Un crime « pour » l'humanité. Ou comment justifier le crime au bénéfice de tous.
Brian Aldiss dans
la Tour des damnés , dans et hors ses murs, nous interroge.
Au nom de la survie de l'espèce il est envisagé la construction d'un ghetto, pensé, imaginé, contrôlé. Une serre de vivisection humaine où l'on étudie les effets et les risques d'une promiscuité exponentielle, .
Qui sont les damnés de cette tour ? Ceux qui l'on conçue ? Ceux qui y survivent ?
L'enfermement, quel qu'il soit est une aliénation.
Déterminer un espace clos à l'humain n'est ce pas toucher à l'ADN de l'humanité , à sa nature ?
Quel est l'éthique de ce « bien pour tous » que certains déterminent au « nom de tous » ?
La lecture du livre de
Brian Aldiss a plusieurs niveaux comme la tour qu'il décrit.
Celui qui devra entrer pour juger de la pérennité de cette « expérience » appartient dans sa chair au deux mondes. Il est métisse. Il est mandaté par la puissance occidentale et doit observer un « échantillon » indien. Les couples « souches » implantés dans la tour ont été déclarés « volontaires ».
Mais où se situe le libre arbitre pour une population qui n'a pas d'autres choix que la mort ou la survie ?
Que peut on espérer de l'évolution d'un peuple que l'on encadre comme du bétail ?
Pas culture dans ce lieu, pas d'école, pas de livre, pas de mémoire, pas de morale, pas de loi, pas d'espoir, pas de révolte entre ces murs.
Quel extrait d'humanité ont ils déposé dans les stalles de cet abattoir?
Ce livre décrit un enfer, un crime contre notre humanité, contre notre nature.
Cette tour est un tombeau où aucun possible ne peut naître.
L'humain est un possible, un électron libre. S'égarant, se heurtant au vide, aux autres jusqu'à lui même. Se chargeant, se déchargeant, se refroidissant, s'échauffant, recherchant, ...s'échappant pour créer, inventer, comprendre sans cesse l'intelligence de son humanité.
Brian Adiss nous suggère un nouveau projet : non plus des hommes dans la cité, mais la cité de l' Homme.
Les risques et les périls encourus par tous nous imposent à tous la loi de la fraternité.
Laissons la porte ouverte
« ... Et moi, je dure éternellement. Vous qui entrez, abandonnez toute espérance. » Dante Chant III La comédie humaine.
Devons nous rendre notre âme au nom de notre éternité ?
Vous qui entrez dans «
La tour des damnés » revenez pour témoigner.
Astrid SHRIQUI GARAIN