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Citations sur Que reviennent ceux qui sont loin (250)

Je ne supportais pas l'idée d'un lieu où je ne reviendrais plus jamais. C'était une petite mort. Et je croyais que toute la vie, il serait possible de courir partout et de revenir.
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Il n'y avait rien à retenir des propos qu'on tenait sur la plage. C'étaient des discussions inutiles. Je les avais longtemps considérées désespérantes mais c'était de la vanité. La conversation était une occupation comme une autre qui signifiait notre bonheur d'être là. Rien de plus.
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Enfermés à l'école toute l'année, Jean et les autres faisaient l'apprentissage de la vie au cours des grandes vacances. Dans les jardins et sur la plage, ils couraient en liberté. Ils se dépensaient sans compter. Et je songeais qu'il n'y a qu'au mois d'août qu'on est vraiment un enfant.
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Martin, Jacques, Paul, Jeanne... Les prénoms d'avant revenaient en force. Ils étaient ceux de nos aïeux. Et parmi eux, il y avait un enfant qui me touchait davantage. Sans doute parce que quelque chose dans ses yeux me rappelait celui que je fus. Jean, le fils de ma cousine, tête blonde aux yeux verts, m'émouvait aux larmes. Il avait mes silences de jadis, mon regard inquiet. Il traînait derrière les autres, apprenant la vie à toute vitesse du haut de ses six ans.
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Petit, je pensais être tributaire des adultes, de leurs horaires, des déjeuners à rallonge, de la messe du dimanche. Mais je me rendais compte maintenant que les enfants étaient les véritables rois. C'étaient des sauvages qui rentraient crottés avant la nuit tombée, qui couraient sur la plage des après-midi entières, les mains maculées de vase, les genoux écorchés, les yeux gênés par le sable. Ils ne demandaient rien qu'à jouer, simplement. Et le regard hagard après la douche du soir, dans leur odeur de savon, ils s'asseyaient à table et mangeaient leur soupe dans les dernières blagues, avant de trouver le sommeil, la lumière allumée, en lisant leur album. Ils contrôlaient tout du lever au coucher. J'avais été l'un d'eux. Je savais leurs épiphanies, leurs jeux imaginaires, les cabanes dans le jardin, les rages soudaines, les cris. Désormais ils me fatiguaient et je demandais le silence, juste un peu de silence pour lire et rêver moi aussi. Mais chaque fois que je reprenais un enfant bruyant, je me reprochais d'être un vieil imbécile.
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J'avais du mal à vivre à nouveau en famille, supporter la proximité des autres, le manque d'intimité, l'intrusion, les commérages, les horaires fixes, les repas trop longs. Je subissais un paradoxe familial, balançant entre la joie des retrouvailles et le soulagement du départ prochain. Nous formions un monde à part, autosuffisant, suffisant, envié par d'autres sûrement. Mais le cercle familial excluait autant qu'il rapprochait. Il avait ses idées arrêtées. Et après ? Je savais désormais qu'on ne pouvait pas lui dire non à moins d'être malheureux. Il s'agissait d'accepter la famille nombreuse, tolérer le bruit, concéder. Tous ces visages étaient ceux de ma vie. À quoi bon se lever contre ça ?
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Faire la fête, perdre mon temps, c'était aussi accepter ma propre insignifiance.
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Je lui dis que je ne reprochais rien à personne et que si je n’avais pas passé tous ces étés loin d’ici, je n’aurais peut-être pas pris conscience de l’urgence. Mais il avait raison. Il fallait dire les choses. Et il en était de la grande maison comme de ceux qu’on chérit, elle avait besoin qu’on lui dise haut et fort qu’on l’aime, qu’on ne peut pas vivre sans elle. L’oncle sourit : « Simplement, fais attention… Il ne faut pas dire trop tard à quelqu’un qu’on l’aime ». C’était un homme marié depuis trente ans qui parlait. Jusqu’alors j’avais passé ma vie à veiller à ne pas le dire trop tôt. Le vent tournait.
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Le temps ne passait jamais sans rançon.
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Incipit :
Je ne revins pas à la grande maison par hasard. On ne retourne jamais à quelque part par hasard. Secrètes sans doute, j’avais mes raisons après tant d’années de revoir la grande maison au mois d’août. Il y avait le temps qui passait et la certitude désormais que rien n’est éternel. Un jour viendrait où ce paysage, tel que je l’avais laissé enfant, n’existerait plus. Il appartiendrait à d’autres. Il serait abattu et reconstruit. D’autres familles s’y retrouveraient en été et les enfants d’autres noms joueraient sous les arbres. Grand-mère allait bientôt mourir. Grand-père était déjà mort. Les oncles et les tantes, les cousins vieillissaient.
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