Des apprentis-détectives plus ou moins fidèles à l'image que l'on attend d'eux
J'avais un peu peur de la manière dont nos deux célèbres héros allaient être dépeints et finalement, j'ai été agréablement surpris. On retrouve, en effet, dans ces détectives en herbe des caractéristiques de la version adulte que nous connaissons. Sherlock possède déjà un peu son caractère asocial. Il a, certes, une famille mais qu'il semble fuir toute la journée. On dénote également ses compétences en matière d'observation et de déduction qui feront son succès. Pour Lupin, son goût pour les déguisements, son agilité héritée de son père, Théophraste, acrobate, funambule et sa connaissance des arts du combat et de la magie rappellent parfaitement le futur Gentleman-Cambrioleur.
Après, il faut le reconnaître : la romancière prend tout de même des libertés avec l'un de ses modèles. Arsène Lupin, eh bien, ne naît qu'en 1874, soit 4 ans après l'époque du roman. Son père n'est pas un artiste mais plutôt un sportif (professeur de gymnastique, d'escrime et de boxe). Enfin, ce n'est pas son père qui se chargera de son éducation mais bien sa mère, Henriette d'Andrésy qui n'apparaît pas ici. Pour terminer, ce n'est pas la Bretagne qui caractérise le vrai Lupin mais plutôt la Normandie (Etretat).
Quant à Irene, elle reste le personnage le plus complexe. A la fois narratrice et auteur ici, elle porte surtout le nom d'un personnage créé par
Conan Doyle pour sa nouvelle « Un Scandale en Bohême ». Tout comme son inspiratrice, elle chante à merveille mais la comparaison s'arrête là car Sherlock et elle n'ont sans doute jamais passé leurs vacances ensemble étant adolescents. 🙂
Une enquête pleine de rebondissements (parfois un peu tirés par les cheveux)
Il faut le reconnaître : l'intrigue est remplie de rebondissements et c'est par des voies détournées que l'on parvient finalement à obtenir une réponse à la question initiale. Tout est globalement crédible et montre une image de Saint-Malo pas très éloignée de celle d'une grande ville à l'époque avec ses bandes de mauvais garçons et ses milieux de la petite bourgeoisie. On ne s'éternise pas dans des descriptions sans fin mais l'on va droit au but, ce qui est plutôt appréciable.
Là où le bât blesse un peu, c'est le titre qui oriente automatiquement l'enquête et brise un peu le suspens. Je ne spoilerai rien mais vous vous en rendrez compte rapidement au fur et à mesure de votre lecture. Autre chose un peu étrange, c'est la résolution du mystère de la silhouette entraperçue sur les toits lorsque nos trois héros essayent d'échapper à la bande de voyous réunie pour une réunion nocturne. Là encore, vous constaterez que l'explication s'avère un peu poussive voire relève de la poudre de perlimpinpin. Cela n'a pas forcément gâché ma lecture mais on peut imaginer que les spécialistes du genre y trouveraient à redire.
Ma tête à claques à moi
Bon ben désolé, mais moi,
Irène Adler, elle m'agace profondément. Elle est effectivement jeune mais sa propension à s'indigner dès qu'un mot ou une attitude ne lui convient pas m'a horripilé tout au long du roman. Son féminisme naissant semble même la priver de tout sens de l'humour et de toute autodérision. C'est au point qu'Horatio, plus garde d'enfants que majordome à vrai dire, a fini par me devenir sympathique à un moment donné.
Au final, même si certaines choses semblent un peu fabriquées dans cette intrigue, cela reste un bon roman de littérature de jeunesse et cela ne m'empêchera pas de lire la suite de la saga. A noter, en dernier point positif, la très belle qualité des illustrations de Bruno Iacopo et notamment celle des documents d'époque.
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