Allez, terminons cette petite saga érotico-bdsm démarrée il y a six ans, me suis-je dit... C'est l'histoire de trois copines soumises qui vont dans un club bdsm tenu par trois beaux gosses dominants et... oh! Je vous laisse deviner la fin. L'une des raisons pour lesquelles je n'avais pas souhaité lire le tome 3 à l'époque (enfin il semble aujourd'hui qu'il y ait deux tomes 3 donc je m'y perds).
Ce fut une lecture fastidieuse. L'histoire est un huis clos mais qui ne se déroule pas du tout au Red Room comme on pourrait s'y attendre et qui n'a pour saveur bdsm... et bien que le premier chapitre du roman.
En préambule, on retrouve le même schéma que dans le tome 2 : un dominateur qui abuse du pouvoir qui lui est offert ainsi qu'un soumis blessé parce que ses limites ont été dépassées et qui a besoin de retrouver confiance en lui et en les dominants. Pas très original donc...
De plus, il me semblait que l'auteur dépeignait avec plus de volupté les rapports sexuels entre ses protagonistes dans ses autres romans. Dans ce tome ci, la température ne monte pas. Il faut s'avaler près de 200 pages avant d'avoir droit aux scènes luxurieuses (un comble non pour un livre érotique?). Et parlons-en de ces 200 pages...
Les dialogues tenus par les personnages tout le long de l'histoire sont fades, pauvres et auraient pu être beaucoup plus travaillés. C'est très naïf par moments, mal ficelé et ça manque de cohérence. Bon je sais bien qu'on est dans de la littérature érotique mais quand même! La dimension psychologique des protagonistes ne doit pas être à ce point sabotée au profit des scènes de sexe sinon on se retrouve avec des poupées gonflables qui jouent à la dînette. D'ailleurs j'ai trouvé qu'ils avaient exactement le même caractère que les personnages des autres bouquins.
Les héros manquent cruellement de charisme et ne sont pas toujours crédibles. Ils se créent des quêtes et objectifs sans raison apparente et qui n'ont pas vraiment de sens. Par moments, on dirait qu'ils n'ont pas de passé, pas d'histoire et qu'ils sont sans consistance. Presque 5 pages de dialogue au début du roman pour dire que Tyler va essayer de quitter l'appartement et qu'il faut réussir à l'en empêcher (- Il va essayer de partir. - Il ne faut pas qu'il parte. - Oui, je sais mais il va quand même essayer de partir. - Il ne faut pas qu'il parte d'ici. - Comment on va faire s'il arrive à partir? - Il ne doit pas partir d'ici.... etc... etc...etc...). Pfiou! C'est asphyxiant ce genre de dialogues!
Leurs actions et réactions sont parfois insensées voire absurdes. Ils me faisaient penser à des pantins désarticulés ou manipulés par un mauvais marionnettiste. Tyler qui est bi, est amoureux de Seth. Et quand ce dernier lui avoue ses sentiments réciproques, il lui balance son poing dans la tronche persuadé qu'il lui ment et qu'il le manipule et ça finit en grosse bagarre. Hein? N'importe quoi ! Si j'avais cogné mon ex le jour où il m'a dit je t'aime pour la première fois, je serai sûrement restée célib toute ma vie.
On est chamboulé par ce flot d'émotions contradictoires et presque grotesques. Je pense que l'auteur ne l'a pas fait exprès mais qu'elle idéalise ou fantasme ses personnages et s'éloigne sans le vouloir de la complexité qu'est la psychologie humaine.
Arrivé p128, le dialogue n'a toujours pas évolué! C'est toujours les mêmes phrases , même répliques, mêmes réparties qui animent les héros depuis le début du livre! Fuir de l'appartement, rester, fuir, rester, fuir, rester, fuir, rester... C'est looong! Je devais faire des pauses entre chaque chapitre. Quand est-ce que l'action arrive?! Ils n'ont rien à se dire! Un chapitre entier pour savoir s'ils vont bouffer chinois ce soir ou pas... Il n'y a rien de mieux à raconter? L'histoire traîne en longueur et n'avance pas! Il faut s'accrocher pour avoir droit (enfin) aux scènes tant attendues et promises par l'auteur dans son résumé. Malheureusement, elles ne m'ont pas mise l'eau à la bouche, tout simplement, je crois, parce que je ne parvenais pas du tout à m'identifier aux personnages, trop lisses et sans profondeur.
L'auteur ne semble pas savoir où elle va et de ce fait, ne parvient pas à nous entraîner avec elle.
Pour moi, Tyler devait probablement être une femme à la base que l'auteur a subtilement remplacé par un homme, sans doute en vue de s'épargner les foudres des féministes. Ce personnage est trop alambiqué et mal construit pour sonner juste.
On flirte une fois de plus avec la mièvrerie mais pas avec le recul ni la maturité nécessaire qu'on attendrait dans ce genre d'histoire.
Néanmoins, ce roman met en exergue les notions de consentement, bienveillance et respect de l'autre, le sexe devant avant tout être un plaisir partagé et voulu. A l'heure où n'importe quel contenu est accessible via les écrans, s'attarder sur les émotions, ressentis et désirs de chacun est plus qu'appréciable : c'est encourageant.
J'avais trouvé les autres bouquins un peu fades mais celui ci me semble encore moins bon. Un livre niais au style lourd mais aussi gentillet et sensuel, qui vous ouvre en douceur les portes de l'acceptation des fantasmes et de la sexualité.
L'auteur dédie son oeuvre à ses enfants et c'est tout à son honneur. Cependant, si ma mère écrivait une saga érotique, j'aimerais mieux ne pas le savoir.
Après quelques recherches sur Babelio, je découvre que cette saga s'est agrandie jusqu'à 7 tomes ( dont deux tomes 3 + un tome 5 et un tome 6 qui ont même titre et même résumé... euh qu'est-ce qu'il s'est passé au juste Lynda?). Pas du tout emballée pour en lire un autre là tout de suite. J'attendrai encore six ans mais pour l'instant, j'ai besoin d'une lecture plus élaborée.
Ces tomes sont indépendants et on peut donc les lire dans le désordre sans se perdre, même si certains personnages refont leur apparition et peuvent donc "spoiler" les pseudo intrigues qui s'y déroulent.
11€ que j'aurais pu investir ailleurs.
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