On se retrouve aujourd'hui pour parler d'un livre qui a occupé quelques-unes de mes soirées ces derniers temps, «
le Pouvoir », paru en octobre 2016 😄
Le Pouvoir est un roman à titre unique, tout droit sorti de l'imagination de la romancière
Naomi Alderman. Originellement issu des éditions Viking Presse, il s'est vu ensuite édité chez PenguinBooks (Penguin
Random House) au Royaume-Uni en 2017, avant d'être traduit en français en janvier 2018, chez les Editions Calmann-Lévy. C'est au détour d'un passage express à la bibliothèque que je suis tombée sur cette dystopie à l'idée novatrice et l'on peut dire que cet ouvrage prête à réfléchir 🤔
À travers ce récit, nous suivons l'évolution de plusieurs femmes, disséminées aux quatre coins du monde, à l'aube d'une ère nouvelle. En effet, un nouvel organe vient de faire son apparition le long de de la clavicule de la majorité des représentantes féminines de notre société, ou du moins, commence à se manifester : le fuseau. Voilà que d'un simple geste de la main, les femmes se retrouvent en possession d'un pouvoir électrique potentiellement illimité ⚡
Le ton est donné, au travers des quatre points de vue principaux abordés par alternance tout au long du récit. Roxy, jeune fille issue d'une famille de criminels puissants dans la société londonienne et implantée un peu partout dans le monde, qui vient tout juste de perdre sa mère après qu'un contrat ait été passé sur sa tête par un gang adverse. Tunde, victime quelques courts instants de ce courant puissant avant que
le pouvoir ne devienne un phénomène commun rendu public, et jeune journaliste ambitieux qui fait de l'étude de l'apparition du fuseau – et du bouleversement que cela a engendré dans la société – l'oeuvre de sa vie. Margot, maire d'une petite ville américaine, aux grandes ambitions politiques et déterminée à protéger sa famille – et plus particulièrement sa fille Jocelyn – envers et contre tout. Et enfin, Allie – le véritable pivot de cet ouvrage, en un sens –, jeune fille ballottée de foyer en foyer depuis son enfance et qui souffre des sévices de sa dernière famille d'accueil en date, les Montgomery-Taylor.
Après avoir surfé sur la vague très à la mode qu'était la dystopie avant le subit regain qu'a engendré la New Romance ces dernières années, il devient rare et difficile de tomber sur un sujet futuriste original et qui n'arpente pas les mêmes éternels sentiers battus qu'il devient, hélas, difficile d'éviter. Là où
le Pouvoir affirme une position intéressante, c'est qu'il s'établit comme une étude romancée d'une utopie annoncée, pour se fondre dans les frontières d'une dystopie dans les règles de l'art.
Bien évidemment, le sujet phare de ce livre reste finalement le rapport entre le genre masculin et féminin, et la hiérarchie qu'impose les mains au creux desquelles repose
le pouvoir. Si l'on retrouve entre les lignes une dénonciation du modèle patriarcal qui se tient depuis toujours et l'infériorisation de la femme sur de nombreux fronts, il est pourtant établi avec une grande habileté que le dispositif matriarcal ne lui est finalement pas préférable. Après avoir été victimes d'abus en tous genres et parfois même remisées au rang de moins-que-rien, c'est cet excès de dépréciation et de dévalorisation qui a conduit la généralité des femmes dépeintes dans cet ouvrage à un extrémisme certain dans leur manière de reconstruire leur société.
À un niveau tout personnel de lectrice, j'y vois ainsi une remise en question de l'Homme avec un grand H, majuscule qui distingue ce terme de l'être humain soumis à l'étiquette du genre masculin/féminin/binaire. Cette même lettre qui symbolise l'humanité dont sont pourvus ou dépourvus les différents sujets mis en scène. La réponse à notre désir d'une société la plus idéalisée possible ne résiderait-elle pas finalement dans une égalité parfaite et par-là même, non hiérarchisée, entre les hommes et les femmes, afin de marcher main dans la main vers cet objectif – et ce, avant que l'extrémisme ne détruise les garde-fous fragiles d'une société actuelle instable ? Si la réponse s'impose comme une évidence,
le Pouvoir a le mérite de nous plonger dans une réflexion contemplative des différents enjeux socio-politiques et médiatiques qu'engendrerait un tel « jusqu'au-boutisme ».
Le Pouvoir est le quatrième roman de la romancière
Naomi Alderman, arborant apparemment la double–casquette de conceptrice de jeux vidéos. Il s'agit à mon sens d'un ouvrage remarquable au sens littéraire de la chose et d'ailleurs remarqué, puisqu'il s'est vu décerné en 2017 l'un des plus prestigieux prix littéraires au Royaume-Uni : le Bailey's Women Prize, récompensant la meilleure oeuvre de fiction publiée en cours d'année.
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Le petit mot de la fin 🖋
Ce retour sur «
le Pouvoir » n'est que le fruit d'une appréciation générale de la lectrice perdue au milieu d'une foule de tant d'autres que je suis. Les remarques, positives comme négatives, qui y sont établies ne sont que le reflet de mon avis personnel sur la question et ne sauraient s'autoproclamer références en la matière ☝
N'hésitez donc jamais à ouvrir vous-mêmes ce livre pour vous en faire votre propre avis et si je ne pouvais vous donner qu'un conseil, terminez-le quoi qu'il en soit, afin d'avoir toutes les cartes en mains pour vous prononcer sur la qualité de celui-ci dans son intégralité 😉
N'oublions jamais qu'un roman dont la lecture ne nous prend que quelques heures représente en réalité des mois de travail acharné de la part de l'auteur, qui a mis une importante part de lui dedans et qui a pris le risque d'exposer son bébé au reste du monde 💚
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