Il est de plus en plus fréquent de voir des auteurs de littérature jeunesse inventer la jeunesse de nos enquêteurs préférés, ou leur inventer une petite soeur, une nièce, des descendants, et ainsi nous montrer l'enfance de leur art. Certains opus sont franchement ratés, n'ayons pas peur de le dire. D'autres, au contraire, sont très réussis, et c'est le cas de cette enquête mettant en scène le jeune William
Sherlock Holmes, le jeune Arsène Lupin qui n'aime pas son prénom, et l'intrépide
Irène Adler, en vacances à Saint Malo avec ses riches parents. Je devrai plutôt dire « avec sa riche maman qui ne la comprend pas », puisque son père ne fait qu'une visite express dans la ville de province.
Point positif : l'auteur connaît son sujet, et ne nous promène pas avec un Sherlock fade, ou un Arsène Lupin qui aurait causé la mort de sa mère de chagrin (spéciale dédicace à un film que je n'ai pas du tout apprécié). Même si certains faits ne viennent pas de la lecture approfondie de l'oeuvre de
Conan Doyle, l'ensemble reste plausible, possible, y compris les cours de chant que les parents d'Irène veulent absolument qu'elle prenne – rappelons qu'
Irène Adler est une ancienne cantatrice.
De plus l'intrigue est vraiment habile. Ce n'est pas une intrigue allégée, sans risque, presque comique, bien trop facile à laquelle nous avons à faire. le danger auquel nos trois jeunes enquêteurs sont confrontés est bien réel, et même si les adultes sont très occupés, à des activités diverses et variés, ils peuvent néanmoins compter sur ce cher Horatio Nelson – non, pas l'amiral, le domestique des Adler.
Ce que j'ai aimé aussi dans ce premier tome, c'est que le monde n'est pas manichéen, contrairement à ce que j'ai pu lire dans certains romans de littérature jeunesse (les aventures du jeune
Jules Verne, pour citer un exemple). Non, tous les adultes ne sont pas forcément des personnes qui ferment les yeux sur ce qui se passent autour d'eux, et l'on peut être un policier consciencieux, si ceux qui vous entourent ne le sont pas, et bien, l'on n'avance pas !
Ce que j'ai aimé aussi, c'est le regard qu'Irène, narratrice, porte rétrospectivement sur ce qui est survenu cet été-là. Parfois, par petites touches, elle anticipe sur ce qui se passera, sans jamais trop nous en révéler – ou comment maintenir la curiosité de son lecteur.
En refermant ce livre, je n'avais qu'une seule inquiétude : comment allait-elle se poursuivre ?