres et vice versa.

L'indulgence n'est pas mise et avec, parfois, un humour caustique, c'est l'ensemble de cette société et de ses traditions qui est décapé. Personnes n'est épargné, les coups de griffes sont distribués généreusement, avec précision et justesse. Roman indien sur l'Inde, avec comme trame de fond le combat entre dominants et dominés, la portée du message est cependant universelle.

Avec finesse, ce roman picaresque, nous fait réfléchir sur les valeurs morales qui diffèrent selon l'origine et la situation des personnages. Aux questions sous-jacentes, que nous pose l'auteur, quant au droit de tout un chacun à vivre selon ses désirs et sa moralité, questions, dépassant les frontières de l'Inde et de ses castes, nos réponses ne pourront qu'être ... subjectives en fonction de notre condition et nos aspirations.
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Dans une société indienne inégalitaire où on est soit riche, soit pauvre, Balram Halwai fait partie des exclus. Son père gagne péniblement sa vie en tant que rickshaw et Balram est obligé d'arrêter l'école, malgré son intelligence, pour aller travailler dans un Tea-shop. Vivant à Bihar, dans un village où la misère règne, le salut ne peut venir que de ces nouveaux riches qui dirigent et possèdent tout. La chance sourit au jeune garçon qui va devenir le chauffeur de l'un d'eux, dans la grande ville de Delhi. Refusant de rester un esclave toute sa vie, Balram va se battre pour devenir un "entrepreneur", quitte à devenir un criminel...
Car dès le début, il nous l'annonce : il a tué son maître.

Le récit se fait à la première personne par Balram qui décide d'écrire une longue lettre au président chinois en visite en Inde. Découpée en 7 nuits, la lettre va peu à peu dérouler le fil de son existence, sous le prétexte de lui faire le portrait d'une réussite entreprenariale.

" Si j'ai bien compris, vous autres Jaunes, malgré vos immenses réussites en matière de canalisations, d'eau potable, de médailles d'or olympiques, vous n'avez pas la démocratie. A la radio, certains politiciens expliquent que c'est la raison pour laquelle nous, les indiens, allons vous surpasser. Nous n'avons pas de tout-à-l'égoût, d'eau potable ni de médailles d'or aux jeux olympiques, mais nous avons la démocratie.
En ce qui me concerne, si je construisais un pays, je commencerais par installer le tout-à-l'égoût, ensuite la démocratie, et après seulement je distribuerais des brochures et des statuettes de Gandhi. Mais que vaut mon avis ? Je ne suis qu'un criminel. "


Nous allons découvrir une Inde bien réelle qui broie les pauvres pour mieux enrichir un cercle restreint de riches à qui sont accordés tous les pouvoirs. L'argent fait l'homme et la corruption règne à tous les étages. La police ferme les yeux sur des accidents de la route en échange de pots de vins, les riches arrosent les hommes politiques qui les soutiennent,... Bref le portrait qui est fait de l'Inde n'est pas très glorieux.
Les pauvres sont condamnés à le rester et se montrent aussi dans toute leur laideur : rapacité, saleté, chantage, ...

" En résumé, il y avait autrefois mille castes et destins en Inde. de nos jours, il ne reste que deux castes : les Gros Ventres et les Ventres Creux. Et deux destins : manger ou être mangé. "

Balram, lui, se refuse à suivre le chemin tout tracé qu'il lui est offert, semblable à son père. Tel un Tigre blanc, espèce rare qui ne se présente qu'une fois par génération, Balram sera l'exception et gravira les échelons que sa naissance lui refuse normalement et réussira à s'évader de "la cage".
Parti à Delhi, au service de Monsieur Ashok, Balram va découvrir un autre monde : celui des centres commerciaux, du luxe, des prostitués et du business. Il goutera au Whisky anglais, écoutera attentivement les conversations de son maitre et apprendra la corruption et le pouvoir de l'argent.

Balram se révèlera un personnage amoral et égoiste. Ne se souciant pas du sort de sa famille, il préferera travailler pour son bénéfice personnel. C'est en volant et tuant qu'il trouvera la clé de la réussite.
Mais sa confession en fait aussi un être attachant qui aura su se battre comme un tigre pour arriver là où personne ne l'attendait, et qui saura aussi épprouver de la compassion pour les pauvres dont il ne fait plus partie.
Cet anti-héros est un véritable personnage ambivalent, à l'image de son pays qui, en plein boom économique, fait se cotoyer villages sordides et villes high-tech, sans se poser de questions.

Récit de l'ascension d'un pauvre qui s'élèvera à la Lumière par le crime et le vol, le tigre blanc est une formidable plongée dans l'Inde moderne. Critique et non dénué d'humour, le roman est une véritable dénonciation de l'aliénation et de l'amoralité qu'elle entraine.

" Je clamerai que ça valait la peine de connaître, ne serait-ce qu'une journée, une heure, une minute, le sentiment de n'être pas un serviteur. "

Doté du Booker price 2008, ce roman passionnant est à découvrir absolumment !
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Dans le tigre blanc, Balram Halwai raconte son histoire sous la forme de lettres qu'il adresse au Premier ministre chinois, bientôt en visite à Bangalore. Balram décrit son enfance misérable dans une famille de "base caste" où il lutte avec acharnement pour réaliser son rêve : passer de "l'Inde des ténèbres" à " l'Inde des lumières ". Persévérant en même temps que l'un des hommes les plus instruits du village, il réussira à obtenir une place de chauffeur auprès de l'un des nouveaux riches de l'Inde moderne. Mais Balram veut plus, il veut s'enfuir de la cage dans laquelle il est né. Il ne veut plus faire partie de la caste des serviteurs.

Avec ce premier livre, Aravind Adiga se démarque de la littérature indienne qu'on pourrait qualifier "d'exotique" et se place dès le départ dans une démarche très réaliste.

Ce roman, loin des sentiers battus et du mirage du miracle économique indien, est un texte détonnant, une confession crue et amorale qui nous parle d'un pays corrompu où la population, pour s'élever se bat parfois au prix de l'innommable.

Un livre fort et sans concessions qui dénonce l'Inde à deux vitesses, un monde cruel et surprenant qu'Aravind Adiga nous fait découvrir et tout cela avec une bonne dose d'humour, ce qui rend le récit très agréable. On ne s'ennuie pas une minute, partagés entre stupeur et indignation !

le tigre blanc se lit d'une traite et ne laissera personne indifférent.

A obtenu The Booker Prize 2008, le prix littéraire le plus côté outre-Manche, qui récompense un livre écrit en anglais par un auteur du Commonwealth, de l'Irlande, de l'Afrique du Sud ou du Pakistan.
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L'Inde est décidément une planète à part; à la fois étrange et fascinante. Les rapports entre humains y sont encore largement régis par des règles dont la logique nous échappe et la hiérarchie des castes qui en résulte semble demeurer insensible à la marche du progrès. Voici pourtant l'histoire d'un fils de conducteur de rickshaw qui, à la faveur d'innombrables épreuves traversées, en viendra graduellement à formuler l'idée que les classes sociales peuvent être transgressées et qu'il est possible, pour qui accepte d'en payer le prix, de s'arracher à sa condition.

(Lire la suite...)
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Sous la forme de sept lettres adressées à un dirigeant Chinois, venu visiter L'Inde pour comprendre le dynamisme de ce pays , Balram Halwaï se charge de le lui expliquer.

Pour moi, c'est un livre à offrir à tous ceux qui ont visité l'Inde ou qui veulent le faire. On est loin de l'idée que les pauvres sont heureux dans leur misère et n'envient pas notre facilité de vie.
Certaines descriptions sont à la limite du soutenable, par exemple l'hôpital public, où le père du personnage principal mourra sans avoir vu de médecin, dans des salles d'une saleté repoussante. La corruption est partout, les familles dominantes ne lâchent pas un iota de leur puissance et si, dix pour cent de la population vit bien sur le dos des quatre vingt dix pour cent de malheureux qui se tuent gratuitement à la tache, c'est que les familles sont autant d'otages aux mains des puissants barons de cette mafia.

Toute la société indienne est passée au crible et rien ni personne ne sortent indemnes du regard attentif et accusateurde Aravind Adiga. Sur la quatrième de couverture on lit « Roman écrit au scalpel et même à la chair du sous-continent… » C'est vrai.
Pour autant le talent de l'écrivain ne rend pas ce livre étouffant, mais implacable.

Je me suis dit que je me servirai de ce livre pour expliquer pourquoi je n'irai jamais en Inde (Pour être très honnête, j'ai beaucoup de mal à voyager…) le passage sur la description du Gange répond à une de mes interrogations : Comment peut-on prendre un bain dans le Gange qui visiblement sert à tout dans ce pays ? Réponse il ne faut surtout jamais le faire. (Voire citation.)
Lien : http://luocine.over-blog.com/
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« Autobiographie d'un indien à demi-cuit », le tigre blanc est le portrait de Balram, jeune entrepreneur autodidacte, n'ayant fréquenté l'école que deux ans avant de devoir travailler à casser du charbon pour que sa famille puisse payer le mariage de sa cousine. A force de persévérance et d'intelligence, il réussit toutefois à apprendre à conduire et à se faire embaucher. Il devient un chauffeur de maître qui voit tout, entend tout et apprend énormément, passant peu à peu de pauvre et honnête à cynique et corrompu. C'est profondément amoral, bien sûr, mais on apprend nous aussi beaucoup de Balram à propos du système des castes en Inde, des relations entre maîtres et serviteurs, de l'aliénation dûe à la pauvreté, mais aussi au manque de culture et à la cruauté des puissants qui se vengent sur les familles de ceux, trop rares, qui osent se rebeller.
Pourtant, pense Balram, « Dès l'instant où vous connaissez ce qui est beau en ce monde, vous cessez d'être un esclave »… Même si on sait depuis le début ce qu'il va advenir du Tigre Blanc, jusqu'au bout on s'intéresse à son évolution humaine et intellectuelle, qui n'est en rien idéalisée par l'auteur. On a aussi la gorge serrée de l'opposition entre les Ténèbres et la Lumière, comme Balram nomme la vie des pauvres et celles des riches. C'est un livre-choc, on ne sourit pas forcément de l'amoralité qui gagne progressivement le personnage, elle peut même choquer, mais qui peut le juger au regard de la vie inhumaine des basses castes en Inde ?
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Voilà un roman dur, qui jette un regard impitoyable sur une société où, encore aujourd'hui, le lieu et la classe sociale où l'on naît déterminent les limites de ce que l'on peut devenir. le Man Booker Prize 2008 est très mérité.
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