Merci aux éditions Albin Michel et à Babelio pour cette escapade policière en Scandinavie, genre que j'ai apprécié grâce aux romans de la suédoise
Kristina Ohlsson et que j'ai actuellement le grand plaisir d'approfondir avec le danois
Jussi Adler-Olsen (dont il est d'ailleurs fait mention dans le présent roman). Pure coïncidence,
Stefan Ahnhem fait le lien entre ces deux pays au travers d'une enquête si complexe qu'en réalité on pourrait facilement compter cinq affaires. Y-a-t-il un lien ? Si oui, lequel ? Quelles sont les bonnes et les mauvaises pistes ? Quel est le fin mot de l'histoire ? Autant de questions dont vous trouverez la réponse au bout de six cent et quelques pages !
Une lettre sans adresse s'envole d'un fourgon en Jordanie, une femme est enlevée lors de son examen gynécologique, le ministre de la Justice suédois disparaît mystérieusement et la compagne d'un célèbre présentateur danois meurt d'une manière atroce. Si tout cela semble beaucoup pour un seul roman, ce ne sont là que les premiers chapitres sur les 117 que compte le roman. Bien évidemment, ces chapitres sont courts mais cela n'atténue en rien le caractère dense de ce récit. Comme je le mentionnais un peu plus haut, le nombre d'affaires à suivre est important et ce n'est rien comparé à la multitude de personnages qui s'accumulent au fur et à mesure que l'on avance. En dehors des protagonistes récurrents, il est assez difficile de tout retenir. Pour compliquer un peu plus la chose, les chapitres alternent constamment entre divers points de vue que ce soit ceux des deux enquêteurs principaux, Risk et Hougaard, où de personnages très secondaires que l'on ne reverra parfois plus.
Ces pelotes de laine toutes emmêlées forment un véritable page-turner, ce qui n'aide absolument pas à palier la problématique mnésique, bien au contraire ! L'auteur est agaçant mais efficace dans sa manière d'amener le suspense et la tension. En ce sens, il fait très bien son boulot pour nous amener toujours à poursuivre. En revanche, c'est beaucoup trop long ! A deux ou trois reprises, j'ai eu envie de lâcher l'affaire voire de sauter des chapitres. Mais d'un, j'étais curieux de connaître la solution de l'histoire et l'explication du titre ; de deux, j'avais peur de plus rien comprendre en faisant l'impasse sur le moindre chapitre. En fin de compte, je suis plutôt content d'être resté puisque j'ai bien aimé le fin mot de l'histoire. Par contre, avec le recul, je ne suis pas certain d'avoir tout saisi, même en ayant persisté dans ma lecture complète de l'ouvrage. Mais comme je l'ai déjà répété, il y a trop d'informations à traiter et retenir…
En dehors d'une ou deux pertes de rythme, les trois quarts du roman sont intéressants. En tout cas, ceux qui se concentrent sur les enquêtent. le contexte personnel des personnages oscille entre deux extrêmes : bien trop développé et artificiel pour Risk et pas assez approfondi pour les autres. Pour être franc, le flic qui travaille trop au risque de bousiller sa famille, c'est trop classique pour me tenir en haleine. Quand en plus ce même flic me gonfle avec ses tracklists permanentes (j'ai bien saisi que l'auteur songeait déjà à la soundtrack de l'adaptation…), j'ai du mal à m'attacher. Mais quand sur la fin il se dégonfle totalement, c'est mort pour que je poursuive une saga centrée sur ce personnage. Je lui ai préféré sa collègue Malin, un brin caricaturale en femme enceinte qui en a ras-le-bol de sa grossesse, mais elle a réussi à me faire rire et en plus elle gère ! D'ailleurs, au-delà de quelques clichés et caricatures, c'est le casting féminin qui s'en sort le mieux ici.
Le dernier quart, disons dès lors que le mystère est levé, les longueurs se font d'autant plus ressentir que l'on n'a presque plus de suspense pour nous tenir en haleine.
Stefan Ahnhem étire la confrontation à l'extrême de sorte que j'aurais tendance à clairement dire que j'en ai strictement rien à fiche quant au différend opposant deux ambulanciers lambdas sur Codplay. Tout ça pour décrire une scène inutile et prévisible qui sera résumée un ou deux chapitre plus tard. Voilà un exemple parmi d'autres de longueurs qui ne passent plus à cinquante pages de la fin. Autant de lignes qui auraient pu servir à développer le background de certains personnages. Mais j'imagine qu'une femme enceinte et amoureuse de son mari, c'est trop lumineux à développer dans un roman qui parle de corps démembrés et de viols avec mutilations… Alors qu'un flic au bord du divorce et qui frappe ses enfants, déjà, c'est plus dans l'ambiance…
En somme, un roman plutôt efficace mais trop long et trop copieux. La trame sous-tendant l'ouvrage est intéressante jusqu'à un final exagéré et bâclant ses personnages. Si j'ai bien apprécié la conclusion propre à la trame principale, le reste est trop vite expédié. Notons que
le mec voit ses collègues être exécutés sous ses yeux uniquement parce qu'il a été incapable d'appuyer sur la détente depuis sa cachette mais tout va bien !... Mais ne soyons pas de mauvaise foi, l'ultime chapitre vient préparer le terrain pour le prochain tome et très certainement que le personnage aura de quoi faire avec sa culpabilité. Reste la problématique du chapitre 1 qui, au vu du développement final, prend l'aspect d'une forme de tricherie… Alors est-ce propre à la version française ? Je ne connais pas suffisamment la grammaire suédoise pour le savoir. A moins, bien évidemment, que je ne fasse pas le bon lien…
Challenge PAVÉS 2019
Challenge MULTI-DÉFIS 2019 : Un livre édité en 2019